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Adrien Dipanda ou le bonheur tardif

, par Dalibor

En deux ans, Adrien Dipanda s'est affirmé comme étant une des pièces presque incontournables du système défensif mis en place par Didier Dinart et Guillaume Gille. Itinéraire d'un joueur pas en avance.

Si Adrien Dipanda était un vin, on dirait sans doute de lui que c'est une vendange tardive. Mais, de toute évidence, le vin n'est pas plus mauvais quand il prend un peu d'âge. Il lui en aura fallu, du temps, à l'arrière droit de 29 ans pour finalement s'imposer en équipe de France, comme il lui en a fallu en club pour trouver sa vitesse de croisière. A Montpellier, Patrice Canayer le faisait même jouer ailier, un peu désespéré de ne pas voir ce grand gamin issu du centre de formation répondre à ses attentes. Parti à Léon pendant une saison, celui qui a commencé sa carrière sportive au tennis a enfin trouvé un cadre qui lui convient du côté de Saint-Raphaël. Qui lui a permis, le jour de son vingt-septième anniversaire, de fêter sa première sélection. C'était à Toulouse, face à la Macédoine. Et depuis, il n'a plus quitté le maillot bleu. "J'ai cru à un moment que le train était passé, mais j'ai réussi à le rattraper à la dernière seconde" raconte-t-il désormais. Et désormais, dans le TGV bleu, il occupe un siège première classe. Ses huit buts en une mi-temps face à la Russie, l'an passé au Mondial, ont fait taire ceux qui ne voyaient en lui qu'un défenseur brutal. Et, peut-être pour la première fois de sa carrière en bleu, sa sélection apparait comme une évidence. "Il est un joueur précieux. C'est un couteau suisse, il peut jouer aux deux postes centraux en défense, faire le jeu de transition, bien jouer au poste d'arrière" énumère Didier Dinart, le sélectionneur. "Il fait le pompier si besoin. J'aime beaucoup son état d'esprit, il est toujours disponible, toujours disposé à aider l'équipe."

"Une vraie culture du collectif"

Ce sens du collectif, c'est aussi une chose sur laquelle Joël Da Silva, son entraineur sur la Côte d'Azur, insiste beaucoup quand on lui parle de son joueur. "Il a une vraie culture du sport collectif et sait se mettre au service de l'équipe. J'en ai fait un des leaders de mon effectif et il ne s'efface pas devant ses responsabilités" appuie celui qui le côtoie quotidiennement depuis quatre ans. Sur la préparation du prochain championnat d'Europe, il a été cantonné, le plus souvent, à une présence défensive et au jeu de transition, avant de s'effacer pour laisser la place à un de ses coéquipiers. Certains auraient sans doute tiqué, d'autant plus s'ils avaient déjà prouvé par le passé leur capacité à assurer des deux côtés du terrain. Mais ce n'est pas le style de la maison. "Ce n'est pas frustrant, c'est un rôle que j'ai déjà eu en club dans des moments où ce n'était pas forcément facile pour moi. Je le connais, on en a discuté avec Didier. Il y a beaucoup de gauchers, c'est tant mieux pour l'équipe, s'il faut ne faire que ça pour gagner, aucun souci pour moi" sourit-il. Et tant pis si ce rôle le force à rester dans l'ombre.

"Profiter, ce n'est pas être spectateur"

Car, comme son coéquipier en club Raphaël Caucheteux, Dipanda est déjà bien content de ce qu'on lui offre. Avec le plaisir pris par ceux à qui on n'a pas tout offert tout de suite, il croque dans sa chance d'avoir été champion du monde en janvier dernier et d'être encore dans le groupe France qui a embarqué pour la Croatie. Et de côtoyer certains des glorieux ainés. "Chaque stage de l'équipe de France, je le prends comme le dernier même si je fais tout pour qu'il ne le soit pas. De la même manière, jouer à Bercy, il faut en profiter. C'est le sens de ce que peuvent nous dire Thierry Omeyer ou Daniel Narcisse, qu'une carrière, ça passe vite. Mais profiter, ce n'est pas être spectateur, mais faire ce qu'on attend de toi" appuie-t-il, encore. Presqu'à la manière d'un soldat prêt à se sacrifier pour son équipe, mais à se servir des expériences vécues au combat de par le monde dans son quotidien. "Il a énormément progressé dans sa régularité au contact du groupe France. Il a passé un cap et la sélection l'a fait grandir" dit encore Da Silva, qui se réjouit que deux de ses ouailles porte la tunique bleue à l'Euro. "Cela ne pourra que les faire encore progresser." Adrien Dipanda n'a, lui, qu'une mission en tête. Ramener une médaille de Croatie. Même s'il n'a plus grand-chose à prouver à personne, finalement.

Kevin Domas

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