Euro (M)
La belle histoire portugaise continue
Pour sa première participation à un championnat d'Europe depuis quatorze ans, le Portugal a atteint le tour principal. Et ne veut pas s'arrêter là.
"Les Portugais sont des gens qui aiment rêver. Mais ce qui nous arrive en ce moment, c'est mieux qu'un rêve" souriait Antonio Areia, l'ailier droit lusitanien, quelques heures après que son équipe ait remporté sa première rencontre du championnat d'Europe face à la France. Cinq jours plus tard, le gaucher et ses coéquipiers ne sont pas redescendus de leur petit nuage. Pour la première participation du Portugal à un championnat d'Europe depuis 2004, la sélection s'est qualifiée pour le tour principal de la compétition. Au menu, une adaptabilité à toute épreuve que ne renieraient pas les voisins espagnols et une grinta inébranlable. Mais résumer cette équipe à des maitres défensifs serait bien loin de la réalité. Que ce soit Rui Silva, André Gomes ou Fabio Magalhaes, cette équipe portugaise possède de vrais bons joueurs de ballon. "Nous n'avons pas de vrais stars, mais nous avons une équipe soudée. Nous avons une excellente synergie, pas seulement une addition de talents" explique le sélectionneur Paulo Pereira, arrivé aux manettes en 2016 après des expériences avec la sélection féminine tunisienne ou au CSM Bucarest.
Le président au téléphone
Et ces Portugais n'en finissent plus de surprendre. La victoire face à la France en qualifications du championnat d'Europe en mars dernier avait été un premier coup de semonce. Si vous les aviez un peu oubliés, les Portugais sont venus se rappeler à votre bon souvenir en dominant et en éliminant la France de l'Euro la semaine passée. Presque une suite logique pour un handball national dont les clubs ne cessent de monter en puissance, au point que Porto ait atteint le Final Four de la coupe EHF la saison passée, avant de faire trembler les cadors européens en Champions League cette saison. "Il y a un vrai boom au pays, en ce moment on reçoit des messages de partout. C'est génial, mais on se sent désormais une petite responsabilité vis à vis de ces gens" continue Areia. Quand on sait que le président de la république lui-même a appelé le sélectionneur national après chaque victoire au tour préliminaire pour féliciter l'équipe, le handball est même devenu, au moins le temps de l'Euro, une véritable cause nationale.
Heróis do mar
Pour des joueurs peu habitués à être mis sur le devant de la salle, y'a-t-il un risque d'emballement et de se prendre pour d'autres ? "On a manqué d'un peu d'humilité face à la Norvège. On s'est répété ces deux derniers jours qu'il ne fallait pas se prendre pour d'autres. Oui, on peut battre n'importe quelle équipe. A condition de rester humbles et de travailler" prévient le sélectionneur. Ce soir, c'est la Suède qui l'attend au tournant, un deuxième hôte au menu portugais après la Norvège il y a trois jours. "Ca va être encore mieux, avec encore plus de spectateurs. Ce genre d'événements, c'est un rêve" sourit de son côté Pedro Portela, le petit ailier de Tremblay en France. Dans ce tour principal, le Portugal fera partie du troupeau des outsiders où il sera aux côtés de l'Islande, de la Hongrie et de la Slovénie. Une place en demi-finale est-elle jouable ? L'obstacle semble ardu à franchir, mais impossible n'est définitivement pas portugais, surtout depuis un an. "Depuis toujours, le peuple portugais est appelé les héros de la mer (Heróis do mar en version originale). Maintenant, on a l'impression de vraiment mériter ce titre" termine Pereira quand on lui demande si ses joueurs sont désormais considérés comme des héros au pays. Des héros qui vont pouvoir encore profiter de leur rêve éveillé pendant quelques jours.
A Malmö, Kevin Domas