Mondial 2017 - Japon
Appelez le Rémi Anri Doi
"Je peux dire que j'ai le coeur japonais". Voilà les premiers mots d'Anri Doi, plus connu en France sous le nom de Rémi Feutrier. L'ailier gauche de Chambéry participe à sa première grande compétition avec le Japon et ne parle que d'une chose, de prendre du plaisir.
L'histoire d'Anri Doi, c'est celle d'un Franco-Japonais de 27 ans qui a commencé, ce jeudi, à croquer à pleine dents dans son premier championnat du monde de handball. Pour ainsi dire, il n'y a pas un an, l'actuel joueur de Chambéry n'avait encore jamais revêtu la tunique du Japon, mais il est désormais un pion incontournable de l'effectif nippon, dont il est un des deux seuls expatriés. Pour lui, la trajectoire a été plutôt tortueuse puisque, né à Paris, il a vécu au Japon avant de revenir en 2012 à Chambéry, d'abord pour ses études et aussi, pour suivre la trace d'une de ses idoles. "Mes idoles étaient Stéphane Stoecklin et Jackson Richardson. Je savais qu’ils avaient été formés à Chambéry donc le choix s’est fait comme ça" raconte-t-il, dans un français parfait. "Moi j'étais venu au départ pour étudier le français et voir les matchs de Chambéry le weekend. Quand je me suis retrouvé dans le vestiaire du Phare avec Bertrand Gille à côté de moi, j'ai cru que je rêvais". Et voilà comment, à 27 ans, il se retrouve dans une sélection japonaise déjà lancée dans sa préparation des jeux olympiques de Tokyo, prévus en 2020.
Une expérience à l'étranger bénéfique
Et pour cela, les dirigeants de la fédération n'ont pas lésiné sur les moyens. Antonio Carlos Ortega, Dagur Sigurdsson dès février, les noms succèdent pour éviter d'être la risée du monde handballistique dans trois ans et demi. Et si les joueurs tardent encore à s'exporter, ils feraient bien de suivre l'exemple d'Anri Doi, qui, à l'entendre, n'en a retiré que des bienfaits. "La mentalité est complètement différente. En France, vous avez une mentalité pour le combat et c'est pour cela que vous êtes forts dans les sports collectifs" résume-t-il. Il est vrai que les Japonais auraient presque un air d'enfants trop proprets, mais ils n'ont pas eu peur face aux Russes hier soir, tenant tête à des joueurs qui leur rendent vingt centimètres. Et ils n'auront pas peur non demain, face à la France. "On ne va pas regarder le score, on sait que l'objectif est d'emmagasiner de l'expérience avant les jeux" résume l'ailier gauche, dont une bonne partie de la famille sera encore dans les tribunes nantaises ce soir. "Vous ne pouvez pas manquer mon père, avec son rond rouge et son chapeau du Mont Fuji, c'est un peu notre mascotte !" rigole-t-il. Et des encouragements, Rémi Feutrier en aura bien besoin face à l'équipe de France. Pardon, Anri Doi...
A Nantes, Kevin Domas