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2021/22, la "saison de la reconquête"
Après une saison marquée par la crise du Covid-19 et par la prise de pouvoir de Brest, la Ligue Butagaz Energie reprend ce soir. Avec une saison qui semble bien plus ouverte que les précédentes.
"La reconquête." Le mot est sur toutes les lèvres. Celles de Nodjialem Myaro, la présidente de la Ligue Féminine de Handball, lors de la conférence de rentrée la semaine dernière. Celles des présidents de clubs, confiants dans leur capacité à ramener des supporters dans les salles après une saison à jouer devant des sièges vides. Mais aussi sur celles des joueuses, qui espère bien surfer sur la vague du titre olympique de l'équipe de France pour asseoir un peu plus leur visibilité médiatique. Mais si les intentions sont bonnes, reste maintenant à les faire passer à l'épreuve de la réalité. "On est très enthousiaste à l'idée de reprendre cette saison, de pouvoir partager de nouveau notre passion avec les supporters, mais il reste encore un certain nombre d'inconnues, comme de savoir si les gens vont vraiment revenir" résume le président messin Thierry Weizman.
Comme les autres clubs hexagonaux, le Metz Handball navigue un peu à vue, que ce soit dans les bureaux ou sur le terrain. Personne ne sait trop où il en est et, si on se concentre sur le terrain, cette situation pourrait rebattre les cartes. Brest, le champion de France en titre, a laissé partir deux de ses stars, Ana Gros et Bella Gullden, vers l'étranger, tout en misant sur des joueuses plus jeunes. Même situation à Metz, dont l'effectif a été réduit en nombre mais pas forcément en qualité. Neuf départs dans l'effectif professionnel, trois arrivées et bientôt quatre avec un joker sur l'aile droite, comme un signe qu'il a fallu se serrer un peu la ceinture.
Et quand les deux locomotives semblent ralentir le rythme, les poursuivants pourraient bien en profiter pour se faire une place au soleil. Paris, Nantes mais aussi Chambray et Besançon, les Européens auront les dents longues cette saison."Bien malin si vous arrivez à me donner un favori. Je pense que nous seront présents, on a fait un recrutement de qualité et l'équipe me semble cohérente. Brest change de cycle, avec un nouvel entraineur, Paris a des arrivées très intéressantes et se rapproche très clairement, Nantes a signé la meilleure joueuse des JO [Carin Stromberg, ndlr]..." énumère Manu Mayonnade, l'entraineur lorrain. Qui refuse toute idée de "pression négative" au souvenir de la saison dernière sans sacre, une première depuis 2012 en Lorraine.
Son homologue brestois Pablo Morel ne part, lui, pas d'une page blanche mais presque. Le nouvel entraineur breton, âgé de 38 ans, sait qu'il arrive dans un club qui reste sur la plus belle saison de son histoire, avec un titre de champion de France et une finale de Champions League. Mais dans la foulée de cet exercice historique, Laurent Bezeau n'a pas été conservé, alors que plusieurs cadres de l'effectif, dont la tireuse d'élite Ana Gros, ont mis les voiles. "Il faut respecter ce qui a été fait avant, mais c'est désormais une nouvelle aventure. Je ne suis pas là pour comparer, les moyens et le contexte étaient très différents. Mais une fois est sûre, nous ferons partie des favoris et se doit d'assumer ce rôle là" avance le nouvel entraineur.
A Paris, on n'en est pas encore là, et on serait presque heureux d'avancer, tapi dans l'ombre des deux têtes de pont. Pourtant, avec les signatures de Gnonsiane Niombla, Marie-Hélène Sajka et Lara Gonzalez, les Parisiennes se posent comme de vraies trouble-fêtes potentielles. "La saison passée, on a vécu tellement de galères que chaque semaine était pire que la précédente. Cette fois, on s'est beaucoup étoffé avec des joueuses qui possèdent plein de compétences. On va avoir des problèmes de riches mais je ne vais pas me plaindre" sourit Yacine Messaoudi, l'entraineur parisien, qui ne feint pas son enthousiasme à l'idée de retrouver la compétition. Si, la saison passée, les blessures avaient eu raison des ambitions de son équipe, cette fois, Paris semble bien plus armé.
Et pour compléter le quatuor de prétendants aux premières places, on ne pouvait pas oublier Nantes. Les Neptunes, puisque c'est leur nouveau nom, ont terminé la saison passée sur le toit de l'Europe, mais ne veulent pas pour autant se laisser griser. "Ce titre nous apporte une évolution un peu plus rapide, mais il ne faut pas oublier d'où on vient. On veut continuer à progresser dans la qualité du jeu, mais aussi en tant que club" avance Guillaume Saurina, qui a fait quelques belles affaires sur le marché des transferts. La gauchère Barbara Moretto et la demi-centre suédoise Carin Stromberg, très en vue lors des JO, auraient bien pu figurer sur les tablettes de Metz et Brest. Un signe de plus que, dans le haut du tableau, l'écart s'est bien resserré. Et que le public, s'il viendra pour voir les neuf championnes olympiques à l'oeuvre, a toutes les bonnes raisons de revenir dans des salles qui n'attendent que d'être remplies.
Kevin Domas