EdF (M)
La défense, nouveau couteau-suisse des Bleus
Depuis le début de la compétition, l'équipe de France alterne entre une défense 0-6 et une autre plus étagée en 1-5. Une corde de plus à son arc dans la conquête du sacre européen.
C'est une des nouveautés proposées par l'équipe de France depuis le début de cette préparation, même si elle avait déjà été entrevue par le passé. Une défense 1-5, avec le plus souvent Kentin Mahé en électron libre, qui lui permet de récupérer des ballons, de profiter de la vitesse du lutin de Flensburg pour aller inscrire des buts faciles en contre-attaques. C'est une des grosses satisfactions de ce début d'Euro. Si elle a permis d'enfoncer rapidement les Biélorusses hier, elle avait aussi largement perturbé les Polonais il y a trois jours, permettant aux Bleus de revenir dans le match en fin de première période. "Cette défense a longtemps été un des éléments de notre performance, quand on avait Bertrand Gille devant, à certains moment on empêchait nos adversaires de jouer à partir d'une organisation 1-5" se souvient Claude Onesta. "A mon sens, elle m'intéresse beaucoup plus que la 6-0 que je trouve trop attentiste. La 1-5 a pour effet de souvent mettre en crise l'organisation offensive de l'adversaire".
"Un vrai intérêt à alterner"
Et on l'a vu hier, la base arrière biélorusse a explosé, elle qui avait quand même passé quarante buts à l'Islande quatre jours avant. Et quand Kentin Mahé est sorti au bout d'un quart d'heure de jeu, touché au doigt, Samuel Honrubia a pris la relève en seconde période, sans sourciller. "C'était une surprise pour moi" raconte le petit ailier parisien. "Didier me dit que je vais entrer sur une 5-1, j'avais déjà regardé comme Kentin et Micka se positionnaient. Ca a été un peu fastidieux au début, mais on prend finalement plus l'eau sur les montées de balle que sur la 5-1." Ludovic Fabregas, dont l'entrée a été qualifiée d'"intéressante" par le sélectionneur, s'est lui aussi mis en valeur au poste 3 bas à chaque entrée sur le terrain. Pourtant cette option, qui sera sans doute réutilisée demain face à la Croatie, n'avait pas forcément les faveurs de Didier Dinart à son arrivée dans le staff en 2014. "Didier se sentait sans doute plus conforté par une organisation en 0-6 à son arrivée, parce qu'il avait joué de cette façon en club et en sélection, et qu'on a logiquement tendance à revenir vers des choses connues" expliquait Claude Onesta il y a quelques jours. "Désormais, quand les adversaires préparent leur match face à nous, ils en ont en fait deux à préparer. Il y a un vrai intérêt à alterner".
Utile pour faire souffler
Nikola Karabatic a pu en profiter lui aussi en défendant à l'aile, lui permettant de se reposer et d'intervenir sur les entrées d'ailier, pas forcément aussi prompts à venir marcher sur ses pieds que sur ceux d'un gabarit plus petit. "On essaye de trouver des formules pour s'épargner sur certains aspects du jeu, l'Euro est long avec beaucoup de matchs. On ne peut pas tirer sur les mêmes joueurs pendant une heure, c'est trop dur physiquement" explique celui qui, en l'espace d'une mi-temps, a scoré neuf fois. Demain, en tout cas, l'opposition de style sera totale entre une 3-2-1 croate pratiquée depuis des années et cette défense française désormais à deux facettes. D'ailleurs, l'aîné des frères Karabatic pense que ce secteur de jeu sera la clé du match. "Ils ont une défense avec des grands gabarits qui bougent bien, très agressive" détaille-t-il. "Désormais, on a deux défenses différentes. La manière dont on va aider nos gardiens sera la clé."
A Cracovie, Kevin Domas