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Mathieu Grébille, la force tranquille des Bleus
Discret, calme et terre à terre, voilà comment on pourrait décrire Mathieu Grébille. Le parisien, habitué de la maison bleue depuis une dizaine d'années, a connu de nombreux hauts et bas, qui l'ont forgé et toujours amené à se dépasser.
Appelé en bleu lors de sa première saison chez les pro, à Montpellier, l'ancien arrière découvre les joies de la sélection en 2012, à seulement 20 ans, à une époque où l'effectif accumulait les victoires : "Trop tôt ? Non. Je vivais une saison particulière avec Montpellier mais ça se passait bien et peu importe le moment où on est appelé, c'est une chance."
Lui qui a vécu des peines et des joies immenses avec l’Équipe de France, aura souvent fait le yo-yo en sélection, tantôt écarté à cause des blessures (comme de 2016 à 2019) tantôt par les choix des sélectionneurs : "C'est le jeu. L’Équipe de France elle n'appartient à personne, le sélectionneur fait des choix. Certes, pendant un temps, l'effectif ne bougeait pas trop, mais on ne change pas une équipe qui gagne. J'ai jamais considéré ma place acquise en Équipe de France. La concurrence est très relevée, on est un pays avec énormément de talent, ce qui est bien pour l'équipe mais je ne suis pas assuré d'être là à chaque fois".
Là où certains verraient la concurrence d'un mauvais oeil, Mathieu Grébille essaye d'en tirer le meilleur. Il voit les nouvelles arrivées en bleu, comme celle de Dylan Nahi ou d'Hugo Descat, ses anciens coéquipiers en club, comme un moyen de progresser : "Hugo, j'ai joué avec à Montpellier et Dylan, je l'ai rencontré en arrivant à Paris, c'est des potes maintenant. J'ai jamais fonctionné avec ce côté concurrence, c'est plutôt quelque chose que je fais avec moi-même. C'est ce qui m'anime, c'est de progresser, de gagner des titres."
Se réinventer, malgré les blessures
Devoir progresser ou donner le meilleur de soit, c'est quelque chose que l'international a eu l'habitude de faire tout au long de sa carrière. Suite à plusieurs blessures, notamment une à l'épaule en 2017 qui l'éloignera des terrains pendant plus d'un an, Mathieu Grébille a du se réinventer, passant d'un arrière capable de tirer à 10 mètres à un ailier au poignet élastique : "Avec le temps, tu ne peux plus faire les mêmes choses que quand tu es plus jeune. Les blessures m'ont enlevé ça, de pouvoir toujours être au taquet physiquement. Avec ce qui m'est arrivé à l'épaule, j'ai du changer de poste, de gestuelle, j'ai essayé de développer d'autres choses et c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. Étant un ailier atypique (1m98), je peux apporter autre chose, ça peut aider une équipe à tout moment et j'essaye d'en faire une force."
Comment ressort-on d'une telle traversée du désert, quand on blessé tout le temps, ou presque, pendant trois ans ? Avec un certain recul sur les choses, et en prenant les événements avec un peu plus de philosophie et de modération : "C'est quelque chose qui forge, ça aide à relativiser, la pente elle se remonte pas toute seule. Mentalement, j'ai vécu des épreuves, mais il faut savoir faire le dos rond, baisser la tête et continuer d'avancer. Tu essayes de t'inspirer de ce que d'autres ont pu vivre également. Lorsque je me suis fait les croisés et que je voyais ce que Daniel Narcisse faisait sur le terrain, je n'étais pas inquiet."
Le temps passe, l'envie reste
Si de nombreuses choses ont pu évoluer au fur et à mesure de sa carrière, son envie de gagner des titres, elle, est toujours comme au premier jour : "Il y a de l'envie, de la soif de gagner. Il y en a qui ont déjà gagné et qui continuent d'être là, de se donner comme s'ils n'avaient jamais gagné et t'as ceux qui arrivent et qui ont cette soif de gagner avec l’Équipe de France".
Six ans après le dernier titre mondial des Bleus, l’Équipe de France se présente de nouveau en quart de finale d'un championnat du monde. Si l'ambition est toujours là, qu'elle soit personnelle ou collective, elle devra d'abord passer par une victoire en quarts de finale mercredi, contre l'Allemagne : "En quarts, je préfère qu'on gagne, peu importe l'adversaire. Les calculs, ce n'est pas le genre de la maison. Ce que je veux, c'est que l'on gagne."
A Cracovie, Théo Alleaume