Euro (M)
P. Pereira : "Cette équipe du Portugal a écrit un petit morceau d’histoire"
En s'imposant face à la Hongrie cet après-midi (34:26), l'équipe du Portugal a assuré son ticket pour Stockholm, où il affrontera l'Allemagne samedi dans le match pour la cinquième place. L'occasion de tirer un premier bilan de la compétition avec Paulo Pereira, le sélectionneur lusitanien.
- On a pu sentir énormément d’émotions à la fin de ce match. Qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?
- Je crois que cette équipe du Portugal a écrit un petit morceau d’histoire. On a assuré le meilleur résultat de la sélection dans un grand championnat. La meilleure performance datait d’il y a vingt ans, une septième place à un EURO. C’était la référence du handball portugais et la battre vingt ans plus tard, cela signifie beaucoup. On est évidemment tous très heureux.
- Fier, aussi ?
- Evidemment. Si je devais résumer mon état d’esprit à cet instant, ce serait fier.
- Avez-vous l’impression d’avoir placé le Portugal sur la carte du handball mondial avec votre performance ?
- Cela fait quelques temps que nous comptons dans le handball international. Luis Frade va à Barcelone la saison prochaine, je sais que de nombreux agents sont toujours en contact avec nos joueurs, car ils sont bons. Maintenant, il faut croire plus en nos chances et nos possibilités pour, si ce n’est faire encore mieux, au moins faire aussi bien dans le futur.
- Le Portugal est maintenant qualifié pour un tournoi de qualification olympique. Cela rend-t-il votre performance encore plus belle ?
- C’est un peu fou, non ? On a coché absolument toutes les cases dans cette compétition. Qu’on soit, en plus, qualifié pour un tournoi, est absolument incroyable. Mais ce n’est pas une fin en soi, et si on croit en nous, je suis persuadé qu’on peut aller encore plus loin.
- Plusieurs de vos joueurs ont dit que vous aviez réussi cette performance parce que le Portugal a cru en lui même. Mais à quel moment avez-vous vraiment commencé à vous dire que le rêve pouvait prendre forme ?
- Au début, on pensait atteindre notre premier but, c’est à dire de passer au tour principal. On savait que ce serait compliqué, parce qu’on jouait la France et la Norvège. Pour nous, c’était une vraie mission, au sens propre du terme. Quand on l’a accomplie, on s’est dit que le ciel était la limite. On pouvait faire des très grandes choses ou finir douzième, mais tout était possible. Le clé, là aussi, était de croire en nous. Tant qu’on y croyait, on pouvait continuer à aller loin.
"Quand tu crois en toi, tu peux arriver au niveau des meilleurs"
- On a l’impression que ce groupe a été intouchable jusqu’à maintenant…
- Il a vraiment été extraordinaire, j’ai vu des joueurs se transformer pendant la compétition. Quand tu crois en toi, tu peux arriver au niveau des meilleurs. Tu travailles, sans faire de bruit, avec humilité, et tu progresses.
- Vous aviez perdu les deux rencontres avant ce match décisif face à la Hongrie. Qu’avez-vous dit à vos joueurs ?
- Je leur ai parlé d’amour, et je l’ai écrit sur le tableau dans le vestiaire. On a parlé de beaucoup de choses après ces deux rencontres, des arbitres ou je sais pas quoi, et on s’est un peu perdu là dedans, on a laissé de la concentration. Des fois, je pense qu’on avait raison, mais on ne peut pas dire que les arbitres étaient la raison de nos deux défaites. Alors je leur ai dit qu’on devait oublier tout ça, qu’on devait arrêter de penser à une quelconque revanche. Alors j’ai essayé de leur parler de choses positives, d’amour entre nous, pour les gens qui croient en nous, nos familles…Et c’est ce qui nous a permis de l’emporter aujourd’hui.
- Qu’est-ce que ce résultat peut changer pour le handball au Portugal ?
- Beaucoup de gens ont parlé de nous pendant ces deux semaines. J’espère que les gens qui peuvent investir dans le handball vont le faire car je crois qu’on le mérite. On a montré qu’on pouvait avoir des résultats, le tout avec une image positive.
- Est-ce que le président du Portugal va vous appeler ce soir ?
- Ca se peut ! Il m’a déjà appelé quatre fois depuis le début de l’EURO, après les victoires contre la France et la Bosnie-Herzégovine, aussi après la Suède. Mais il m’a appelé pour nous encourager après la défaite contre l’Islande. Et quand le président appelle après une défaite, ça c’est une vraie victoire !
Propos recueillis à Malmö par Kevin Domas