Qatar 2015
L'Islande, invité-surprise
Si le repêchage de l'Allemagne a fait grand bruit dans le microcosme du handball, l'Islande également n'avait pas prévu de faire le voyage au Qatar. Mais les Nordiques arrivent à Doha avec des ambitions et une équipe au complet pour la première fois depuis longtemps.
La polémique a laissé place à la compétition. L'Islande, qui avait officiellement protesté auprès de l'IHF après que l'Allemagne a été repêchée, a finalement eu le droit, elle aussi, à son ticket pour le Qatar. Si les coéquipiers d'Asgeir Hallgrimsson ont dû annuler leurs vacances, l'arrière droit assure que "le fait que nous arrivions sur la compétition de cette façon ne change pas grand chose, peut être même que nous allons savourer encore plus notre participation", avant de remettre une petite charge à l'IHF, comme nombre de membres de sa fédération l'ont fait à l'automne. "Je crois que tout cela s'est passé de la façon la pire possible" explique celui qui compte plus de 200 capes avec le maillot national. "Si les règles doivent se baser uniquement sur le marketing ou l'argent, peut-être devrions nous faire en sorte que l'Allemagne soit automatiquement qualifiée pour chaque compétition internationale. Tout ceci a créé une mauvaise publicité pour le handball, et nous Islandais ne sommes pas les plus à plaindre, contrairement aux Australiens..." Repêchés après les forfaits des Emirats Arabes Unis et du Bahrein, les Islandais ont donc hérité du groupe de la France, avec la Suède. "On a là les trois derniers finalistes olympiques, cela montre la lutte qu'il va y avoir pour se qualifier en bonne position" explique Aron Kristjansson, le sélectionneur en poste depuis 2012. "Je pense que les deux autres n'ont pas dû sauter de joie en nous voyant arriver !"
Tous les cadres présents au Qatar
Depuis cette finale olympique de 2008, perdue par les Islandais face à la France en 2008 (23-28), l'Islande n'a plus atteint une finale de compétition internationale, malgré une médaille de bronze à l'Euro en Autriche en 2010. "Atteindre la finale à Pekin était quelque chose d'extraordinaire" reconnait Hallgrimsson (photo de droite). "Mais nous n'avons pas autant de profondeur de banc que les équipes comme le Danemark ou la France, même si nos joueurs jouent dans les meilleurs championnats en Europe. Et même si nous ne sommes pas arrivés dans le dernier carré, nous avons été, il me semble, assez réguliers dans nos résultats." Pour la première fois depuis longtemps, tous les cadres islandais seront présents au Qatar. Pas de blessés, même si Aron Palmarsson a raté les deux premiers matchs amicaux suite à une agression dans les rues de Reykjavik. "Pour arriver aux demi-finales d'un mondial ou d'un Euro, il faut que tous nos joueurs clés soient là et en bonne santé. Cette année, c'est le cas" admet Hallgrimsson, qui devrait, pour la première fois depuis longtemps, ne pas être utilisé à l'aile. "Il est vrai que d'avoir tous nos joueurs cadres, ceux qui jouent la Champions League tous les weekend, tous présents ensemble est un vrai plus" selon Aron Kristjansson. "L'absence d'Alexander Petersson nous avait beaucoup touché au dernier Euro".
Une jeune génération qui arrive à maturité
Le gaucher de Rhein-Neckar Löwen arrive en pleine bourre, après avoir été opéré de son épaule de shoot la saison dernière. Le Barcelonnais Gudjon Valur Sigurdsson est toujours une machine sur l'aile gauche et le Parisien Robert Gunnarsson n'a rien perdu de son charisme au poste de pivot. Et après avoir eu un banc de touche un peu léger les années précédentes, la jeune garde arrive. "Il y a toujours eu des écarts de génération en Islande sans qu'on ait vraiment d'explications, mais nous voulons amener notre génération 89/90 à maturité dans deux, trois ans" nous disait Robert Gunnarsson en 2013. Deux ans ont passé, et Aron Palmarsson a véritablement explosé avec Kiel, malgré de nombreuses blessures depuis dix-huit mois. Stefan Sigurmansson pointe son nez sur l'aile gauche, Arnor Gunnarsson a enfin gagné ses galons de titulaire à l'aile droite avec son club de Bergischer. Seul absent de marque, Olafur Gudmunsson, la révélation islandaise du dernier Euro au poste d'arrière gauche. Avec quatre joueurs, il y aura quatre Islandais évoluant en LNH au Qatar. "Aller jouer en France nous a permis de voir autre chose que la Bundesliga, et nous permet de proposer des choses plus diverses" explique Hallgrimsson, qui a passé deux ans au PSG avant d'arriver dans le Gard. "Aller dans différents championnats compétitifs ne peut que nous rendre plus forts".
De bons résultats en préparation
La préparation a montré des choses mitigées. Après une grosse défaite à domicile face à l'Allemagne (25-34), les Islandais se sont remis dans le sens du jeu et ont remporté la revanche face aux coéquipiers d'Uwe Gensheimer (25-24) avant de battre le Danemark (30-29) chez eux et de faire nul avec la Slovénie (32-32). De bon augure pour la véritable compétition ? "Les deux premiers matchs face à l'Allemagne ont été très importants, pour savoir exactement où nous en étions" explique Hallgrimsson. "On sait qu'il va falloir qu'on mette le paquet en défense, pour pouvoir monter les ballons rapidement." Capables d'être très durs en défense autour de la charnière Svavarsson-Jakobsson, les Islandais espèrent mettre en place leur jeu de transition pour pallier à leurs relatifs manques en attaque placée. Cette stratégie payera-t-elle ? Premiers éléments de réponse dès demain, avec le choc de début face à la Suède...
Texte : Kevin Domas