Starligue
S. Cambriels : "Entrer dans l'Arena ne doit être qu'une étape"
Stéphane Cambriels, le manager général du Pays D'Aix, est un homme occupé ces jours-ci. Très occupé, même, alors que son club s'apprête à inaugurer une Arena d'Aix flambant neuve mercredi prochain, à l'occasion de la cinquième journée de Lidl Starligue, avec la réception de Chambéry. Mais au milieu de toute cette agitation, il a quand même pris le temps d'évoquer, pour Handnews, les enjeux qu'un tel événement implique pour son club.
Stéphane, combien de fois votre téléphone sonne-t-il ces jours-ci ?
(Rires) Je reçois une centaine d'appels par jour et je dors trois ou quatre heures par nuit.
Y'avait-il de la tristesse lorsque vous avez joué votre dernier match à domicile au Val de l'Arc il y a quinze jours ?
On a quitté le Val de l'Arc avec un pincement au cœur, plus grand que quand on est parti de Bobet. Au Val de l'Arc on a vécu beaucoup de choses, on y vivait bien, ce n'était pas confortable mais on s'y sentait chez nous. Il y a forcément un peu de nostalgie mais elle est atténuée par le fait qu'on part pour mieux.
Quels changements un tel changement d'environnement implique-t-il ?
On a noué avec notre public et nos partenaires une vraie relation de confiance, on sait qu'il va falloir maintenir tout cela dans un espace plus grand et plus spacieux. Il va falloir qu'on s'approprie ce nouvel outil. Quand on a fait visiter l'Arena en travaux aux bénévoles ou aux licenciés, les deux mots qui reviennent tout le temps sont "dimension supplémentaire". Certains ont évoqué une crainte du changement ou la perte de nos habitudes, je les comprends. Nous avons conscience qu'il va falloir travailler et s'attacher à être vigilant à ce que chacun s'y retrouve. On ne va pas pouvoir aller serrer les mains de 5000 personnes à chaque fois, il va donc falloir créer une proximité avec le public et les partenaires et c'est un vrai défi.
Ressentiez-vous comme un obligation à jouer dans une salle plus grande ?
Continuer à faire évoluer le club en restant au Val de l'Arc aurait été très compliqué, il y aurait eu un essoufflement à un moment, et après l’essoufflement vient souvent la stagnation puis la régression. Nous avions constaté une certaine érosion dans notre relation avec le public ces derniers temps, au niveau de la qualité de l'accueil par exemple. Nous avions pris nos habitudes, nous étions tombés dans une espèce de routine. L'arrivée dans l'Arena va nous permettre d'attirer un nouveau public, la télévision plus régulièrement, de nombreuses personnalités vont venir mercredi alors qu'elles ne sont jamais venues au Val de l'Arc. L'entrée dans l'Arena doit nous donner un nouvel élan pour continuer à faire avancer le club.
A combien estimez-vous les retombées financières de l'entrée dans l'Arena ?
Il est compliqué de répondre, mais je peux vous dire combien cela va coûter au club en termes de structuration, que ce soit au niveau du staff sportif, mais aussi des administratifs, au marketing, à la billetterie... Nous allons offrir une belle offre catering avec un traiteur local, toute la gestion de l'outil va nous couter 1.4 millions d'euros. C'est un poids complètement indépendant de la masse salariale, par exemple, que le club doit supporter. Il faut donc que nous générions, avec nos partenaires et la billetterie, 1.4 millions d'euros. Nous avions, la saison passée, 1.3 millions d'euros de recettes partenaires, nous sommes cette saison à 2.4 millions, donc le compte y est presque. Sachant que nous avons 600 abonnés, et que la dynamique est bonne, je suis plutôt confiant.
"Avoir un outil comme celui-là, ça simplifie tout"
Qu'est-ce que cela va changer dans la vie quotidienne du club ?
Avoir un outil comme celui-là simplifie tout. Le club a posté des photos sur les réseaux sociaux, mais il reste encore beaucoup de choses que nous n'avons pas encore montrées, que ce soient les vestiaires, la salle de musculation, tout cela va créer des bonnes conditions de travail pour tout le monde. Quand on montre l'Arena, même en travaux, à des joueurs, cela facilite leur choix et je n'ai pas peur de dire que, désormais, le projet du PAUC peut attirer des joueurs de bon calibre.
Vous aviez lancé en 2013 le projet EHF 2017, qui avait été vu par de nombreux acteurs du handball comme étant quelque peu fantaisiste. Ressentez-vous comme une envie de leur dire "Vous voyez, on vous l'avait dit" ?
Absolument pas. A l'époque, il n'y avait aucune volonté de bomber le torse ou de défier qui que ce soit. Quand on lance ce type de projet, c'est avant tout pour nous. Alors, sur le moment, cela va en énerver certains, d'autres vont penser qu'on se voit plus beaux qu'on ne l'est. Mais pour moi, annoncer qu'on peut être en mesure de postuler à une coupe d'Europe en 2017 il y a quatre ans entre dans la même schéma qu'annoncer qu'on veut jouer le top 5 en début de saison. A quoi bon se cacher ? Cela n'aurait pas de sens. On se donne les moyens de le faire, quand on voit les joueurs de notre équipe, personne ne nous dit qu'on n'a pas les moyens de finir européen en mai. Mais cela ne veut pas dire qu'on sera en coupe d'Europe l'an prochain. Si on finit huitième, ou sixième, eh bien on recommencera jusqu'à y arriver, j'espère, un jour.
"Le club est actuellement là où on voulait aller"
Vous parlez souvent des responsabilités qu'implique l'entrée dans cette nouvelle salle. Ressentez-vous plus de pression que les années passées ?
Sportivement, avoir un tel outil ne met pas de pression supplémentaire, on a essayé de faire en sorte que le sportif n'ait pas d'impact sur la vie du club, qu'on puisse avoir les mêmes ambitions quels que soient les résultats. On est conscient de la nécessité d'avoir cet outil-là, car cela permet d'accélérer la transformation du club. Mais je sais très bien qu'un train déraille d'autant plus fort qu'il va vite et que ce n'est pas parce qu'on a l'Arena qu'on va avoir des bons résultats. L'Arena va nous aider mais il faudra avoir bien géré tous les autres paramètres, sportifs ou non, avant. Pour l'instant, on est en phase avec le projet, mais on sait que celui-ci sera jugé sur la durée.
Quand vous vous retournez et que vous regardez le parcours accompli ces dernières années, que vous dites-vous ?
Quand je suis tout seul dans ma salle de bain, je me dis "mais qu'est-ce qu'on est bon" (rires). Non, je plaisante. Mais je crois que, là où est le club est actuellement correspond à là où on voulait aller. Mais attention, on sait aussi que c'est juste une étape, que le chemin n'est pas fini. Quand on commence à s'arrêter et à se dire qu'on a fait beaucoup de choses, c'est le début de la fin. Monter en première division a été une étape, entrer dans l'Arena va être une étape, jouer devant 5000 personnes, ce qui est une première dans la région, va en être une autre, essayer de battre Chambéry au moins une fois dans notre vie aussi. Et il faut continuer à voir plus loin, je rêve d'être à la place de Montpellier ou Nantes un jour, accueillir la Champions League à l'Arena...
Théo Derot traverse des moments compliqués, y'a-t-il quelque chose de prévu pour lui mercredi ?
Ce sera très léger, car nous n'avons pas trop envie de mettre cela en avant, et je pense que cela le mettrait mal à l'aise. De toute façon, Théo est avec nous, tout le temps, il a sa place dans le vestiaire, on n'attend qu'une chose, c'est qu'il revienne. On fait comme s'il était là, tout le temps. Alors mercredi, il y aura sans doute quelque chose sur les écrans géants, les garçons s'échaufferont avec un t-shirt pour montrer qu'ils pensent à lui, mais nous ne mettrons pas l'accent sur ça. Car Théo est bien présent avec nous.
Propos recueillis par Kevin Domas