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Nicolas Tournat, fin de la parenthèse
Ces derniers temps, peu de joueurs en France ont suscité un tel débat. Pourquoi Nicolas Tournat, le pivot du HBC Nantes, ne se voit-il pas donner sa chance en équipe de France ? Après quelques forfaits, le joueur de 23 ans s'est finalement vu appeler par Didier Dinart et Guillaume Gille.
Les mots sortent de la bouche de Thierry Anti, l'entraineur du HBC Nantes, qui couve son poulain au quotidien : "Pour moi, Nicolas est le meilleur pivot que la France ait d'un point de vue offensif". A 58 ans, le technicien nantais n'est pas exactement un adepte du compliment hypocrite. Et d'ailleurs, nombre de supporters nantais menaient campagne depuis le début de saison pour voir leur pivot préféré appelé sous le maillot bleu. Mais, face à la concurrence, il faut croire que Nicolas Tournat, du haut de ses 23 ans, ne doit se contenter que des miettes et d'une place de numéro quatre dans la hiérarchie du poste. Mais le voilà, au rassemblement de l'équipe de France, profitant des absences et prêt à partir pour le Danemark, exactement deux ans après sa première convocation, également à l'occasion d'une étape de la Golden League. "Didier m'a appelé alors que j'étais parti passer le weekend chez mes parents. J'ai mangé et j'ai fait demi-tour tout de suite !" sourit le pivot, qui n'affiche dont le compteur n'affiche qu'une petite sélection pour l'instant. "Il m'a dit lundi que je n'étais pas là pour être dans les tribunes et qu'il allait me laisser ma chance. A moi de la saisir !"
Pas d'amertume ni de frustration
Au vu de son année 2017 avec le H, on comprendrait presque que Nicolas Tournat ressente un poil de déception à l'annonce des listes de l'équipe de France. Cédric Sorhaindo, Luka Karabatic et Ludovic Fabregas, invariablement, ces trois-là lui passent devant. Quand on pose la question à Thierry Anti, celui-ci botte en touche : "Il faudrait lui demander s'il a été déçu. Mais si c'est le cas, c'est bien quelque part, ça veut dire qu'il est dedans, qu'il se sent concerné." Mais l'intéressé reste beau joueur : "Quand on voit la concurrence, il y a de gros clients donc je n'ai pas grand chose à dire. Ils sont présents, ils sont forts. Bien sûr que j'ai envie d'y être dans cette équipe, porter le maillot bleu c'est quelque chose d'exceptionnel, mais je continue à bosser avec le club". Sans que, pour l'instant, Didier Dinart ne sente le besoin de changer une hiérarchie qui fonctionne très bien et qui ne devrait pas être bouleversée dans l'immédiat. Pourtant, le sélectionneur ne ferme pas la porte à Nicolas Tournat et lui dit, entre les lignes, de se tenir prêt. "Si on a appelé Nicolas sur cette Golden League, c'est pour pouvoir anticiper en cas de blessure et aussi pour voir un joueur qui a montré de très belles choses en championnat. Les quatre pivots sont susceptibles de jouer pendant les trois matchs à venir".
Kielce oui, avec ou sans pénaltys
Si Didier Dinart n'a pas prévu de changer ses plans dans le futur proche, son mentor, Talant Dujshebaev, n'a pas hésité à miser trois ans à l'avance sur le pivot nantais, qui s'est engagé à Kielce à partir de...2020. "Je voulais vraiment partir à l'étranger, et le projet proposé par Kielce ne pouvait pas me laisser insensible" souligne Tournat, dont le départ prévu de façon aussi précoce ne manque pas de faire réagir son entraineur. "La question qui se pose est : que sera Kielce en 2020 ? C'est dangereux, car pour pas mal de clubs en Europe, Paris, le Vardar et d'autres, si l'actionnaire s'en va... Je peux comprendre les arguments de Nicolas mais promettre que tu auras une équipe compétitive dans trois ans, c'est s'avancer un peu trop à mon goût". Kielce sera-t-il un monstre européen dans trente-six mois ? Dur à dire, mais Talant Dujshebaev est bien résolu à faire de Nicolas Tournat le successeur de Julen Aguinagalde. Et même, pourquoi pas, aux jets de sept mètres, dont, selon Thierry Anti, il serait un des spécialistes à l'entrainement. "Il dit ça mais il ne me laisse pas les tirer en match !" éclate de rire le géant niortais en guise de conclusion. Un sourire, comme symbole du plaisir qu'il compte bien prendre pendant cette semaine internationale. Sans se soucier de savoir si celle-ci sera suivie d'une nouvelle parenthèse...
Kevin Domas