LNH - MHB
R.Lévy : "Pas un aboutissement mais une étape"
Le Montpellier Métropole Handball a repris ses bonnes habitudes le weekend dernier, en remportant la coupe de la Ligue devant son public. Son dixième dans la compétition, son trente-neuvième toutes compétitions confondues depuis 1995. L'occasion pour nous de revenir avec Rémy Lévy, le président montpelliérain, sur cette saison "difficile" selon les termes de son capitaine Michaël Guigou. A la veille d'un deuxième huitième de finale de Champions League consécutif, face aux Allemands de Flensburg.
Michaël Guigou disait dimanche soir que cette victoire en coupe de la ligue avait un goût particulier, au regard de la saison difficile vécue par votre club. Avez-vous ressenti la même chose ?
- Je crois que nous l'avons tous vécu de la même façon profonde, joueurs, staff et dirigeants. Le MHB a gagné de nombreux trophées mais peut être que depuis quelques temps, nous avions perdu le goût de la victoire, et qu'on apprécie d'autant plus ces moments de bonheur. Pour moi, c'est certainement la victoire la plus riche en émotions avec celle de 2013 en coupe de France. Il y a eu quelques doutes dans les dernières semaines mais tout le club a su se remobiliser pour remporter cette coupe de la ligue.
Vous l'emportez pour la première fois à domicile alors que votre Arena était bouillante, une coïncidence ?
- On avait déjà eu cette saison de belles ambiances à l'Arena, mais on a bien senti qu'il se passait quelque chose ce dimanche. Cela a donné une belle image de ce que nous pouvons y faire. Notre défi était double ce weekend, l'organisation de ce Final Four mais aussi, sur le terrain, de l'emporter. Je crois que le premier, de l'avis de tous, a été rempli, on a vu un très beau spectacle sur le terrain et dans les tribunes et la LNH a fait un superbe travail. Notre ambition sportive a, elle aussi, été assouvie, et nous sommes vraiment très contents de notre weekend. Mais avec la demi-finale de coupe de France et le huitième de finale de Champions League en ligne de mire, cette victoire ne doit pas être un aboutissement mais une étape qui doit nous emmener encore plus haut.
Entre le départ d'Issam Tej, la prolongation de Michaël Guigou, l'affaire de la feuille de match et le passage à vide, trouvez-vous qu'on ne parle de Montpellier que pour les mauvaises raisons ?
- C'est en tout cas le constat qu'on fait, même si l'affaire de la feuille de match est à mettre sur un plan différent des autres choses. J'avais répondu à l'Equipe il y a quelques semaines, quand on me demandait si Montpellier était en crise. Si la crise, c'est être en course dans quatre compétitions...Je crois que pas mal de club rêveraient de ça. Ce qui est sûr, c'est que sportivement nous sommes en phase de reconstruction de l'effectif, que nous avons subi beaucoup de contrecoups, de blessures et que nous en avons pâti. De plus, le championnat est encore plus relevé cette saison, il y a beaucoup de clubs face auxquels gagner devient très compliqué. Mais, malgré toute l'agitation, nous n'avons jamais douté car nous connaissions notre niveau de jeu, tout le monde s'est remis au travail et nous avons montré dimanche qu'au complet, ou presque, nous n'étions quand même pas mauvais (rires).
"L'humilité, notre marque de fabrique"
Cette victoire en coupe de la ligue était-elle l'occasion de retrouver la lumière après avoir été pendant trop longtemps dans l'ombre du PSG ?
- Je ne crois pas que nous soyons dans l'ombre du PSG, même si c'est le thème qui revient. Quand nous avons dominé le handball français, nous sommes restés humbles et nous tenons à ce que cette humilité reste notre marque de fabrique. Le PSG s'est construit un effectif redoutable, capable de rivaliser avec les meilleurs sur tous les tableaux. Mais je ne compare pas les deux clubs, si tant est que cela soit possible. Nous ne regardons pas trop ce qui se fait autre part, nous faisons notre bonhomme de chemin.
Mais quand même, il y a longtemps qu'on n'avait pas autant parlé du MHB...
- La saison passée, tout les médias titraient sur notre saison sans titre. Auraient-ils titré la même chose à propos de l'OM ou de Lyon en foot ? Cela n'a pas été agréable, je le reconnais, mais comme nous ne bombions pas le torse quand nous gagnions, nous sommes restés modestes et nous avons continué à rester fidèles à notre ligne de conduite. Cette saison est une saison de transition, qu'elle soit couronnée de succès me parait une bonne chose.
Une transition qui va vous conduire à continuer la reconstruction de votre effectif la saison prochaine...
- Effectivement, puisque Valentin Porte, Théophile Caussé et Nikola Portner se sont déjà engagés, ainsi que Miha Zvizej. Avec les jeunes formés au club, dont font partie Baptiste Bonnefond, Mathieu Grébille et Ludovic Fabregas, ils formeront l'ossature du MHB pour les prochaines saisons. Et nouss nous avons eu l'occasion cette saison de voir ce qu'Allan Villeminot, Arthur Anquetil et Samir Bellahcene étaient capable de produire. Même si il est trop tôt pour le dire, je suis persuadé que tous ces jeunes talents vont nous permettre de garder notre niveau dans les prochaines saisons. Il apparait primordial de miser sur ces joueurs jeunes, qui sont attirés par le fait de pouvoir se développer chez nous. En prolongeant Jure Dolenec et Diego Simonet récemment, nous sécurisons également la présence dans notre équipe de talents étrangers qui ont désormais fait leurs preuves.
"Notre force, la pérennité européenne"
Vous allez affronter Flensburg en huitièmes de finale de Champions League ce samedi. Est-ce qu'il y a de la fierté à encore être européens quasiment chaque printemps ?
- Fierté je ne sais pas, mais il y a en tout cas de la satisfaction. On voit que la majorité des clubs qui pèsent en Champions League peuvent la gagner une année et disparaitre l'année suivante. Hambourg, Copenhague, Atletico Madrid sont les exemples les plus marquants. Notre force, c'est cette pérennité, cette capacité à toujours être présent au plus haut niveau, grâce à un engagement renouvelé de nos partenaires et actionnaires. Le fait d'être, pour la deuxième année consécutive, en huitièmes de finale, montre que notre club va bien et que notre modèle est non seulement viable, mais qu'il peut permettre de faire progresser nos joueurs.
Sixième de son groupe, est-ce que le MHB était à sa place ?
- Nous étions dans un groupe de très haut niveau et les équipes qui sont devant nous étaient plus puissantes. Barcelone, Kielce sont deux équipes habituées du Final Four, Rhein-Neckar Löwen et le Vardar sont des équipes qui sont des candidats pour y aller. On aurait peut être pu aller chercher Szeged, mais je pense que, si on regarde sur l'ensemble de la première phase, cette sixième place est somme toute logique.
Que peut espérer Montpellier face à Flensburg ?
-Pourquoi pas de se qualifier ? En face il y aura une belle équipe, un récent vainqueur de Champions League que j'admire. Soyons honnête, le face à face Canayer/Vranjes sur le banc, ça a de la gueule ! C'est une équipe très joueuse, qui va très vite, et je pense que ce genre d'équipes nous laisse un peu plus de chance que Kielce la saison passée par exemple. Notre histoire est marquée par des rendez-vous spéciaux face à Flensburg. La première, c'est cette qualification surréaliste acquise en Allemagne avec le but à la dernière seconde de Greg Anquetil. La seconde, c'est ce match qu'on joue là bas le lendemain de la révélation de l'affaire des paris. On a, depuis, montré notre capacité à rebondir et j'espère que, quoi qu'il en soit, nous jouerons libérés.
Propos recueillis par Kevin Domas