Montpellier s'empare du derby

Au cours d’une rencontre toujours aussi spéciale où la suprématie régionale reste en jeu, l’écrin de l'Arena a vu le MHB se détacher en deuxième mi-temps pour finalement l'emporter (37-30) face à Nîmes fortement diminué avant même le coup d’envoi. Sur la lancée d’un succès en Ligue des Champions, les Montpelliérains plus sereins et concentrés confortent ainsi leur quatrième place au classement après six journées.

Comme certains aiment à le rappeler : un derby ne se joue pas, il se gagne avant tout. Ce célèbre dicton populaire assorti à l’odeur de la rivalité inspire souvent les équipes jugées inférieures et leur donne un potentiel second souffle amenant à des résultats parfois inattendus. A l’image d’une entame de match plus qu’indécise où le jeu reste relativement ouvert, les formations laissent présager d’un score enlevé (4-5, 7e). Impression confirmée puisque l’intensité physique, élément incontournable dans un derby, est au rendez-vous et les deux équipes en profitent pour exposer leurs principales qualités sur le terrain. A savoir vitesse et générosité pour l’Usam, contre puissance et technique impulsées par la base arrière pour le MHB. 

Sous les assauts répétés de Mathieu Grebille et Valentin Porte, les tirs à neuf mètres font des dégâts à l’intérieur d’une défense nîmoise profondément remaniée qui tient néanmoins le choc dans le premier quart d’heure par les quelques arrêts Rémi Desbonnet (7-6, 11e). Sans colonne vertébrale défensive fiable à ce niveau marquée par les absences déterminantes de Gallego, Ferreiro, Hallgrimsson et Salou entre autres, les Nîmois s’épuisent et baissent le pied après vingt premières minutes menées sur un train d’enfer. Les enchaînements héraultais en attaque avec Miha Zvizej en pivot ou sur l’aile droite d’Aymen Toumi épuisent des Gardois à court de solutions et donnent de l’ampleur à la marque (18-14, 27e). Les expérimentés Jean-Philippe Haon, repositionné au poste de pivot pour l'occasion et l’islandais Snorri Gudjonsson, restent néanmoins le recours offensif numéro un des Nîmois en cas de défaillance extrême. A eux deux, ils permettent un léger retour au score et de rentrer aux vestiaires avec seulement quatre unités de retard (21-17, MT).

Mathieu Grebille impérial et en forme internationale

L’espoir d’une folle remontée des Gardois est cependant vite balayé par la force de frappe d’un certain Mathieu Grébille (10 buts), de retour en sélection et au plus haut niveau après ses multiples blessures. Ses qualités physiques lui permettent de transpercer très facilement une arrière-garde nîmoise à l’arrêt. Il a dévoilé toute l’étendue de sa palette technique de classe mondiale à l’orée de la trêve internationale. Le deuxième acte se déroule sur courant alternatif et le MHB comme la Green Team de Franck Maurice retombent dans leurs travers et exploitent maladroitement les situations en attaque placée. De son côté, Patrice Canayer en profite pour faire tourner et mettre au centre des débats la jeunesse de son effectif (Fabregas, Truchanovicius, Faustin…) qui termine le travail sans difficultés majeures. Montpellier, en mal de confiance en championnat après son revers la semaine dernière à Saint Raphäel est resté maître de la situation sans être inquiété au cours d’un match ouvert mais rapidement plié (3730, FM). Les jours prochains s’annoncent plus difficiles pour des Nîmois qui enchaînent les prestations en demi-teinte et qui vont devoir se remettre sur le chemin de la gagne malgré les blessures et ce face à Dunkerque en difficulté dans le championnat.

Les réactions:

Valentin Porte (arrière droit, Montpellier) : « C’est toujours bien de gagner un derby pour la confiance surtout à domicile, cela permet de donner de l’expérience à l’ensemble du groupe qui est jeune et qui doit encore s’améliorer sur des rencontres de ce niveau. Avec des matches tous les trois jours, on se remet en question constamment sur l’efficacité de notre défense. A la mi-temps, lorsqu’on se prend 17 buts par une équipe amoindrie ce n’est pas normal. Toutefois, on a fait le spectacle ce soir avec 37 buts marqués et des beaux gestes, en ce qui concerne la défense on repassera. »

Mathieu Grébille (arrière gauche, Montpellier) : « Ce soir, la rencontre n’était pas facile contrairement à ce que peut faire penser l’écart à la fin. On a fait un match de qualité en attaque mais avec pas mal de problèmes en défense. Du coup, il faut vraiment qu’on travaille là-dessus, parce que le jour où l’on aura moins de réussite en phase offensive ça va être très compliqué de gagner des matches par la suite. »

Jean-Philippe Haon (ailier gauche, Nîmes) : « Je pense qu’on a fait une bonne première mi-temps, mais on a rapidement été épuisé ce qui a nous a fait manquer de lucidité. Le coach a fait pas mal de turn-over en première, après la fatigue est arrivée et c’était forcément plus compliqué face à une équipe solide comme Montpellier. En ce qui concerne le poste de pivot de ce soir, j’avais déjà fait quelques piges à ce poste mais vraiment pour dépanner, et de s’y remettre pour un derby ce n’est pas l’idéal, mais il le fallait donc a fait comme on pouvait pour s’adapter au mieux à ces situations extrêmes. »

Franck Maurice (entraîneur, Nîmes) : « Je reste déçu par notre agressivité défensive sur l’ensemble du match. En attaque, c’était plutôt pas mal car on a réussi à mettre du mouvement. Il y a des motifs de satisfaction, car avant le match il fallait compter sur les forces en présence qui ont bien réagi ce soir, même si on s’est épuisé physiquement. Le rouleau compresseur montpelliérain a fait le reste, car on n’avait pas les moyens physiques de rester au contact. La trêve internationale arrive au bon moment pour nous, on va remobiliser les troupes et repartir de l’avant pour la rencontre face à Dunkerque dans deux semaines. De toute façon, si on veut bien postuler à la fin du championnat, il va falloir retrouver de l’agressivité à coup sûr. »

Patrice Canayer (entraîneur, Montpellier) : « Je pense que c’était une belle soirée, je me suis bien régalé et j’espère que les gens dans les tribunes ont apprécié. C’était un match avec beaucoup de buts, de vitesse et la possession de balle a été disputée. On dit souvent que les derbys sont des matches fermés, mais chaque derby a son histoire. A titre personnel, je suis assez satisfait de la manière dont on a contrôlé le score et le déroulé du match, mais avec un bémol sur les vingt premières minutes au niveau défensif qui n’ont pas donné satisfaction. On perdait systématiquement les duels même si Nîmes est une équipe très performante sur ces phases là. Cela me confirme le fait que depuis trois semaines, nous n’avons pas réalisé d’entrainement axé sur la défense les veilles de matches. Cette équipe est en devenir mais pas complètement mature pour la compétition et si on n’insiste pas sur les manques on va vite être débordé. L’âge des joueurs dans l’axe central de la défense peut expliquer ces entames poussives, et le fait que par moment ils sont plus intéressés par marquer des buts que de ne pas en prendre. […] En ce qui concerne Michaël Guigou (NDLR: absent pour ce match) pour le moment il n’est pas arrêté par le staff médical du club donc cela est sans doute lié à des problèmes de fatigue de son propre avis. »

Fiche technique :

MONTPELLIER : Gérard (14/40 arrêts dont 0/4 pen.), Portner (0/4 dt 0/1 pen.) – Anquetil, Simonet (1/2 but), Causse, Truchanovicius (1/2), Toumi (5/6), Grébille (10/13), Dolenec (cap., 3/4), Zvizej (2/3), Kavticnik (7/9 dt 4/5 pen.), Faustin (1/1 dt 1/1 pen.), Fabregas (1/1), Porte (5/9), Bingo (1/2).

NIMES : Rezar (6/23 arrêts dont 1/4 pen.), Desbonnet (5/25 dt 0/2 pen.) – Poyet (1/1), Haon (3/3), Rebichon (cap., 2/4), Podsiadlo (2/3), Dupuy (2/4), Brun (4/5), Gudjonsson (8/14 dt 4/4 pen.), Bello, Tobie (5/8), Tesorière (2/2), Grandjean, Alexandre, Sretenovic, Aguirrezabalaga (1/4).

De Montpellier, Hugo Lauzy.

Montpellier-Nîmes, le résumé par LNH