Dossier
Le championnat danois en pleine évolution (3/5)
Cela fait désormais quelques années que le championnat danois s'est installé comme la troisième meilleure compétition nationale en Europe, derrière la Bundesliga et la LNH. Mais peut-il viser plus haut ? Peut-il espérer, un jour, avoir des résultats sur la scène européenne ? Nous avons enquêté pour vous.
Pendant longtemps, la Boxer Herrligaen est restée un vivier de handballeurs scandinaves, sans forcément accueillir des joueurs d'autres horizons. Cyril Viudès, Cristian Malmagro, Arnor Atlason, Snorri Gudjonsson sont quelques exemples de joueurs dont certains sont rapidement repartis. Albert Rocas, l'ailier droit barcelonnais, n'aura fait qu'une année à Kolding, tout comme Isaias Guardiola, l'ancien gaucher d'Aalborg désormais Aixois. Alors, le Danemark, impossible à vivre pour un étranger ? "C'est certainement très bête, mais il faut s'adapter à la météo et à la culture locale", souligne Cyril Viudes, qui vit depuis 2011 à Kolding. "Ils ont un rythme de vie complétement différent, le temps ici change pas mal de l'Espagne. Pour reprendre l'exemple de Rocas, sur le terrain ça marchait super bien, dans le groupe aussi, mais lui et sa famille ont eu du mal dans la vie de tous les jours". Des difficultés que rencontre aussi Konstantin Igropoulo. "C'est bien simple, ici, il ne faut pas regarder la météo pour savoir quand tu auras du soleil", rigole-t-il. "Le problème n'est pas tant pour nous les joueurs, car nous sommes toujours occupés, mais plus pour nos familles. Quand il fait froid, qu'il neige, et même si on t'avait prévenu, ce n'est pas simple à gérer". Les deux sont néanmoins très prompts à souligner la qualité de vie des Danois. "Ici, la vie est chère, mais tu sais pourquoi tu payes. Quand tu as des enfants, la vie est organisée autour d'eux et c'est vraiment appréciable", explique le Russe, papa de deux petites filles.
Quel apport pour Antonio Carlos Ortega ?
Un championnat pas forcément très ouvert sur l'extérieur, des difficultés d'adaptation plus importantes qu'ailleurs, on est en droit de se demander ce que vient faire Antonio Carlos Ortega au Danemark. L'ancien Barcelonnais, qui coachait encore Veszprem il y a quelques mois, s'est engagé avec le KIF Kolding cet hiver, mais a-t-il l'intention de tout chambouler dans un pays où l'ordre est roi ? "Je ne pense pas, quand il est arrivé il a surtout dit qu'il voulait que Kolding regroupe tous les meilleurs joueurs scandinaves, mais il ne va pas mettre un grand coup de pied dans la fourmilière", analyse Viudès. De l'extérieur, l'analyse ne change pas vraiment et Rasmus Boysen souligne "la difficulté d'intégrer des éléments de la structure latine du jeu, un peu plus individuelle, dans le jeu très collectif à la danoise. Tout comme il n'a pas tout changé à Veszprem, il ne changera pas tout ici".
Des places sur le banc souvent réservées par les Danois
Mais, dans un championnat qui a pour habitude de fonctionner en vase clos, y a-t-il une demande, ou un besoin pour des techniciens étrangers ? Ulrik Wilbek répond par la négative. "Nous avons énormément de techniciens de qualité, qui ont fait grandir des générations de handballeurs de grande qualité, il n'y a pas besoin d'aller chercher autre part", dit-il appuyé par Alexander Lynggaard : "Le championnat n'a pas désespérément besoin d'une grande aide extérieure, pas plus que la Bundesliga ou la LNH. Mais dans un cas comme celui d'Ortega, les Danois vont avoir beaucoup à apprendre de son expérience, et il est toujours intéressant de se confronter à une vision nouvelle et différente".
Retrouvez dès demain la suite de notre dossier sur le championnat danois.
Kevin Domas