EdF (M)
La vie sans Luka
Les Français ont perdu Luka Karabatic, un de leurs piliers défensifs, pour le reste de la compétition, mais ils vont devoir se relever de ce coup dur avant leur premier vrai test dans ce championnat du monde, demain face à la Norvège (17h45).
L'heure n'était pas à l'abattement, ce matin, dans le camp français, malgré la blessure de Luka Karabatic. Touché au niveau du ligament tibio-fibulaire ("une blessure assez rare" selon le docteur Pierre Sébastien), le pivot du Paris Saint-Germain va repartir dans son club pour laisser la place à Dika Mem. L'arrière droit de Barcelone n'est pas encore sûr de faire son entrée dans la compétition ce dimanche et pourrait bien ne pointer le bout de son nez que mardi face à la Russie. Ce changement, en tout cas, va forcer Didier Dinart et Guillaume Gille à revoir leurs ajustement défensifs, notamment en décalant le gaucher Adrien Dipanda dans la charnière centrale. "Nous avons fait le choix de rappeler Dika, qui est capable de défendre au poste 2 et de décaler Adrien sur un poste 3. Nous aurons donc quatre défenseurs centraux, et ce décalage nous permettra de continuer à faire les rotations pour rester dans la continuité de ce début de Mondial" a expliqué Didier Dinart, qui a donc préféré rappeler un cinquième gaucher plutôt qu'un Benjamin Afgour, quatrième pivot dans la hiérarchie. "Les joueurs qui ont fait la préparation sont déjà prêts tandis que nous n'avons pas fait le suivi des autres, qui pourraient donc se retrouver en décalé par rapport au reste du groupe" a insisté Dinart.
N'Guessan de retour
La bonne nouvelle, en revanche, est venue de Timothey N'Guessan. Touché au talon dimanche dernier face à la Slovénie, il fera son retour demain après avoir été ménagé vendredi. Il viendra renforcer un côté gauche qui a donné pas mal de satisfactions sur les deux premiers matchs, que ce soit William Accambray ou Olivier Nyokas, utilisé aussi bien à l'aile que sur la base arrière. Une bonne nouvelle quand on sait que ce dimanche, c'est la Norvège qui sera proposée aux Bleus, et que le match sera sans doute d'un tout autre calibre que ceux face aux Brésiliens et aux Japonais. "On va clairement monter d'un cran, sans vouloir faire injure à personne" acquiesçait Dinart, tout en rappelant les antécédents entre les deux équipes. La Norvège reste sur deux victoires face aux Bleus, dont une dernière à l'Euro en janvier dernier qui avait privé la France d'une place dans le dernier carré. "On s'est fait écraser au niveau de l'envie et du mental, et on est dans un sport de combat. Et si tu n'avais pas plus envie que les gars en face, cela ne marche pas" résume Michaël Guigou, dont la réussite aux jets de sept mètres, ainsi que celle de Kentin Mahé, est en berne depuis le début de la préparation.
"Sagosen, il a la cartouchière pleine"
En face, Sander Sagosen est également loin d'atteindre des sommets statistiques, mais il n'en a cure. 3/13 au premier match face à la Pologne, suivi d'un 6/10 plus propre contre la Russie aujourd'hui, le futur joueur du PSG a carte blanche du haut de ses 21 ans. "Sagosen, il a la cartouchière pleine, beaucoup de liberté lui est laissée dans cette équipe" décrypte Guillaume Gille. "Il est dangereux par sa capacité à tirer mais aussi à gagner ses duels en un contre un. Mais on a des armes à mettre en face de lui, il va falloir le mettre dans des situations où ses choix seront difficiles". Le futur coéquipier de Nikola Karabatic, son idole, à Paris a fait de la France son favori pour la première place et sait très bien qu'une victoire demain ferait presque figure d'exploit. "La France est grande favorite mais sur un match, tout est possible, on l'a montré à l'Euro dernier" disait-il après la première victoire face à la Pologne. "Notre objectif est de finir dans les deux premiers de la poule". La France, en cas de victoire demain soir, ferait un grand pas vers la qualification. Mais face à un adversaire aussi dangereux que la Norvège, il ne va pas falloir trébucher. Et la blessure de Luka ne pourra pas servir d'excuse.
L'adversaire : La Norvège
Rappelez vous cette vague rouge qui a déferlé sur l'Europe il y a tout juste un an. Certes, ni titre ni médaille n'attendait au bout, mais les Norvégiens montraient, enfin, leur capacité à exister au plus haut niveau. Coïncidence avec l'éclosion d'un Sagosen déjà mûr ? Sans doute un peu, mais c'est toute une génération qui s'est affirmée en Pologne. "Il y a certes Sagosen, mais ils ont aussi deux ailiers très efficaces, un Lie Hansen (à gauche) capable de faire une grosse perf' et un Myrhol toujours aussi efficace sur le poste de pivot" décryptait Guigou hier matin. Avec une grosse défense, 22 buts de moyenne encaissés sur les deux premiers matchs et une grosse capacité de jouer sur le jeu de transition. Finalement, les mêmes ingrédients que la saison passée. Comme les Français avec Luka, les Vikings ont perdu en cours de route un élément important en la personne d'Harald Reinkind, l'arrière droit des Rhein-Neckar Löwen, touché aux abdominaux. Mais, tout comme eux également, ils retrouveront Ole Erevik dans la cage, le gardien d'Aix ayant fait son retour hier face au Japon.
A Nantes, Kevin Domas