EHF Cup
Deux gauchers pour un ticket
Chambéry et Saint Raphaël se retrouvent demain soir pour une place au Final Four de la coupe EHF, pour lequel sont déjà qualifiés Nantes et Frisch Auf! Göppingen. Les Varois possèdent une avance non négligeable après leur victoire 30-25 de l'aller, mais celle-ci ne leur garantit pas grand chose.
Coïncidence ou non, ils ont été les deux joueurs les plus en vue dans leur équipe respective. Adrien Dipanda et Melvyn Richardson, les deux gauches, le présent et sans doute l'avenir de l'équipe de France se sont particulièrement illustrés dimanche soir, en quart de finale aller de la coupe EHF, entre Saint-Raphaël et Chambéry. 9 buts pour le premier, 5 pour le second qui n'ont pas suffi pour empêcher son équipe de s'incliner 25 à 30. Mais le Varois sait, par expérience, que rien n'est encore joué : "Cinq buts en coupe d'Europe, ce n'est rien du tout. Avec Léon il y a quelques années, nous avions été éliminés en quart de finale de Champions League par Berlin alors que nous l'avions emporté de douze buts à l'aller" rappelle celui qui, avant d'arriver à Saint-Raphaël en 2012, a connu les lustres de la plus grande compétition européenne avec Montpellier et avec les Espagnols d'Ademar Léon. "Ce sont des matchs particuliers, même si on se connait très bien, tout va un peu plus vite. On l'a bien vu à l'aller, on fait jeu égal pendant cinquante minutes et on finit à +5". Melvyn Richardson, s'il n'a pas encore une telle expérience, a déjà identifié le secteur où son équipe a flanché dans le money-time : "Physiquement, on avait fait un gros match à Montpellier trois jours avant, on n'est pas rentrés à la maison et les jambes étaient sans doute un peu lourdes, d'autant plus que la blessure de Damir Bicanic nous a privés d'une rotation. Il faut désormais oublier tout ça et ne plus se poser de questions".
Deux équipes qui avancent sans bruit
Le fils de qui vous savez n'a, en tout cas, pas hésité à prendre ses responsabilités dans les moments chauds, quand Timothey N'Guessan tirait la langue et qu'Adrien Dipanda mystifiait un Yann Genty redevenu humain. "Pour moi, c'est tout nouveau et je n'ai pas le temps de me poser de questions. Ca fait plaisir, forcément, d'avoir les ballons importants, pour mes coéquipiers, je pense que je suis désormais un joueur comme les autres" savoure-t-il. Un joueur comme les autres dans un effectif qui, depuis deux ans, tourne bien sans forcément faire parler de lui. Un peu à l'image, finalement, de Saint-Raphaël, qui malgré ses bonnes performances en championnat, n'a peut être pas le respect qu'il mérite. "Le fait qu'on n'ait pas gagné de titre, malgré notre troisième place la saison passée, et notre seconde actuellement, fait qu'on n'est pas forcément considérés à notre juste valeur mais plutôt comme des éternels outsiders." constate l'arrière droit de l'équipe de France. "Est-ce parce que nous sommes sur la Cote d'Azur ? Pourtant on travaille autant que les autres, mais on sait qu'on ne changera le regard que les gens nous porte que par ce que nous montrerons sur le terrain. Comme Chambéry l'a fait, ils sont là depuis longtemps, ont gagné des titres et le respect. C'est ce vers quoi nous devons tendre".
Richardson : "Il faut leur mettre le feu"
Une qualification pour les finalités de la coupe EHF pourrait servir de catalyseur dans cette entreprise, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, il faudra déjà aller chercher une qualification au Phare, où personne ne s'est plus imposé en coupe d'Europe depuis 2012. "On fait un beau parcours cette saison, face à de belles équipes, mais il ne faut plus y penser. Il faut y aller à fond, leur mettre le feu" encourage Richardson, comptant sur le toujours fervent public savoyard pour pousser Saint-Raphaël dans ses derniers retranchements. Les Raphaëllois, eux, espèrent bien rester dans le match le plus longtemps possible, que le match soit serré à souhait et que tout se décide sur la fin. Finalement, comme d'habitude, si on en croit Dipanda : "Depuis le temps que je suis ici, 95% du temps, ça se joue à un, deux, trois buts. On ne croit pas à une victoire de dix buts là bas, mais que tout se joue dans les cinq, dix dernières minutes, déjà beaucoup plus." Avec un money-time qui se joue comme à l'aller, entre les deux gauchers ? Pourquoi pas, nous, on est preneurs en tout cas.
Göppingen rejoint Nantes au Final Four
Il n'y a, en tout cas, plus de suspens dans la confrontation allemande, puisque c'est Göppingen qu'on retrouvera à Nantes, trois ans après sa première venue en 2013. Les hommes de Magnus Andersson ont compté jusqu'à sept buts de retard à Magdeburg mercredi (25-18 à la 46ème), se sont retrouvés virtuellement éliminés après leur victoire 31-25 de l'aller, mais ont fini par relever la tête en fin de match. Marcel Schiller (6 buts) a montré la voie et Magdeburg a fini par céder, les armes à la main. Malgré la victoire 27-25, les rouges et verts sont éliminés et peuvent désormais se concentrer sur le Final Four de la coupe d'Allemagne, où ils retrouveront ce weekend Flensburg, autre déçu européen de la semaine.
Silkeborg, Chambéry, même combat
Silkeborg sera dans une situation similaire à celle de Chambéry. Battus de six buts à Granollers (24-30), les Danois n'auront pas à calculer. Sept buts d'écart, c'est ce qui leur faudra pour rejoindre Nantes. "Après notre match, certainement le plus mauvais de notre saison, si nous sommes éliminés, nous pourrons nous en prendre qu'à nous mêmes" disait le coach Peter Bredsdorff hier en conférence de presse. Les Danois ont les moyens de remonter, mais il va falloir mettre le feu à une équipe espagnole qui a compté jusqu'à huit buts d'avance au match aller. "Nous nous sommes fait surprendre par leur défense haute, qui nous a empêché de mettre en place notre jeu placé. On a eu une mauvaise phase et ils en ont parfaitement profité" notait quant à lui Sebastian Skube. "Mais s'ils l'ont emporté de six buts chez eux, pourquoi ne pas faire la même chose chez nous ?"
Kevin Domas