CAN 2018 - Gabon
P.Morel : "Atteindre le top 8"
C’est aujourd’hui que débute la vingt-troisième édition du Championnat d’Afrique des Nations à Libreville, au Gabon. Cette année, le pays-hôte sera entraîné par un duo français : Jackson Richardson et Pablo Morel. A quelques heures du début de cette compétition, l’ancien entraîneur d’Issy-Paris nous parle de sa nouvelle vie.
L’après – IPH
"Après ma rupture avec Issy-Paris Hand, j’ai d’abord pris du repos pour digérer cette fin d’aventure. Puis je suis allé voir la pratique du handball à l’étranger. J’ai passé dix jours à Györ, je suis allé en Suède, en Espagne… Je me suis baladé dans plusieurs endroits pour voir comment les autres travaillaient en Europe.
Au moment de rependre un poste, j’ai eu la chance d’avoir le choix : des clubs masculins et féminins m’avaient contacté, de France mais également de l’étranger comme en Espagne ou en Russie. J’ai été étonné et rassuré de voir que mon travail pouvait être reconnu et que plusieurs dirigeants pensaient à moi. Parmi ces propositions se trouvait celle du Gabon.
A l’époque, j’étais dans une période de changement. Je n’ai pas fait le tour de la LFH, loin de là, mais je souhaitais travailler ailleurs, découvrir autre chose. Retravailler avec des garçons m’intéressait également. J’ai donc choisi d’accepter le projet gabonais, un projet solide et ambitieux avec l’objectif excitant de participer à la CAN.
Aujourd’hui, je ne regrette pas du tout mon choix."Le binôme avec Jackson Richarson
"Travailler en duo avec Jackson Richardson a fini de me convaincre de venir au Gabon. Nous avions des amis communs dont mes agents qui ont également joué avec Jack il y a quelques années. Dès notre première rencontre, le feeling est bien passé. En nous associant, le Gabon souhaitait deux choses : apporter de la crédibilité et une personne renommée sur le plan international avec Jackson. Et avoir un homme de terrain pouvant rester au pays tout le temps : moi. « Jack », c’est un joueur que je regardais à la télé (rires) ! Je suis très content de cette collaboration aujourd’hui."
"Mon plus gros travail concernait la détection"
Sa nouvelle vie de sélectionneur
"Être sélectionneur ou entraîneur de club sont deux fonctions complètement différentes. Lors de notre arrivée au Gabon, nous avons d’abord rencontré Nicole Asselé, alors ministre des sports, puis le président Ali Bongo. C’est dire l’importance qu’accorde le pays au handball aujourd’hui.
Pendant neuf mois, j’ai rencontré tous les acteurs du handball gabonais : entraîneurs, joueurs, présidents de clubs, DTN du pôle cadet… Mais le plus gros de mon travail concernait la détection. Lorsque nous sommes arrivés au Gabon, nous souhaitions partir d’une feuille blanche. De toute façon, tout était arrêté depuis six mois.
Depuis notre arrivée, nous avons organisé six stages avec l’équipe nationale soit un rassemblement tous les mois et demi. Depuis avril dernier, j’ai passé dix jours en France avec ma famille et quinze à Dijon en stage avec la sélection. Je n’ai pas du tout eu le temps de m’ennuyer !"
Le handball gabonais
"Par le passé, il existait une vraie dynamique handballistique au Gabon. Grâce au pétrole, plusieurs investisseurs, dont des Français, étaient présent à Libreville ou à Port-Gentil et sponsorisaient les clubs locaux. Certains participaient aux compétitions continentales comme la Ligue des Champions d’Afrique ou la Coupe d’Afrique des vainqueurs de Coupe et les résultats étaient au rendez-vous ! Du même coup, la sélection prenait forme petit à petit. Mais les cours du pétrole ont ensuite chuté. Les clubs ont alors eu moins de sous et les meilleurs joueurs sont partis à l’étranger.
Après les dernières élections présidentielles en août 2016, tout s’est arrêté. C’est pour cette raison que nous sommes arrivés avec Jackson, pour relancer le handball local. Après avoir emménagé à Libreville, j’ai pu assister à la Coupe du Gabon où tous les clubs du pays étaient réunis sur dix jours et le championnat de l'estuaire (nldr : province de Libreville) a été relancé. Mais depuis neuf mois, le handball du pays a essentiellement vécu au rythme des rassemblements de la sélection nationale."
La sélection du Gabon
"Lors de nos différents stages, nous avons du faire beaucoup de choix. Au Gabon, plusieurs joueurs ont des qualités physiques très intéressantes mais, au-delà de ce simple aspect, nous avons pris les garçons ayant une vraie capacité à se fondre dans un projet collectif. En sélection, la dimension humaine est très importante.
Lors des dix derniers jours, nous nous sommes rassemblés une dernière fois avec l’arrivée de cinq bi-nationaux. Ces derniers ont d’ailleurs été extrêmement bien accueilli par le groupe. Humainement, c’est très agréable.
Nous avons joué deux matchs amicaux contre la RDC, habituée des quarts de finale lors des dernières CAN. Les résultats (20-20, 32-27) nous prouvent qu’on pourra batailler pour accrocher le top 8, notre objectif."
Les objectifs avec la sélection
"Ne pas se qualifier pour le mondial ne serait pas un échec. Ne pas sortir de poule serait un échec. Notre objectif est donc d’accrocher le top 8. Mais, s’il est possible de faire mieux, nous ne nous en priverons pas.
Notre deuxième objectif est de relancer la dynamique du handball au Gabon. Nous savons qu’un bon voir très bon résultat à la CAN sera forcément une locomotive pour y arriver. Nous nous sommes engagés pour deux ans pour accompagner au mieux ce sport dans ce pays."
"Battre nos voisins géographiques"
Les adversaires lors de la CAN (Tunisie, Algérie, Cameroun et Congo en poule)
"Le Gabon a terminé avant-dernier de la dernière CAN donc chaque adversaire est à prendre très au sérieux. Nous voulons battre le Congo et le Cameroun, nos voisins géographiques. En neuf mois, on espère avoir suffisamment progressé pour sortir vainqueur de ces derbys à domicile. Ensuite, nous verrons à quelle place nous finirons dans notre poule.
Je pense que l’Angola, l’Algérie, la RDC et le Maroc sont des adversaires que nous pouvons inquiéter même s’ils sont meilleurs que nous sur le papier. Enfin, la Tunisie et l’Égypte sont les deux favoris. Mais on s'en préoccupera le moment venu, si jamais nous avons la chance de les affronter, j'espère, le plus tard possible dans la compétition. La première priorité est de battre nos voisins.
J’espère que le public sera là pour nous soutenir. Nous allons devoir les convaincre de venir nous voir pour nous encourager. Je pense que le scénario du second match amical face au RDC leur a plu, lorsque nous avons retourné la situation dans les dix dernières minutes… Les supporters congolais, camerounais, angolais et tunisiens devraient aussi être en tribunes."
La vie au Gabon
"Lorsque je suis arrivé à Libreville, un autre paramètre m’a rassuré : la présence de Joël Cesarin, sélectionneur féminin qui est un très bon ami puisque nous avons joué ensemble en France ! Nous étions voisins à Paris et nous voilà voisins au Gabon. Nous vivons dans un quartier assez populaire, entourés de Gabonais. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de trop sillonner le pays mais, avec les quelques sorties que j’ai pu faire, j’ai découvert des endroits vraiment magnifique. Le Gabon, c’est 80% de verdure. Une fois sorti de Libreville, tu peux croiser un éléphant au coin de la rue ! Et puis quand je skype ma famille en France qui m’explique qu’elle a froid, qu’il pleut et qu’il y a du vent en métropole, je peux vous dire que c’est très agréable d’être en t-shirt tout l’année !"
Le programme du Gabon à la CAN : Contre le Congo, le 17 à 18h30 Contre l'Algérie, le 18 à 19h Contre la Tunisie, le 19 à 19h Contre le Cameroun, le 22 à 19hClément Domas