EdF (M)
Des Bleus anéantis
L'équipe de France s'est inclinée ce soir face à l'Espagne, en demi-finale du championnat d'Europe. Pour tant favoris, les Bleus n'ont jamais trouvé la clé pour faire déjouer leurs adversaires.
Après six victoires en autant de matchs, l'équipe de France a trébuché au moment où il le fallait le moins, quand une défaite coupe tout de suite la route du titre. Pourtant, ils semblaient prévenus du danger représenté par cette équipe d'Espagne. Des attaques longues, une véritable science tactique, tout cela avait été évoqué hier, mais pourtant, c'est le piège dans lequel sont tombés les hommes de Didier Dinart. Dur de pointer un secteur où ils ont vraiment failli, ou un où ils ont vraiment pris le dessus, d'ailleurs. 27 buts encaissés ? Ce n'est pas tant que ça, au final. Même si les gardiens, sur les quarante minutes ont été aux abonnés absents, la performance est correcte. "Mais ils ont perdu très peu de ballons, et on les a laissé attaquer une minute trente. Et quand on n'arrive pas à mettre en place notre jeu rapide, à mettre des buts faciles, on est tout de suite en danger" notait Adrien Dipanda. Si les Espagnols n'ont quasiment pas rendu de ballons, les Français, eux, en ont fait cadeau de sept dans le seul premier acte. Avec, comme symbole, cette passe de Nikola Karabatic interceptée à dix secondes de la fin, son quatrième ballon perdu de la première période. Derrière, Sole impeccable au sept mètres a donné six buts d'avance aux siens au repos (15-9). A la plus grande colère de Valentin Porte : "Ne marquer que neuf buts en première mi-temps, c'est honteux. On ne s'est même pas donné les moyens d'exister. Et je n'ai aucune explication à ça".
Ils ont pourtant failli revenir...
Le gaucher n'aura sans doute pas non plus d'explication au début de première période fantomatique des siens. Toujours sur le même plan, des tirs ratés par une attaque cherchant le duel à tout prix, et une défense finissant toujours par se faire piéger au bout du bout de la possession. Avec comme résultat, un débours de neuf buts à un quart d'heure de la fin (23-14, 44'). "A la pause le match est plié, on revient un peu mais on n'y croit pas. Ca n'arrive qu'une fois sur cent les choses comme ça" continue un Porte particulièrement remonté. Ils n'y croyaient pas, d'autant plus qu'Arpad Sterbik faisait pleurer tout le monde sur pénalty, avec trois arrêts dans l'exercice. Et pourtant, les Français ont relevé la tête, peut-être enfin soulagés de l'enjeu. Romain Lagarde est, enfin, entré sur le terrain et sa fraicheur a regonflé le moral de tout le monde. Son coéquipier Cyril Dumoulin s'est mis à faire des arrêts et au bout de neuf minutes sans but, on voyait clairement les Espagnols regarder l'horloge avec une certaine impatience (23-20, 50'). "C'est clair qu'on a eu peur. En face, c'est l'équipe de France, avec toute son expérience" disait Eduardo Gurbindo. Mais Luc Abalo a raté la balle de -2, sans doute un tournant, puisque les Espagnols ont ensuite remis un coup de gaz, pour ne jamais être rejoints. "On a brulé beaucoup d'influx à revenir, à la fin, on est morts" essayait de justifier l'ailier droit, tandis que Vincent Gérard regrettait "d'avoir vu les bonnes attitudes, un peu limites, mais dans le bon sens" un peu trop tard.
Se relever pour aller chercher le bronze
Ce soir, on ne peut s'empêcher de penser que l'équipe de France est passée à côté de son sujet lors de cette demi-finale. Qu'il y avait beaucoup mieux à faire que de s'incliner de cette façon et que, collectivement, elle a semblé inhibée. "On joue de façon trop tactique, trop cérébrale et cela peut nous jouer des tours" notait Luc Abalo, tandis que Valentin Porte n'y allait, lui, pas par quatre chemins. "A un moment, on veut trop bien faire, les bonnes combinaisons, les bons placements mais pour gagner ces matchs là, il faut mettre le couteau entre les dents et y aller en se foutant la gueule par terre. Une demi-finale de l'Euro contre l'Espagne, ça ne se joue pas sur un tableau noir, mais avec la tête et ce qu'il y a plus bas. Et ce soir, il nous manquait un peu les deux" assène-t-il. Didier Dinart, de son côté, voulait avant tout "retenir le positif de cette quinzaine. Ce soir, il n'y a pas à se plaindre, à rougir ou à contester. L'erreur est chez nous, on n'a pas fait ce qu'il fallait pour aller chercher cette rencontre et le sport de haut niveau, ça paye immédiatement. Charge à nous de tirer les enseignements et de ne pas faire les mêmes erreurs." Pour aller chercher la médaille de bronze dimanche et ne pas finir l'Euro sur une sale impression.
Les statistiques :
FRANCE - ESPAGNE 23:27 (9:15) Arbitres : Slave Nikolov, Gjorgji Nachevski (MKD)
France : Dumoulin (7 arrêts / 20 tirs dont 2/6 pén), Gérard (3 arrêts / 17 tirs dont 0/3 pén); Rémili (0/1), Lagarde (3/4), Mem (1/2), N. Karabatic (3/8), Mahé (3/6 dont 2/3 pén), Abalo (1/4), Sorhaindo (6/6), Guigou (1/2 dont 0/1 pén), L. Karabatic, Claire, Dipanda (1/1), Porte (3/4), Tournat, Caucheteux (1/2 dont 1/2 pén)
Espagne : Sterbik (3 arrêts / 5 tirs dont 3/5 pén), Corrales (10 arrêts / 31 tirs dont 0/1 pén); Gurbindo (2/4), Rivera (1/2 dont 0/1 pén), Entrerrios (6/8), A. Dujshebaev (1/3), Sarmiento (3/5 dont 0/1 pén), Aguinagalde (2/4), Canellas (2/4), Morros, Arino (1/1), Guardiola, Goni (0/1), Sole (7/9 dont 6/7 pén), Balaguer (1/2 dont 1/1 pén), Figueras (1/1)
A Zagreb, Kevin Domas