Euro (M)
Un gros coup sur la tête
L'équipe de France a tout essayé, mais, parfois trop brouillonne, elle n'a pas pu l'emporter face à la Norvège (26-28). L'élimination de l'Euro au bout de seulement deux journées est difficile à avaler. Et soulève de nombreuses questions.
"C'est horrible, car on y a cru." Le pire, c'est que nous aussi, on y a cru. Au milieu d'un combat de tranchée, triste publicité pour le handball, les Français ont, un temps, pris trois buts d'avance et, l'espace de quelques instants, on s'est dit que le miracle allait peut-être se produire. Mais c'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens et, comme Valentin Porte, on est finalement retombé sur terre. Lourdement. Pourtant, si on en reste au match de ce soir, tout n'est pas à jeter. On attendait des Bleus combatifs, et on les a eus, dans l'environnement hostile d'un Spektrum de Trondheim tout de rouge vêtu. Avec un Nikola Karabatic très engagé et les bonnes prises de balle de Ludovic Fabregas, sacré meilleur joueur de la rencontre, la France a longtemps existé offensivement. Tout n'était pas parfait, mais, pendant un bout de temps, ça passait. Derrière, Vincent Gérard a longtemps tenu la baraque. Le portier numéro un s'était raté face au Portugal, il a répondu présent ce soir. Mais Sander Sagosen, auteur d'une nouvelle performance de folie (10 buts), a été plus fort. "La France a joué un bon match, reconnaissait l'arrière droit Magnus Rød. Elle a beaucoup de joueurs de classe mondiale, ça a été difficile de trouver des solutions contre eux."
Un déchet encore trop important en attaque
Comme lors de leur première sortie face au Portugal, les Bleus n'ont pas su capitaliser sur leurs temps-forts. Et n'ont pas réussi à endiguer la houle norvégienne dans le dernier quart d'heure. "Quand on est à +3, on perd deux ballons, on les remet dedans et ils redeviennent euphoriques" regrette Porte. Qui a vu, comme ses coéquipiers, Torbjorn Bergerud faire les bons arrêts au bon moment, comme cette parade face à Elohim Prandi, seul à six mètres. Le gardien norvégien et ses 16 arrêts ont fait pleurer les tricolores, qui ont la mauvaise idée de se tirer une balle dans le pied en perdant...14 ballons."J'ai vu la statistique des pertes de balle. La différence se fait là", peste encore l'ailier français. Avec trop de déchet dans le jeu ou au tir (les arrières finissent sur un famélique 8/26), comme face au Portugal, la troupe de Didier Dinart n'a pas su rester au contact. "Des problèmes de réglage, des mésententes collectives, des erreurs individuelles nous ont coûté cher, et ça ne pardonne pas face aux vice-champions du monde, en plus chez eux, complète Nikola Karabatic. On est tristes et très déçus, ce n'est pas le résultat qu'on doit avoir quand on porte ce maillot." A l'inverse, les Norvégiens ont su se montrer d'un froid réalisme dans les derniers instants de la rencontre. "C'était un objectif, après le match contre la Bosnie où on a un peu perdu en concentration en fin de rencontre, rapporte Magnus Rød. On l’a très bien fait."
Pour l'équipe de France, le camouflet est total. Cela faisait plus de trente ans que les Bleus n'avaient plus été sortis au tour préliminaire d'une compétition. Et personne n'aurait parié sur un tel cataclysme avant de s'envoler pour Trondheim. Certes, les temps derniers n'étaient pas roses, mais de là à se faire éliminer par le Portugal... "Ca fait un moment qu'on perd, j'espère qu'on va finir par se relever" assène Luc Abalo, qui disputait là son dernier Euro. "Ce n'est pas du tout notre place, pas du tout la place à laquelle on aspire et à laquelle l'équipe doit finir quand on regarde les joueurs qui la composent" ajoute Karabatic. La remise en question, dans les prochains jours d'abord, au retour de Norvège ensuite, semble indispensable. Car, dans trois mois, il y a le tournoi de qualification olympique. Et le risque de passer par dessus bord et de rater l'avion pour Tokyo semble, désormais, être bien plus qu'une menace en l'air. Didier Dinart avait beau chercher le positif, compliqué de voir un bout de ciel bleu dans l'orage norvégien ce soir. "C’est un gros coup sur la tête mais les garçons n’ont pas démérité, ajoute le sélectionneur Didier Dinart. Les garçons étaient investis mais on voit le niveau actuel de l’équipe de France. Il y a peut-être un manque d’expérience, on a su par le passé gagner contre les pays-hôtes, cette fois, on n’a pas su le faire." Le sélectionneur devra, comme ses seize joueurs, faire sa remise en cause et rapidement. Car ce soir, l'avertissement est sévère. Il ne faudrait pas qu'il soit encore plus violent...
La feuille de match
FRANCE - NORVEGE 26:28 (15:14)
Arbitres : V. Horacek / J. Novotny (CZE)
France : Gérard (11 arrêts / 38 tirs dont 1/3 pén), Pardin; Rémili (3/6), Lagarde (1/3), Prandi (1/6), Richardson, Mem (0/4), Tournat, N. Karabatic (3/7), Grébille (0/1), Abalo (4/6), Sorhaindo, Guigou (5/6 dont 4/4 pén), Fabregas (8/9), Dipanda, Porte (1/1)
Norvège : Saeveraas (0 arrêt / 1 tir dont 0/1 pén), Bergerud (16 arrêts / 41 tirs dont 0/3 pén); Nikolaisen, Sagosen (10/15 dont 1/1 pén), Overjordet, Overby, Joendal (5/7 dont 2/3 pén), Björnsen (4/4), Gullerud (4/7), Johannessen (0/2), O’Sullivan (1/2), Tangen, Reinkind (4/9), Gulliksen, Blonz, Röd (0/3)
A Trondheim, Kevin Domas et Mickaël Georgeault