LBE
Le torchon brûle entre la FFHB et les clubs
A quelle date la Ligue Butagaz Energie va-t-elle reprendre ? Et sous quelle forme ? Depuis plusieurs jours, la question est sur toutes les lèvres. Surtout, la Fédération Française de Handball et les clubs féminins n'arrivent pas à se mettre d'accord.
Après l'arrêt total des compétitions en raison de l'épidémie du Covid-19, l'horizon pour la reprise des compétitions commence à s'éclaircir. Pour le championnat féminin, la FFHB a donc proposé dès début juin une reprise le 22 août prochain. Un calendrier impossible à tenir pour la plupart des quatorze clubs engagés en LBE qui militent plutôt pour un retour à la compétition à la mi-septembre.
Vendredi dernier, une assemblée générale aurait du se tenir entre les différents acteurs du handball féminin mais la FFHB a finalement décidé d'annuler cette réunion à la veille des débats, comme le rappellent nos confrères de L'Equipe. Problème : aucune partie n'est vraiment prête à revenir complètement sur sa position.
Côté clubs, les dirigeants ont fait savoir qu'ils étaient prêts à reprendre officiellement la compétition le 9 septembre sans finale aller-retour, soit une semaine avant leur proposition initiale. Côté FFHB, les instances ont indiqué qu'elles étaient prêtes à repousser leur calendrier d'une semaine pour une reprise le 29 août, en gardant le format d'une finale aller-retour en fin d'exercice. Deuxième proposition des dirigeants du handball français, la création de deux poules de sept équipes avec play-offs et play-downs en fin de saison.
Pour les clubs, il faut attendre
Dans un communiqué, Arnaud Ponroy, le président de Nantes, n'y est pas allé par quatre chemins : "C'est une tentative de coup de force de la DTN et de la Fédération. Mais comment envisager une reprise mi-août alors que les entraînements reprendront début juillet et qu'il faut compter 1 semaine de tests médicaux post-Covid, 4 à 6 semaines de réathlétisation, 1 à 2 semaines de congés et 4 à 6 semaines de préparation classique, soit entre 10 et 15 semaines au total ?"
Dans les médias locaux, plusieurs présidents et entraîneurs se sont prononcés en faveur d'un calendrier de reprise prudent. Sabine Guillien-Heinrich, la présidente du Fleury Loiret Handball (3ème du championnat) s'est exprimée dans la République du Centre : "Une reprise du championnat le 22 août nous semble compliquée, au regard, notamment, des tests sérologiques que les joueuses vont devoir effectuer au préalable et... à quelle fréquence ? Cela ne se fera pas comme cela. On ne sera pas prioritaire. Il s'agira, aussi, de récupérer nos filles. Certaines sont à l'étranger. Gabriela Moreschi, à son retour du Brésil, aura sans doute quatorze jours de quarantaine à observer. Tous ces éléments doivent nous inciter à ne pas précipiter les choses." "
"Dans l'optique d'un redémarrage du championnat en septembre, on évalue un retour à l'entraînement entre le 9 et le 13 juillet, poursuit-elle. Ce qui me fait peur, après une aussi longue période d'inactivité, ce sont les blessures. Il faut, donc, prendre le temps de remettre tout le monde en forme. " Christophe Cassan, l'entraîneur fleuryssois abonde en son sens : "Reprendre le championnat mi-août, ce serait une boucherie, parce que les joueuses ne seront pas prêtes. On a besoin de temps pour remettre tout le monde en ordre de marche."
A Besançon, Raphaëlle Tervel a préparé deux schémas de reprise pour ses joueuses : celle d'un retour sur les terrains mi-août et celle d'un retour mi-septembre. Mais, au micro de France-Bleu, son avis est clair sur la question : "notre sport est hyperexplosif, avec des changements de rythme et de direction très rapides. Je pense que c’est dangereux pour les joueuses de faire une préparation courte. Je préfère largement une saison dense avec une vraie préparation plutôt qu’un championnat light avec une préparation écourtée."
Deux poules de sept : les avis divergent
En réponse à la nouvelle proposition de la FFHB concernant la création de deux poules de sept équipes, Arnaud Ponroy, le président ligérien annonce que sept clubs dont le sien sur quatorze ont indiqué être prêts à ne pas engager d'équipe professionnelle dans ce "simulacre de championnat."
Mais, une fois encore, tous les clubs de LBE ne sont pas sur la même longueur d'onde. Thierry Weizman, le président messin, a parlé de cette formule comme une "position assez raisonnable. Cela permettrait aussi aux équipes européennes de pouvoir se concentrer sur la Coupe d'Europe". Même s'il reconnaît que la situation est plus compliquée pour les clubs non-européens qui auraient moins de matchs à jouer et moins d'affiches pour remplir leurs salles. "C'est difficile de contenter tout le monde", note l'homme fort de Metz dans le Républicain Lorrain.
Prudence côté fédéral
Alors, du côté des instances fédérales, la prudence est de mise. Nodjialem Myaro, la présidente de la Ligue Féminine explique dans L'Equipe : "Entre enjeux fédéraux et enjeux des clubs, la LFH doit trouver le consensus pour faire grandir tout le monde. On l'a fait depuis le début de la crise, avec le passage à 14, ou les modifications réglementaires, mais là, on atteint un point où on n'arrive pas à se mettre d'accord sur le calendrier. J'entends la préoccupation des clubs vis-à-vis des joueuses, et l'intégrité physique des joueuses, ainsi que l'économie des clubs, ont été nos deux principes incontournables depuis le début. Mais il n'y aura jamais de calendrier idéal."
Si la Lidl Starligue reprendra officiellement le 23 septembre, la décision concernant le championnat féminin devrait tomber dans les prochains jours.