EdF (M)
L'équipe de France "le cul entre deux chaises"
Le sélectionneur Claude Onesta l'avait annoncé avant de partir pour la Pologne, les Français auraient "le cul entre deux chaises" dans cette compétition, partagés entre l'envie d'emporter un nouveau titre et celle de ne pas trop se donner avant une fin de saison chargée, avec les JO en point de mire. Force est de constater que la situation n'a pas évolué.
Plus qu'individuelle, la défaite d'hier face à la Pologne a surtout été une faillite collective, les Bleus ayant été submergés par une "tempête" polonaise. Les explications sont multiples, mais tournent toutes autour du même argument. Les Français, déjà qualifiés pour les JO de Rio en août prochain et avec, pour la plupart, un calendrier très chargé jusqu'à la fin mai, ne mettent pas la même intensité que leurs adversaires dans leurs rencontres. Cela a sauté aux yeux hier, et pour Claude Onesta, l'explication est toute trouvée. "On joue dans la dynamique de ce qu'on veut bien engager. Par moments, cette forme de calcul, de protection, de réflexion qu'il y a sur les énergies nous coûte. Je vous le dis depuis un mois, en face de nous, on a des gens qui n'ont rien à calculer. Il n'y a pas un joueur polonais qui se préoccupe de savoir ce que sera la fin de la saison" analyse le sélectionneur. "On ne peut pas dire la même chose de nous. Quand on est déjà qualifié pour la suite, qu'on évalue les charges immédiates et celles à venir, on n'est pas dans le même engagement et la même détermination."
"Les joueurs ne sont pas malhonnêtes"
De là à accuser ses joueurs de ne pas se donner à fond, il y a un fossé énorme que personne, et surtout pas le sélectionneur, ne franchira. Est-ce un hasard si les joueurs dont on note le plus le manque d’intensité sur les premières rencontres de cet Euro sont ceux dont le calendrier en club pourrait les amener jusqu'à Cologne en juin prochain ? Sans doute pas. Nikola Karabatic, Daniel Narcisse ont semblé les plus en peine à se mettre en jambes hier. Mais en tout cas Luka Karabatic se défend du moindre calcul : "Je ne pense pas que nous manquions d'engagement. On fait beaucoup d'erreurs techniques, on rate des tirs, mais quand on rentre sur le terrain, on ne pense qu'à gagner". Le manque de rythme des débuts de match avait en tout cas été pointé par Claude Onesta au lendemain du match contre la Macédoine. Si les coéquipiers de Kiril Lazarov n'avaient pas su en profiter, les Polonais, hier, n'ont pas eu besoin qu'on le leur dise deux fois. Et le sélectionneur le confiait ce matin, les prochains matchs seront révélateurs de l'état d'esprit de son groupe : "Est-ce qu'on est capable d'aller puiser dans des réserves et jouer ces combats ou est-ce qu'au fond de nous, on n'a pas vraiment envie d'y aller, c'est ce que vont nous dire les prochains matchs. Même si il n'y a aucune malhonnêteté dans l'attitude des joueurs".
"Hier, on a pris le tableau noir dans la gueule"
Et pour être capable de jouer des grands combats, comme celui livré hier face à des Polonais en furie, poussés par 15 000 spectateurs transcendés, il faut s'y préparer. C'est une autre récurrente dans le discours des entraineurs de l'équipe de France depuis le début de la compétition, l'intensité à l'entrainement est trop faible pour les préparer à ces combats. Le calendrier, avec un match tous les deux jours, ne les aide pas, les périodes dévolues à l'entrainement se muant en moments de repos, d'autant plus qu'on tire souvent sur les mêmes joueurs. "Quand on s'entraine à faire du tableau noir...Hier ce n'était pas une séance de tableau noir, le tableau on l'a pris dans la gueule" lance Claude Onesta. Les Français n'ont pas encore trouvé le bon rythme à l'entrainement, la bonne intensité, et c'est une des problématiques auquel il doit faire face avec le staff des Bleus ces jours-ci. Faire des entrainements plus dynamiques, quitte à laisser certains petits blessés au repos, pour que le groupe dans son ensemble en profite ? C'est une des pistes de réflexion, même si le temps presse. "On est dans l'étude, dans le réglage permanent. Est-ce que les gens ont la capacité de se donner à fond à l'entrainement, sachant qu'il y a les matchs tous les deux jours et qu'à partir du 1er février, peu de jours de repos vont leur être proposés ?" s'interroge le Toulousain. On espère qu'il va rapidement trouver la réponse.
A Cracovie, Kevin Domas