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Sander Sagosen, prêt à passer la vitesse supérieure
Des trois recrues parisiennes de l'été, il est certainement celui qu'on connait le mieux. Le Norvégien Sander Sagosen a quitté sa Scandinavie natale pour venir renforcer encore un peu plus l'effectif XXL du Paris Saint-Germain. Et selon ceux qui l'ont régulièrement cotoyé, il a toutes les chances de s'y faire une place.
Il fêtera ses 22 automnes dans deux semaines, au lendemain du premier match du Paris Saint-Germain face à l'US Ivry en Lidl Starligue. Mais Sander Sagosen est déjà présenté comme LA recrue estivale du championnat de France. Kiril Lazarov pourrait bien lui disputer ce titre honorifique et complétement subjectif mais il faut avouer qu'en séduisant la pépite norvégienne, Paris a frappé fort. Tous les cadors européens étaient sur le coup, de Flensburg au Vardar Skopje en passant par Rhein-Neckar Löwen, mais la perspective de rejoindre la capitale a été la plus séduisante, après trois ans passés du côté d'Aalborg, au Danemark. "C'était le bon moment pour lui de rejoindre un grand championnat. Sander s'est développé de façon très rapide lors de ses trois années au Danemark. Malgré son jeune âge, il joue déjà de façon très mature et c'est logiquement qu'il était le meilleur joueur de notre championnat la saison passée" note Aron Kristjansson, l'actuel entraineur d'Aalborg. Champion la saison passée, le club danois en est d'ailleurs au stade de la reconstruction après le départ de son demi-centre. Témoin, la lourde défaite en Supercoupe mardi soir face à Skjern (17-27), où les rouges sont apparus comme orphelins de leur maitre à jouer. "La saison passée, Sander était notre joueur le plus important, avec beaucoup de responsabilités et une grande partie de notre système offensif était bâti de telle façon qu'il prenne les shoots ou fasse la dernière passe. Il a très bien géré cette pression et réalisé une très belle saison" se souvient son désormais ex-coéquipier Arnor Atlason, passé par Saint-Raphaël.
Atlason : "Il sait les efforts à fournir pour être parmi les meilleurs"
Leader dans son club, Sander Sagosen l'est aussi avec la sélection norvégienne. Ce n'est pas un hasard si les Vikings se retrouvent sur le devant de la scène au moment où un joueur de classe mondiale éclot dans leurs rangs. Capable de passer treize buts à l'équipe de France en mai dernier, le néo-Parisien avait emmené les siens dans le dernier carré d'un Euro 2016 dont il avait été élu meilleur demi-centre et en finale du dernier Mondial. "Des prestations qui montrent qu'il est prêt à se confronter à ce qu'il se fait de mieux dans le monde du handball" acquiesce Ole Erevik, l'ancien portier d'Aix et de la sélection norvégienne. Mais le Norvégien n'est pas seulement un leader offensif, il est aussi un véritable meneur d'hommes, qui n'hésite pas à dire ce qu'il pense dans l'intimité du vestiaire. Bien sûr, son aura ne sera pas immédiatement la même à Paris que ce qu'elle était à Aalborg la saison passée. Si Aron Kristjansson parle de lui comme "un joueur qu'on aime avoir dans son équipe", c'est encore Arnor Atlason, qui l'a côtoyé pendant un an, qui en parle le mieux : "Sander est très mature pour son âge et déjà un modèle sur et en dehors du terrain. Il sait les efforts à fournir s'il veut être parmi les meilleurs joueurs du monde". Les grands de la planète handball, le Norvégien va les côtoyer tous les jours du côté de Coubertin, où il pourrait définitivement prendre son envol vers un destin de futur meilleur joueur du monde qui se profile au loin. "Il a les qualités pour avoir du temps de jeu au Paris Saint-Germain. Avec seulement trois autres joueurs sur la base arrière, il ne va pas passer sa saison sur le banc" continue Ole Erevik.
Pas de nuage à l'horizon
Devant tant de retours positifs, compliqué de trouver un obstacle à l'épanouissement de Sander Sagosen au Paris Saint-Germain. Bien entouré sur le terrain, comme en dehors où il retrouvera son amie Hannah Oftedal, qui joue à Issy-Paris, il n'y a guère que sur sa capacité physique à s'adapter à la Lidl Starligue que le doute subsiste. Aussi talentueux qu'il soit, Mikkel Hansen n'a pas toujours apprécié de se faire secouer par Rock Feliho et consorts, et nul doute que la nouvelle recrue parisienne va avoir le droit au même type de baptême du feu cette saison. "Sander a beaucoup travaillé physiquement ces dernières saisons et il est devenu très robuste" observe Aron Kristjansson, tandis qu'Ole Erevik ajoute un petit bémol. "Cela ne m'étonnerait pas qu'il ait besoin d'un peu de temps. Pas parce qu'il n'est pas prêt physiquement, mais parce que dans le championnat français, on pratique un handball très différent de celui pratiqué en Scandinavie". Difficile de se faire une idée sur les matchs de préparation, puisque les Parisiens n'ont joué réellement qu'un match face à une équipe française (Saint-Raphaël), avant d'effectuer une tournée au Danemark, où il a réalisé deux bons matchs, face à Skjern et Aalborg, son ancien club, scorant à quatre reprises chaque soir. Pas de quoi s'enflammer, de l'avis de tous les participants, qui pensent encore que Sagosen possède une belle marge de progression. "Il est déjà un joueur de classe mondiale, mais il devrait commencer à bosser son shoot, qui finit toujours au même endroit quand il est fatigué" conclut un Ole Erevik rieur. Sous la houlette de Noka Serdarusic, il y a peu de chances que ce genre de choses puissent passer...
Kevin Domas