Euro 2016
Un vent nouveau souffle sur l'Europe
La Norvège, la Croatie, l'Espagne et l'Allemagne. Quatre nations qui se retrouvent en demi-finales de l'Euro et qui ont, pour au moins trois d'entre elles, fait le pari d'incorporer des jeunes dans le projet. Analyse.
Une équipe qui n'a jamais connu de dernier carré de son histoire (la Norvège), une qui ne l'a plus connu depuis huit ans (l'Allemagne) et deux, un peu plus habituées mais dont l'une d'entre elles a déjà entamé sa mutation en vue d'accueillir l'Euro à domicile en 2018 (la Croatie), il flotte comme un vent nouveau sur l'Europe du handball en cette fin janvier. Comme l'a reconnu Claude Onesta ce matin, la France a subi la "fougue de cette équipe pleine d'envie et d'enthousiasme", mais ses bourreaux norvégiens d'un soir ont-ils les moyens de répéter ce genre de performances au plus haut niveau ? De même, l'Allemagne, qu'on avait laissé en quart de finale du mondial au Qatar il y a un an et qu'on retrouvera demain en demie à Cracovie, va-t-elle prendre un abonnement longue durée au haut du panier ? "La Norvège et l'Allemagne sont les deux meilleurs exemples de ces équipes qui commencent à renouveler leurs troupes. On peut aussi noter que la Suède ou la Hongrie, avec des résultats variables, ont aussi débarqué en Pologne avec de nouveaux visages" note François-Xavier Houlet, enthousiaste dès qu'on évoque le nom de Dagur Sigurdsson, tête pensante de cette Mannschaft new look. "En terme de jeu, il fait de très belles choses avec des joueurs qui, si ils ne sont pas pour la plupart de gros noms, vont au combat tous les weekends dans leur championnat".
Des coachs avec un rôle prépondérant
Des joueurs jeunes, donc plus malléables et chez qui la notion de plaisir prend encore tout son sens. Christian Berge, le sélectionneur norvégien a d'ailleurs beaucoup insisté sur ce point hier avant et après le match décisif face à la France. Erlend Mamelund, se souvient quant à lui que les dernières années n'ont pas toujours été roses. "On a tout reconstruit, et quand tu tombes tout le temps, ça peut être compliqué à gérer" explique un des ainés de la sélection norvégienne. "Mais Robert, et Christian ensuite, ont fait preuve de beaucoup de psychologie pour garder tout le monde dans le bon chemin. Avec cette demi-finale, tous les efforts des années passées prennent un tout autre sens". D'un point de vue tactique, Dagur Sigurdsson a lui aussi apporté de nouvelles choses à la sélection allemande. "Dans cette équipe, on joue avec beaucoup d'enthousiasme et d'euphorie, sur du jeu simple mais préparé" explique Houlet. "L'influence des coachs sur des joueurs plus jeunes, plus aptes à écouter, est indéniable".
Les habitués en danger ?
Les équipes habituées au haut du tableau depuis quelques années, comme le Danemark ou la Pologne, doivent-elles se sentir menacées par ce vent de jeunisme soudain ? Claude Onesta ne le pense pas : "La France et le Danemark sont en place, on ne peut pas dire le contraire au prétexte qu'on se soit fait éliminer." Et effectivement, le plus dur commence pour les Norvégiens et les Allemands, confirmer que les espoirs placés en eux ne s'évanouiront pas au premier obstacle. Les Croates, qui ont conservé un sept majeur connu malgré les évictions de Denis Buntic et Igor Vori remplacés par Luka Sebetic et Marino Maric, possèdent déjà des bases plus solides, tandis que les Espagnols risque de se faire peur dans les prochaines années. Sans un championnat de haut niveau et avec le seul Juan Del Arco (23 ans) comme nouveauté cette année, l'avenir parait un peu plus compliqué. Mais si ils l'emportent dimanche soir, ce sera certainement le dernier de leurs soucis.
A Cracovie, Kevin Domas