LDC (M)
"Ne jamais abandonner, c’est dans notre ADN" : Portner, symbole d’un Magdebourg inarrêtable

Magdebourg s’offre une nouvelle couronne en Ligue des champions au terme d’un véritable parcours du combattant ponctué par une victoire face à Berlin (26-32). Une saison semée d’embûches, mais conclue en apothéose. Le gardien suisse Nikola Portner revient sur cette aventure hors norme, portée par un collectif soudé et une foi inébranlable.
Nikola Portner : Qu’est-ce que vous voulez que je ressente ? C’est un truc de malade. J’arrive pas à y croire. Les émotions sont incroyables, abusées même. C’est ma troisième couronne… putain. J’ai envie de vous aider à analyser le match mais honnêtement, je m’en fiche complètement. C’est juste de la folie.
HN : Vous avez vécu une saison pleine de rebondissements. Ce titre, il a une saveur particulière ?
N.P. : Oui, clairement. Cette saison, on a failli se faire sortir de la Ligue des champions. On joue à Kielce, à l’extérieur, sans gaucher. On aligne trois droitiers à l’arrière, et malgré ça, on gagne. Ce match, c’est un tournant. Depuis, il y a eu une vraie renaissance du groupe. On enchaîne les victoires, et aujourd’hui, on y est.
HN : Ce caractère, ce refus d’abandon, c’est la marque de fabrique de Magdebourg ?
N.P. : C’est exactement ça. Ce sont les valeurs qu’on m’a transmises depuis mon arrivée ici. Magdebourg, ce n’est pas qu’un club, c’est une famille. C’est plus qu’un sport. Ici, le handball est une religion. C’est une ville de l’Est, avec une histoire, une mentalité : celle du travail, du refus de l’échec. Ne jamais abandonner, c’est dans notre ADN. Et nous, les joueurs, on essaie d’incarner ça à chaque match.

HN : Est-ce qu’on peut dire que ce weekend, c’est la victoire du plus beau collectif ?
N.P. : Oui, je pense que c’est la meilleure équipe qui gagne, toujours. Et nous, chaque joueur a eu son moment. Hier, c’était moi dans les cages. Aujourd’hui, Sergey a été énorme. Dani (Daniel Petterson) aujourd’hui à l’aile droite. Les pivots, les arrières… tout le monde a répondu présent. C’est tout simplement incroyable ce qu’on a fait. Je suis super honoré et fier de faire partie de quelque chose comme ça.
HN : Vous réalisez ce que vous êtes en train d’accomplir ?
N.P. : Pas encore, je crois. J’ai dit aux gars : un jour, on aura des gros bidons, on se retrouvera pour les anniversaires des titres 10 ans, 20 ans et là, on réalisera vraiment ce qu’on a fait. Ce n’est pas juste aujourd’hui. Moi, je suis là depuis trois ans, et c’est mon sixième titre. En Bundesliga ! Ce n'est pas normal. Si quelqu’un m’avait dit ça en quittant Chambéry, je l’aurais pris pour un fou.

HN : Le fait d’avoir déjà gagné plusieurs fois, ça aide à mieux gérer ce type d’événement ?
N.P. : Oui, bien sûr. L’expérience aide. Quand tu as déjà vécu ça, tu sais un peu mieux gérer. Mais malgré ça, les papillons dans le ventre sont toujours là. Tu te dis : "Je suis là." Et comme mon père m’aurait dit : "Deux Ligues des Champions, c’est pas pareil que trois." Et maintenant, je peux confirmer, c’est vrai.
HN : Justement, vous avez égalé votre père (Zlatko Portner) avec ce troisième titre. Ça a une saveur particulière ?
N.P. : Incroyable, vraiment. On en parlait ensemble quand j’ai gagné ma première. Et aujourd’hui, je suis à trois. C’est un sentiment particulier, ouais. La plus belle ? Je sais pas. Chacune a son histoire. La première, avec Montpellier, on n’était pas favoris, on était venus en mode touriste même si on avait éliminé Barcelone, Flensburg… On savait qu’on pouvait gagner. Mais les trois titres sont magnifiques. Impossible de choisir.
À Cologne, Aurélien Fort