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B. Dancette : "Une chance à jouer"
Elle n'avait plus porté le maillot bleu-blanc-rouge dans une grande compétition depuis l'Euro 2012. Mais, rappelée en mars par le sélectionneur Olivier Krumbholz, Blandine Dancette sera bien dans l'avion dans dix jours pour décoller pour Rio. Au bout d'une saison qui, tout comme pour ses coéquipières Camille Ayglon-Saurina et Chloé Bulleux, s'est achevée prématurément avec la faillite du HBC Nîmes. Mais l'ailière droit de 28 ans espère bien ramener une médaille du Brésil.
On vous suppose heureuse de retrouver le terrain après ce mois de préparation ?
- Forcément, quand on est handballeuse, on a hâte que les matchs de préparation commencent après deux stages où on a fait beaucoup de physique. La compétition arrive vite et on a vraiment envie de faire une belle prestation à Rio et ses matchs vont nous permettre de bien nous préparer pour remplir les objectifs.
Les axes de travail pour ce tournoi en Norvège, quels vont-ils être ?
- On a bossé certaines choses pendant la préparation, que ce soit offensivement ou défensivement, et on va essayer de les mettre en place sur le terrain. Par contre, on va essayer de ne pas tout montrer non plus, car c'est le jeu de garder une part de surprise pour les Jeux. Pour le moment, on a besoin de travailler, de régler les choses. Certaines choses, comme certains enclenchements ou certains systèmes défensifs, étaient déjà en place avant, donc tout ne sera pas nouveau non plus. Ce qui est sûr, on est une équipe qui a besoin d'être à 100% tout le temps pour arriver à avoir des résultats.
Si, il y a six mois, on vous avait dit que vous seriez dans l'avion à Rio, qu'est-ce que vous auriez répondu ?
- "Mais bien sûûûr"...Après c'est le sport, j'ai saisi ma chance et je suis super heureuse de porter le maillot tricolore, d'aller à Rio pour faire un bon résultat. L'équipe marche bien, on a les capacités de faire quelque chose, le tournoi va être assez homogène et il y aura une chance à jouer. Certes, on ne sera pas favorites mais on va essayer de donner le maximum.
"Qu'Olivier nous fasse confiance, cela veut dire beaucoup"
Après la faillite du HBC Nîmes, quelle importance cela a-t-il eu qu'Olivier Krumbholz continue à vous faire confiance ?
- Effectivement, cela a été super important. La chute de Nîmes a été un vrai coup car on ne s'y attendait pas et je crois que personne en France ne l'avait vu venir. Pour moi, Chloé et Camille qui étions au club, on a forcément eu du mal à le vivre mais qu'Olivier nous fasse confiance, cela veut dire beaucoup. En retour, on a envie de tout donner, de mettre en forme tout ce qu'il nous demande. Dans ces conditions, je ne m'attendais pas à aller à Rio, mais qu'Olivier me fasse confiance, je l'en remercie.
Cette perspective des JO, c'est ce qui vous a permis de tenir quand le moral flanchait ?
- Exactement. C'est sûr que, psychologiquement, ça a été compliqué. Mais quand on a discuté avec Olivier, en mars, lors de la chute de Nîmes, il nous a dit qu'il ne nous lâcherait pas et qu'il ne fallait pas nous inquiéter, qu'il allait nous aider. Sans nous mettre la pression pour retrouver un club absolument. Ca a été un soulagement non seulement pour moi, mais pour Chloé et Camille aussi. On remercie le staff de l'équipe de France mais aussi Nîmes, Christophe Chagnard et le staff médical qui a continué à faire son boulot même si le club n'existait plus.
Les quatre mois entre la fin du championnat et le début de la préparation, ça n'a pas été un peu long ?
- Si, bien sûr, mais on a eu la chance d'avoir une semaine internationale en juin pour nous remettre dans le bain, parce que faire du physique pendant quatre mois, on se retrouve un peu perdue. Tout ce qu'on a fait pendant quatre mois, on sait que c'était indispensable pour atteindre le but olympique, même si certains moments ont été longs. Mais j'avais hâte que la compétition revienne, ce qu'on aime avant tout c'est se faire plaisir sur le terrain.
"Pourquoi une autre équipe et pas nous ?"
La déception de Londres est-elle encore présente aujourd'hui ?
- Au premier tour, l'équipe jouait à un niveau extraordinaire mais on est tombé sur meilleur que nous en quarts. Les trois mois qui ont suivi ont été difficiles, mais je pense que toutes les filles qui y étaient ont digéré. Désormais, on a plus une vue sur l'avenir plutôt que sur ce qui s'est passé là bas.
Philippe Bana parlait plus tôt de "Disneyland" à propos des Jeux Olympiques, en avoir l'expérience, ça permet de ne pas se disperser ?
- A première vue, c'est vrai que ça fait un peu Disneyland, plein de sportifs, plein de rencontres. Mais c'est un tournoi assez compliqué, un match tous les deux jours avec les garçons en décalé alors que nous on s'entraine. On ne passe pas notre vie au MacDo ! Il faut garder en tête cette objectif de médaille, bosser pour y arriver, il n'y a que ça qui paye. Certes, quand on croise quelqu'un, on va discuter cinq minutes, mais avoir un objectif élevé impose de ne pas s'éparpiller.
L'objectif est clair, c'est une médaille ?
- On en parle parce que depuis quatre ans, il n'y a pas eu de résultat en équipe de France. On sait qu'on n'est pas favorites du tournoi mais beaucoup d'équipes sont de même niveau et tout est possible. Oui, on s'est fixé une médaille, quelque chose que la France n'a pas réussi à aller chercher depuis cinq olympiades. On y a vraiment cru à Londres et là on a envie d'y croire aussi.
Parler de médaille alors qu'on n'a pas fait de dernier carré depuis cinq ans, n'est-ce pas un peu présomptueux ?
- Je ne crois pas, il faut se mettre un objectif, c'est la vie de tout sportif. On est conscientes de notre niveau, qu'Olivier est arrivé il y a six mois, qu'on a entamé un gros travail et que tout n'est pas encore au point mais si on ne dit pas qu'on va aller quelque chose, on n'y arrivera jamais. Viser la cinquième place, cela ne sert à rien. Si on regarde bien, tout peut basculer sur un but. C'est une mauvaise passe, c'est un rien, c'est ce qui nous est arrivé à Londres. Et finalement, pourquoi une autre équipe et pas nous ?
Propos recueillis par Kevin Domas