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LBE

La réalité des budgets et salaires...une élite toujours fragile

, par Isakovic

Sarah Bouktit - Metz Handball - Final4 - 31 mai 2025 - Credit photo EHF Kolektiff
Credit photo EHF Kolektiff

Avec 35,5 millions d’euros de budget cumulé et 22 millions consacrés aux salaires, la LFH affiche une base économique solide à l’orée de la saison 2025-2026. Mais derrière ces indicateurs flatteurs, plusieurs signaux d’alerte rappellent la fragilité du modèle français : cet été, des clubs comme Mérignac en LBE ou Nantes et Bergerac en D2F ont connu des épisodes houleux liés à leur situation économique.

Des budgets en progression, mais un trompe-l’œil

Les 14 clubs de LBE présentent cette saison un budget cumulé de 35,5 M€, soit un budget moyen de 2,53 M€, pour une médiane de 1,90 M€. En haut de l’affiche, Brest Bretagne Handball (8,36 M€) et Metz (4,99 M€) dominent largement, avec des ressources leur permettant de rivaliser avec les meilleures équipes européennes. Derrière, Dijon (2,87 M€), Besançon (2,35 M€) et Paris 92 (2,18 M€) constituent un second groupe capable d’atteindre régulièrement les places européennes.

Mais à l’opposé, plusieurs clubs affichent des moyens très réduits : Le Havre ne dispose que de 1,12 M€, et sort à peine d'une situation d'apurement, Sambre Avesnois de 1,16 M€ et Stella Saint-Maur de 1,47 M€. Ces budgets sont cinq à six fois inférieurs à ceux des leaders, ce qui traduit un fossé structurel difficile à combler. Cet écart rappelle que la LFH reste une ligue à deux vitesses, où quelques locomotives tirent la moyenne vers le haut tandis qu’une large base lutte pour maintenir son équilibre financier et sportif.

La masse salariale, un choix prioritaire

Sur les 22,1 M€ de masse salariale cumulée, Brest consacre 5,15 M€ aux salaires, Metz 2,95 M€ et Dijon 1,85 M€. La moyenne s’établit à 1,58 M€, mais la médiane chute à 1,13 M€, ce qui signifie que la moitié des clubs n’atteint même pas ce niveau. Dans plusieurs cas, les salaires absorbent plus de 60 % du budget global. Dijon consacre ainsi près des deux tiers de ses ressources à sa masse salariale. À l’inverse, Brest et Metz, malgré leurs moyens supérieurs, restent dans des proportions élevées mais un peu plus équilibrées (autour de 55 %).

Ce choix de consacrer la majorité des moyens aux joueuses et au staff est logique dans une logique de performance sportive, mais il réduit considérablement la marge laissée aux clubs pour investir dans le développement commercial, la formation ou le marketing qui sont les piliers pour structurer un club et le rendre pérenne dans le temps.

Des sanctions qui rappellent la fragilité du modèle

Cet été a brutalement rappelé la fragilité du système. Mérignac, Nantes, Bergerac ou encore Lomme ont été rétrogradés après examen de leurs comptes par la CNCG. Faute de garanties financières suffisantes, ces clubs n’ont pas pu conserver leur place en Ligue Butagaz Energie ou à ses portes. Ces sanctions posent une question dérangeante : quelle valeur donner aux chiffres officiels de budgets si, dans le même temps, certains clubs ne parviennent pas à honorer leurs engagements et disparaissent du paysage professionnel ? La progression globale cache en réalité une instabilité chronique qui menace la pérennité des championnats.

Nele Antonissen
Nele Antonissen

Un modèle trop dépendant des subventions

Le modèle économique français demeure largement conditionné par les subventions publiques et le soutien des collectivités. À la différence de la Bundesliga chez les garçons et dans une moindre mesure la Starligue, où les partenariats nationaux structurent les revenus, la LFH repose encore sur un tissu économique local parfois fragile. Cela se traduit par une grande disparité selon le territoire. Brest et Metz bénéficient d’une implantation forte et d’une visibilité européenne, quand d’autres clubs évoluent dans des bassins économiques plus restreints, où chaque variation de subvention ou de partenariat privé peut fragiliser la structure entière. La situation que traverse le handball féminin est similaire dans d'autres disciplines sportives féminines comme le football récemment avec les soucis financiers de la section féminine du club de Montpellier par exemple.

Des chiffres flatteurs, une attractivité limitée

Malgré des masses salariales conséquentes à l’échelle du sport féminin français, les rémunérations restent modestes comparées aux standards européens. Le salaire de base moyen en LBE tourne autour de 3 000 € brut mensuels (hors prime), auquel s’ajoutent primes et avantages : en moyenne 736 € par mois pour un loyer et 1 145 € par an à titre d'avantages en nature autre que le loyer d'habitation. Résultat : la LFH attire peu de stars internationales majeures, contrairement aux Balkans, où les clubs phares continuent de drainer les plus gros transferts avec la Hongrie et la Roumanie notamment. En France, seuls Brest et Metz disposent de la puissance nécessaire pour concurrencer sur ce marché, les autres privilégiant formation et recrutements ciblés faute de moyens. Si on se focalise sur la D2F, les montants sont beaucoup plus bas avec un salaire de base moyen de 1 309 € pour un avantage en nature de loyer à 509 € et d'autres avantages en nature avoisinant les 1 260 € par an.

Une ligue à deux vitesses

En définitive, les chiffres confirment la montée en puissance de la professionnalisation : environ 183 contrats pros sont recensés cette saison, un volume en progression constante pour 78 contrats professionnels en D2F. La LBE fait appel parfois à ses joueuses de centre de formations qui sont au nombre de 86 (sous convention). La D2F compte encore 17 joueuses amateurs dans ses effectifs. Là où le sujet semble encore très problématique, c'est le temps de travail alloué aux joueuses de D2F. Sur les 78 contrats pros, seulement 27 sont à plein temps contre 51 à temps partiel. Le fossé entre la D2F et la LBE est encore beaucoup trop grand, ce qui explique ces déséquilibres et ces problèmes financiers récurrents chaque été.

Des interrogations pour la saison à venir...

La saison 2025-2026 s’ouvre dans un contexte paradoxal : des chiffres en apparence solides, une structuration qui avance, mais des rétrogradations qui rappellent la réalité fragile du handball féminin français. La LFH avance, avec en perspective sans doute une réduction à 12 clubs à venir, mais son modèle reste précaire. Sans diversification des revenus (droits TV, sponsors nationaux malgré l'engagement et le soutien important de Butagaz depuis plusieurs années), la ligue risque de voir se répéter chaque été le même scénario : des annonces positives suivies de nouveaux coups de massue pour des clubs incapables d’assurer leur survie. Beaucoup de clubs appellent à se désolidariser de la tutelle de la FFHB pour gagner en autonomie et développer autrement la Ligue Féminine...et d'autres appellent à l'aide la FFHB pour les aider à se structurer.

Tous les chiffres annoncés dans cet article reposent sur la lecture suivante de la CNCG :

Les chiffres concernent les groupements sportifs (associations et sociétés sportives si le club est en société pour la gestion du secteur professionnel)

Pour les masses salariales, les chiffres sont issus des budgets prévisionnels transmis par les clubs (à la différence des chiffres communiqués la saison dernière qui correspondaient à la masse salariale autorisée par la CNCG) + pour les clubs ayant un secteur professionnel masculin, ces chiffres incluent la masse salariale de ce secteur et celui du secteur professionnel féminin (ex: Nîmes). 

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Sam. 30 Août.

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Aritz
Aritz
1 heure il y a

LFH Expérience, Dans le relevé de décisions du CA des 21 et 22 mars 2025, Jean-Marie BRINON, Président de la CNCG, « estime qu’une réflexion est à conduire sur le modèle économique des clubs compte tenu d’un environnement extrêmement contraint et imprévisible ». Effectivement, le handball féminin, écosystème hétérogène, présente une forte dispersion des clubs en termes de moyens, d’expérience, de disparité des enceintes sportives, de potentiels clients et/ou de concurrence d’autres sports à forts pouvoirs d’attraction. Un secteur d’activité constitué de sociétés sportives à l’équilibre financier précaire. Sous-capitalisées, en manque de visibilité et de maturité, les organisations (pour celles qui s’y adossent) souffrent également des difficultés des Collectivités Territoriales à financer le sport professionnel. A ces mécaniques structurelles, s’ajoutent des dynamiques plus conjoncturelles, entre autres la volatilité des partenaires qui ont une propension à sabrer le budget communication quand leur entreprise rencontre des difficultés. La « super commission » LFH fonctionne sous tutelle de la FFHB. Son pilotage est assuré par des permanents dénués de vision stratégique et atteints de myopie entrepreneuriale. Une gouvernance inadaptée aux réalités du sport business (1). Le sauvetage de l’écosystème LBE passe effectivement par la consolidation des modèles économiques des clubs et, le renforcement du niveau d’exigence du cahier des charges d’accession à la LFH. Mais aussi, par la professionnalisation de la LFH via une « société de clubs » (2) en charge de la stratégie commerciale et visuelle de la discipline. Cette structure de substitution, requière une gouvernance conjointe FFHB/Présidents de clubs (représentants des clubs actionnaires et accélérateurs du déploiement de la vision stratégique). Un biais pour adosser le pilotage à de véritables professionnels rompus au business, au monde de la rationalité, de la productivité, de la performance, du « retour sur investissement », de la stratégie économique et financière, de la conquête des marchés cibles que constituent les partenaires et les supporters auxquels il faut vendre le produit « spectacle sportif » (3). La création d’une « société de clubs » ? Un projet disruptif en lieu et place de l’actuelle LFH pour prendre les manettes du chantier économique et visuel. En somme, la transformation du handball féminin français nécessite une approche audacieuse, innovante, centrée sur la professionnalisation et l’adaptation aux réalités du marché. Un défi ambitieux mais essentiel pour, assurer la pérennité et le développement de cette discipline, satisfaire l’accroissement du niveau d’exigence des partenaires en termes de rendement par € investis. Pour sauver le Handball féminin de clubs, il y a une autre solution : C’est la création, sous l’égide de l’EHF, d’une Super Ligue Européenne fermée en lieu et place de l’actuelle CL et le retour des clubs français qui n’y participent pas au statut amateur. Cela n’impacterait pas les joueuses de l’EDF qui ont migré dans les meilleurs clubs européens. Le handball féminin professionnel français est à la croisée des chemins : La première alternative vise à faire progresser collectivement l’ensemble des clubs de LFH (4) pour préserver l’équilibre et l’intégrité des compétitions. La seconde conforte le trend actuel et la politique de renoncement de l’autorité de tutelle qui consiste à, via la CNCG, corseter les clubs sans leur offrir de solution de sortie par le haut ! Pour mémoire, un projet sportif peut être comparé à un projet d’entreprise, ce qui implique d’avoir une vision à long terme et un cap, ce qui impose d’avoir une vision à moyen terme avec un vrai projet structurant et un projet à court terme avec des actions immédiates à mettre en œuvre.

(1)   Gouvernance, invisibilité, inculture du « secteur marchand », rupture d’équité avec les clubs européens…/…. La LFH/LBE organise sa propre impuissance et celle de ses représentants en CL. Incapable de promouvoir le produit LFH/LBE et, de contribuer à la croissance des C.A. respectifs des clubs (absence de trading, de droits TV), ses Dirigeants ont choisi de tenter d’assurer l’équité sportive sans dérive financière.

(2)   Les clubs de la LFH seraient les actionnaires de cette société. Une manière de s’impliquer dans le pilotage de la marque, du produit et de l’écosystème.

(3)   Les Présidents de clubs, majoritairement chefs d’entreprises, semblent désignés pour injecter de l’intelligence économique et du savoir-faire opérationnel dans cette société.

(4) Le gap budgétaire entre les 2 clubs qui bénéficient de revenus européens et les autres tue l’équité de ce championnat et dégrade sa valeur économique.  

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