Euro (M) - EdF
Sans réveil, point de salut
L'équipe de France a été logiquement battue par une équipe du Portugal qui a réalisé une grande partie (25-28). Pour se qualifier, les Bleus devront fortement hausser leur niveau de jeu contre la Norvège dimanche.
On pourrait avoir envie de réduire le scénario du match à ces deux dernières minutes de jeu. Celles où, après s'être accrochée au score, l'équipe de France a craqué face au Portugal, avec deux exclusions temporaires prises dans ces derniers instants, dont pour un pied limite de Michaël Guigou. Mais se cacher derrière des coups de sifflet ne serait pas juste. "On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes, coupe Melvyn Richardson. On aurait dû prendre le large au score avant. Si on estime que les arbitres prennent des décisions litigieuses, il aurait fallu que nous soyons devant pour éviter de se retrouver dans cette situation." Fin du débat. Car s'attarder sur ces faits de jeu reviendrait à oublier les 58 minutes précédentes, où les Bleus ont été plus qu'en difficulté face à une équipe portugaise à la hauteur du rendez-vous. "C'est une grande victoire, affirmait le coach portugais Paulo Pereira en conférence de presse. Notre première victoire face à la France en avril était une coïncidence. Mais cette fois, ce n'en était pas une. On a joué un excellent match."
Une faillite dans tous les secteurs de jeu
L'effet de surprise était en effet passé pour la France, et les différents acteurs de l'équipe l'avaient d'ailleurs clamé avant la rencontre. "On savait que le Portugal jouait bien, que si on se retrouvait sur un match accroché ils avaient le 7 contre 6 qui pouvait les aider à débloquer des situations, rappelle Michaël Guigou. On a été trop poussifs dans pas mal de domaines." Après une entame correcte (6-3, 11'), les Bleus ont enchainé les mauvais choix, perdant des ballons en attaque, et ne marquant pas pendant dix minutes (9-7, 19' ; 9-12, 29'). "Dans des matchs comme ça, c'est dur de revenir après avoir pris un écart, souligne Nikola Karabatic. Ils sont très costauds en défense, leur gardien a bien joué." Si les Bleus ont effectivement recollé au score en deuxième période, ils n'ont jamais pu repasser devant, en butant notamment sur une défense très mobile et haute, presque du marquage à la culotte.
"On ne s'attendait pas forcément à cette 3-3 très étagée, on a eu du mal à se lancer et à trouver des solutions, regrette Michaël Guigou. Ça fait partie des choses sur lesquelles on a eu des problèmes, mais il n'y a pas eu que ça." Face à une telle défense, les Bleus ont manqué de patience, s'empêtrant dans des solutions individuelles qui n'ont pas souvent fonctionné. Dika Mem, le meilleur Français ce soir, y a perdu son handball dans le money-time, tandis que Nédim Rémili n'a pas existé. A gauche, Romain Lagarde ne s'est montré efficace que dans les dix dernières minutes. A l'inverse, les Portugais ont mieux construit leurs actions, trouvant les failles dans la défense française même avant la mise en place de leur jeu à 7. Dans les buts, Yann Genty a certes réalisé quelques arrêts, mais le gardien titulaire Vincent Gérard n'a pas apporté suffisamment de soutien à sa défense, pendant qu'Alfredo Quintana tenait son statut. Le match a donc basculé en faveur des Portugais, et le retour des Bleus dans les dix dernières minutes n'a pas suffi pour faire pencher la balance. Le constat est clair et net : le Portugal était la meilleure équipe et a mérité sa victoire. "J'ai l'impression que c'est un match inachevé, résume le sélectionneur Didier Dinart. C'est ce qui peut arriver quand on n'est pas à notre niveau, qu'on ne met pas l'engagement nécessaire. Aujourd'hui, je pense qu'on prend une claque."
Une qualification devenue très compliquée
Les Bleus sont désormais dans une très mauvaise posture, qu'on savait possible avec un groupe si relevé, mais qu'on n'imaginait pas forcément réelle. D'une part, la France devra forcément battre la Norvège dimanche si elle veut s'offrir un avenir dans la compétition. "On a encore nos chances, poursuit Dinart. Mais ça passe par une performance face à la Norvège, parce qu'on n'a plus le droit à l'erreur." Une performance rendue encore plus compliquée dans un environnement totalement favorable aux Norvégiens, qui, à domicile, auront le soutien de tout le Spektrum. De plus, une simple victoire pourrait ne pas être suffisante, car en cas d'égalité, c'est le goal average particulier qui départagera les équipes. "Au goal average particulier, une défaite de trois buts va être quelque chose de difficile à remonter, conclut Michaël Guigou. On n'a plus le droit à l'erreur, et si on commence à calculer, il va falloir qu'on gagne avec un goal average favorable." Un scénario qui semble inenvisageable si les Français produisent le même type de performance que face aux Portugais.
A Trondheim, Mickaël Georgeault
La feuille de match
FRANCE - PORTUGAL 25:28 (11:12) Arbitres : Z. Sondors, R. Licis (LET) France : Gérard (1 arrêt / 13 tirs), Genty (6 arrêts / 21 tirs); Rémili (1/3), Lagarde (4/5), Prandi (0/1), Richardson (3/4), Mem (5/9), Tournat, N. Karabatic (4/5), Grébille (0/2), Abalo (2/2), Sorhaindo (0/1), Guigou (2/3 dont 0/1 pén), Fabregas (4/5), Dipanda, Porte. Entraîneur : Didier Dinart. Exclusions : Guigou (44’, 59’), Fabregas (58’). Portugal : Quintana (9 arrêts / 29 tirs dont 1/1 pén), Gomes; Portela (3/3), Ferraz (4/8), M. Martins, R. Silva (2/7), Salina (2/2), T. Rocha, Borges (3/3), Branquinho (5/5), Cavalcanti, Areia (1/1), Gomes (4/7), Antunes, Frade (1/1), Magalhaes (2/3). Entraîneur : Paulo Pereira. Exclusions : Salina (7’), Borges (10’, 49’), Gomes (54’).A Trondheim, Mickaël Georgeault