Coupe d'Europe
Trois équipes en demies, du jamais vu !
Avec sa qualification hier face à Zagreb, le PSG rejoint Nantes et Chambéry en demi-finale de leurs coupes d'Europe respectives. Et ce phénomène pourrait être amené à perdurer dans le futur.
Des trois équipes engagées en coupe EHF, la France en a amené deux au Final Four, le HBC Nantes et Chambéry, tandis que Saint-Raphaël a fait les frais du duel fratricide des quarts de finale. Le PSG, quant à lui, a enfin atteint la grande fête de Cologne, au top niveau du handball européen, tandis que Montpellier a échoué d'un rien en huitièmes de finale de la Champions League face à Flensburg. Ce qui nous fait, si on compte bien, trois représentants dans le dernier carré d'une coupe d'Europe, le plus gros total pour un pays cette saison. A la grande satisfaction d'Etienne Capon, le directeur général de la LNH : "Nous avions un objectif à deux équipes, nous sommes à trois, on ne va pas se plaindre, même si ce n'est pas forcément une surprise. Les clubs français montent de niveau, tandis que d'autres, comme les Espagnols, s'affaissent. Néanmoins, ces bons résultats en coupe d'Europe ne datent pas d'hier, Créteil, Tremblay, Montpellier ou Dunkerque ont montré par le passé qu'ils avaient les moyens de bien figurer". Alors que, jusqu'à la saison dernière, l'Allemagne faisait figure de référence en terme de handball de club, les choses sont-elles en train de tourner ? "C'est compliqué de répondre fermement à cette question, mais la LNH est en tout cas l'un des seuls championnats qui progresse" note François-Xavier Houlet. "La Bundesliga reste le championnat le plus dense, mais désormais des équipes comme Saint-Raphaël ou Nantes n'ont rien à envier à Göppingen ou Berlin. Notre milieu de tableau qui progresse vaut largement leur milieu de tableau qui stagne cette saison".
La densité de la LNH tire tout le monde vers le haut
Cette densité française entre les places de 2 à 7 ne fait que tirer vers le haut toutes les équipes concernées et les préparer de façon plus appropriée aux joutes continentales, "même si cela nuit à la récupération des équipes" note Etienne Capon. "Tu ne peux aller la fleur au fusil nulle part en championnat, et un tel niveau dans l'Hexagone nécessite d'avoir un effectif large. On voit que les équipes, après s'être étoffées qualitativement, le font quantitativement". Nantes n'a, par exemple, pas hésité à engager Uros Bundalo et Sime Ivic (photo de gauche) dans sa quête de la coupe EHF en janvier, tandis que Chambéry et Saint-Raphaël ont enregistré plus d'arrivées que de départs l'été dernier. Cette ambition se traduit aussi sur le terrain, avec une ambition accrue en coupe d'Europe, quand les Allemands privilégient toujours les compétitions domestiques. "Les clubs français n'ont plus peur d'aller se frotter aux meilleurs, ils ne font plus de complexe" se réjouit Capon, avant d'ajouter : "Il y a eu une prise de conscience, ces dernières saisons, de la part des clubs, qu'ils avaient un rôle à jouer sur l'échiquier européen." Et Houlet de compléter : "Les clubs allemands mettent encore le championnat et la coupe nationale comme priorité. On l'a vu cette semaine, Flensburg et Magdeburg se sont fait éliminer le mercredi avant de se retrouver le dimanche en finale de coupe d'Allemagne, même je ne dis pas qu'ils se sont fait sortir exprès, loin de là. Mais le fait est que les clubs français s'engouffrent dans la brèche".
Huitièmes de finale de Champions League, un plafond ?
Reste quand même un bémol. Si le PSG est là où on l'attendait en début de saison, depuis 2011, Montpellier n'a plus atteint les quarts de finale de la Champions League. Comme si la troupe de Patrice Canayer se heurtait à une espèce de plafond l'empêchant d'atteindre le top huit européen. Question de budget ? "Oui, en partie" confirme l'expert de beIN Sports. "Ces deux dernières saisons, cela se joue à rien. La Champions League, dans sa nouvelle formule, est extrêmement élitiste et ce n'est que peu surprenant de retrouver quatre des six plus gros budgets au Final Four. Si tu es plus riche, tu es mieux armé avec plus de profondeur d'effectif, et si en plus tu as un championnat où tu peux souffler comme Kielce...". Même son de cloche au niveau des instances, qui réfutent néanmoins l'idée d'un plafond. Il faut dire que, même si l'argent est prépondérant dans la reine des compétitions européennes, Flensburg a prouvé en 2014 qu'il était possible de s'imposer avec d'autres armes et Montpellier lui même a démontré cette saison qu'il ne fallait pas forcément rouler sur l'or pour taquiner les meilleurs.
Le plus court chemin vers un trophée
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que cette coupe EHF représente désormais, pour la majorité des clubs français, le chemin le plus court pour aller chercher un trophée. Parce qu'avec un PSG qui ne laisse que les miettes à ses poursuivants, il est sans doute plus simple de s'imposer en coupe d'Europe, même si Montpellier a prouvé exactement le contraire en remportant la coupe de la ligue en mars dernier. "Même si le PSG n'a pas encore assommé toutes les compétitions nationales, on a affaire à un ogre. Si Nantes a organisé le Final Four en coupe EHF, c'est sans doute que, pour remporter un trophée, cette coupe d'Europe paraissait un bon moyen" tente d'expliquer Houlet. Et ce PSG, bâti pour régner, pourrait bien continuer à truster les rangs de Cologne ces prochaines saisons, laissant aux autres clubs français le soin d'annihiler la concurrence dans la "petite" coupe EHF. Et personne ne viendra s'en plaindre.
Kevin Domas