EDF (F)
Chloé Valentini : "si tu acceptes de jouer, tu acceptes aussi de perdre"
Au lendemain de la demi-finale face au Danemark, les visages des joueuses de Sébastien Gardillou semblent encore marqués par leur première défaite, aux portes d'une troisième finale consécutive en grande compétition. Il faut néanmoins remettre la marche en avant pour aller chercher une médaille de bronze, plus qu'honorable dans ces championnats d'Europe.
La nuit a été difficile pour les Bleues et les mots, lors de la dernière rencontre avec les médias, sont forts pour traduire leur immense peine de voir leur chemin se stopper avant la finale. Mais les Bleues sont tombées sur une équipe danoise qui a su trouver les ressources pour contrer leur jeu. Entre une défense de fer, une gardienne infranchissable et un repli magistral, Jesper Jensen et ses joueuses ont mérité leur place en finale face aux grandes Norvégiennes. De leur côté, les Bleues n'ont pas eu l'occasion de développer leur jeu sur grand espace et se sont heurtées à une défense très mobile à six mètres, sans pouvoir envoyer des tirs lointains. Demain, les Bleues devront trouver les solutions face aux Hongroises, qui aborderont le match avec l'envie de décrocher une nouvelle médaille, après 12 ans de disette. Les pensées de l'Euro 2022, à Ljubljana, ressurgissent inéluctablement, espérons que l'envie l'emportera sur l'appréhension.
Grâce Zaadi Deuna : "Je vous avouerai que la nuit a été courte et difficile, de celles où tu ressasses pas mal de choses du match. Il faut laisser sa tête et jouer avec le cœur. On va tout faire pour aller chercher cette médaille de bronze. Nous sommes forcément déçues, mais je pense que l'heure n'est pas à tirer des conclusions tout de suite, mais plutôt à se remobiliser directement et préparer la Hongrie. Ce serait une énorme déception, pour nous de sortir sans médaille et ça nous rappellerait, pour certaines, l'Euro 2022 qu'on avait très mal vécu. On a cette expérience et on va essayer de rentrer différemment dans ce match 3/4, qu'il y a deux ans. J'ai préféré ne pas regarder le match, sinon j'aurai fait une nuit blanche ou une tachycardie. Je me suis couchée tard parce que je n'avais pas envie de dormir, mon cerveau était en ébullition. Il y a aussi cette envie de ne pas vouloir dormir parce qu'au matin, au réveil, la première pensée c'est "punaise, on a perdu". C'est une nouvelle journée, je vais essayer de digérer et de récupérer du mieux possible et me préparer pour être à fond. C'est exactement la même configuration qu'en 2022, ça fait des années que les Hongroises n'ont pas eu de médaille, dans le futur, je pense qu'elles pourront prétendre à en avoir plus, mais pour ça peut être leur unique opportunité d'aller chercher une médaille, comme le Monténégro il y a deux ans. Elles n'auront rien à perdre, là où nous on a plus à perdre puisque nous visions une autre couleur de médaille, sur une énergie totalement différente. Il va falloir mettre tous ses sentiments de côtés pour ne pas arriver dans le même état d'esprit qu'il y a deux ans".
Chloé Valentini : "C'est toujours difficile de dormir après un match, mais encore plus après celui d'hier soir. Je n'ai pas regardé le match, mais j'ai pensé au scénario, au rythme, aux échecs, et à pourquoi on a fait ce match, à pourquoi j'ai fait ce match. Mais, ce matin, j'ai envie de me dire qu'il y a plus grave dans la vie, et que si tu acceptes de jouer, tu acceptes aussi de perdre. Il reste une médaille à aller chercher et je ne l'ai pas non plus celle-là. C'est un match de Championnats d'Europe, on ne peut pas le négliger. Il y a des supporters qui sont venus de loin et pour les filles qui sont à côtés de moi, j'ai envie d'aller la chercher. Il faut qu'on soit toutes dans cette énergie positive pour retrouver du sourire et de la force. Ca va être un gros match, différent de celui d'il y a cinq jours. Il va falloir qu'on se repose, qu'on discute entre nous pour reproduire les choses qui ont marché contre la Hongrie et rectifier celle qui ont moins bien fonctionnée afin d'arriver à ce match dans le but de tout donner pour repartir chez nous avec une médaille".
"Il y a beaucoup à faire pour gagner ce match demain, mais j'espère que nous serons compactes en défense et plus présentes sur la pivot, ce qui nous a manqué dans le premier match. Nous avons besoin d'être plus efficaces en attaque pour convertir la chance que nous avons. J'espère que nous jouerons à notre meilleur niveau pour espérer décrocher la troisième place de l'Euro", Petra Simon.
Hatadou Sako : "Après une défaite comme celle d'hier, il faut essayer de ruminer le moins possible parce qu'il nous reste encore un match. Pour les Hongroises, c'est le moment ou jamais de déclencher leur compteur de médaille. Elles vont arriver pleine de rage, comme elles l'ont fait tout au long de la compétition. Nous aussi, on a à cœur d'aller chercher cette médaille de bronze, même si ce n'était pas celle à laquelle nous aspirions quand on est venu. C'est important de terminer cette compétition avec une victoire, ce serait vraiment triste de rentrer à la maison sans cette note positive. On est monté en puissance, on a gagné tous nos matchs, sauf ce dernier. On a vraiment pris le temps de communiquer ensemble, d'essayer de trouver les moments où on a failli pour trouver des réponses, qu'on avait trouvé, d'ailleurs, sur le terrain, mais que l'on a pas réussi à régler et à mettre en place. La Hongrie va venir déterminée, elles font jouer à 100% ce match."
Sébastien Gardillou : "J'ai regardé ce qui n'a pas fonctionné et ce qui pourrait être modifié à très court terme pour pouvoir s'engager de la meilleure des façons dans cette quête de la médaille de bronze. On a été très embêté par Iversen à l'intérieur, mais aussi dans le jeu à 7 contre 6, mais on a très bien géré le 7 contre 5, excellemment bien même. Je pense qu'on est tombé un petit peu dans nos travers sur le jeu sur le grand espace. Elles nous ont bien contrées en repliant parfaitement et on ne s'est pas appliqué à respecter ce qu'on avait su mettre en place sur les matchs précédents comme l'écartement et la profondeur dans cette capacité à faire progresser la balle rapidement. On avait tendance à trop temporiser à certains moments, avec du dribble de confort et on n'a pas su renvoyer le ballon sur les bonnes joueuses au bon moment. Est-ce que c'est leur repli qui était optimisé, je pense que oui, et c'est aussi nous qui n'avons pas réussi à réitérer ce qu'on a fait contre la Suède. Dans le geste ultime, nous avons aussi eu trop d'échecs face à une très bonne gardienne. Je ne suis pas Golovin (ndlr : le sélectionneur hongrois), mais quand je vois des choses qui m'intéressent chez les autres, j'essaie de les reproduire dans la mesure du possible. Nous avons été très embêtés sur le secteur droit de notre défense. On avait l'intention d'embêter Elver Hageso, mais Hojlund a beaucoup joué. On a pas assez isolé la compétence d'Anne Mette Hansen sur cette compétition là et sur ce qu'elle a pu produire dans le match. À chaque chose utilisée quand c'est positif on la réutilise, quand c'est négatif, ça me permet d'y remédier. Je ne sais pas si le lapse de temps va être suffisant, mais l'envie y est".
À Vienne, Thomas Mathiot