LNH - MHB
Bonnefond-Fabregas, jeunesse d'or et d'acier
Ces deux-là sont brillants en ce début de saison, au point d'en oublier qu'ils n'affichent qu'une moyenne d'âge d'à peine plus de vingt ans... Baptiste Bonnefond (22 ans) comme Ludovic Fabregas (19 ans) incarnent le renouveau montpelliérain et, si tout se poursuit à ce même rythme pour eux, en bleu. Interview croisée de ces comparses à qui Patrice Canayer accorde toute sa confiance.
Vous vivez depuis la reprise une saison sur laquelle il est difficile de mettre un mot, entre très beau jeu et déception, frustration aussi parfois. Comment analysez-vous votre début de parcours?
Baptiste Bonnefond : "Nous aussi nous avons des difficultés à le qualifier ! Cela reste un vrai point d’interrogation pour tous. Alors c'est vrai qu'il y a eu pas mal de blessures longue durée à gérer, le départ d'Issam en fin de préparation : tout cela a fatalement chamboulé l'équilibre. Mais il y a un véritable élan collectif pour arriver au mieux en compétition, surtout d'un point de vue défensif... et je crois que cela se voit. On peine un peu à retrouver notre jeu offensif, en témoigne le faux pas à Dunkerque. Maintenant, on n'a pas perdu notre nature dans ce secteur, il nous faut juste encore un peu de temps et, surtout, du travail.
Ludovic Fabregas : "C'est dur en effet de mettre un mot mais j'opterai pour encourageant. Le premier pas à faire pour se mettre dans le rythme était d'assurer en défense et c'est ce qui nous permet de signer la perf' à Chambéry ou de poser des problèmes en Champions League. D'un point de vue personnel, avec l'absence d'Issam, je me suis retrouvé sollicité en attaque, ce qui n'avait pas encore été le cas pour moi en club. C'est une chance extraordinaire que d'avoir un coach qui n'a pas hésité à me lancer et me donner des responsabilités."
D'ailleurs, l'un comme l'autre êtes les porte-drapeaux de cette jeunesse montpelliéraine en plein essor. Cette saison, vous passez un énorme cap...
Baptiste Bonnefond : "Nous sommes des relais, c'est certain. Après dans la gestion, l'expérience, c'est évidemment un peu plus dur face à des prétendants au Final Four de Champions League. Même si l'ambition est là, il le faut, il ne faut pas se tromper d'objectif. On s'attache à répondre aux responsabilités de la meilleure des façons. J'ai été plombé par les blessures ces dernières années, sans savoir ainsi la possibilité de m'exprimer et progresser comme espéré... Aujourd'hui, je veux progresser à chaque match, montrer de quoi je suis capable. Avec Ludo on communique beaucoup. Tout est facile avec lui car il est foncièrement bon, sur et en dehors du terrain, et affiche la même maturité."
Ludovic Fabregas : "Tout ce que l'on vit est un fantastique accélérateur de croissance! Le fait de se retrouver dans le pot "haut" et croiser la route dès les poules de Rhein-Neckar Löwen, Kielce ou du Vardar est incroyablement enrichissant. Cette dynamique, à Montpellier, n'est pas une nouveauté, elle a été incarnée par de nombreux joueurs avant nous, comme avec Mika Guigou et plus récemment Mathieu Grébille. Cette tradition, cette belle image, notre formation en est la base. Plus notre coach nous donnera des responsabilités et continuera à nous accorder sa confiance, plus on gagnera en confiance. Alors oui, on se frotte à des adversaires nettement plus aguerris... et alors? On se nourrit de tout, performances comme points à travailler. Je ne me prends pas trop la tête, je n'ai que 19 ans..."
Vous avez tous les deux connu de beaux moments sous le maillot tricolore...
Baptiste Bonnefond : "Quand on goûte à l'équipe de France, l'envie est fatalement d'y retourner... J'ai connu tellement de hauts et de bas en trois ans que ce courant alternatif ne m'a pas permis de m'inscrire dans la durée. L'équipe de France A, c'est une tout autre marche... Je me dois d'être performant en club pour prétendre à plus."
Ludovic Fabregas : "Ce que j'ai pu vivre tant en équipe qu'individuellement cet été était ce qui pouvait m'arriver de mieux pour la confiance. Mais j'ai aussi manqué du coup la fin de la préparation avec mes coéquipiers du MHB et il a fallu que je retrouve des repères. J'essaye de bien faire la part des choses, avec toujours ne tête ce que Fred Anquetil n'a eu cesse de nous répéter au centre de formation : toujours prendre du plaisir sur le terrain. L'éclat du hand tricolore et ces trois titres mondiaux en 2015 a été, je crois, porté par cette philosophie. Beaucoup de travail, évidemment, et la chance exceptionnelle de posséder au sein de nos staff dès les jeunes des pointures comme Didier Dinart ou Daouda Karaboué. Leur apport est fantastique pour nous tous."
Votre coéquipier et ami Mathieu Grébille, en pleine convalescence, vous a fait un joli cadeau avec tout son talent artistique et deux superbes illustrations. Alors, représentatives?
Baptiste Bonnefond : "Il m'avait demandé quel personnage j'aimais dans l'univers BD et Comics. J'adore Iron Man, sa personnalité, ce qu'il est sans et avec son armure, son évolution. Vu tous les chemins douloureux et sinueux que j'ai emprunté pour revenir au niveau, cela me parle... Et puis, le talent de Mat a fait le reste. Ce dessin est superbe."
Ludovic Fabregas : "C'est du Mat tout craché! Je ne sais pas pourquoi mais il veut toujours me donner plus à manger à table, toujours à dire "Il faut donner plus à Ludo, il a un gros appétit" (rires). Je ne sais pas d'où cela vient, mais du coup Popeye qui avale sa boîte d'épinards avant chaque mission, cela devait lui parler. Toute cette imagination, cette capacité à créer est géniale. Et puis cela me rend surtout super heureux de constater que même dans le dur, le moral va bien."