Euro 2018 (M)
Tactique et défense, points forts de la Roja
Ancien entraîneur de Veszprem et ex sélectionneur de la Hongrie, l’espagnol Xavi Sabaté incarne un handball ibérique moderne également porté par de nombreux entraîneurs espagnols aux quatre coins de l’Europe. A quelques heures de la demi-finale entre ses compatriotes et la France (18h, en direct sur M6 et BeIN Sports), il explique à Handnews comment la Roja peut faire vaciller les Experts.
Lorsque nous lui avions demandé avant le début de l’Euro de nous présenter les différentes équipes en lice sur la ligne de départ, Xavi Sabaté avait dressé une carte d’identité des points forts de la Roja. « La tactique est sa plus grande force, nous disait-il alors. La variété de ses systèmes défensifs, ses excellents gardiens et sa grande qualité tactique en attaque aussi bien collectif qu’individuel sont ses plus grandes armes. » A quelques heures d’un duel fratricide entre la France et l’Espagne, le technicien espagnol n’hésite pas une seconde à l’heure de désigner ceux sur qui la pression reposera à la Zagreb Arena sur les coups de 18h. « La France s’inscrit comme le favori de cet Euro par la qualité et la variété de joueurs qu’elle a à sa disposition, analyse-t-il. C’est également la sélection qui a démontré le meilleur niveau de jeu de façon régulière durant tout le tournoi. »
G. Gille : « Défensivement, ils sont très joueurs »
Didier Dinart, qui connait mieux que personne le handball ibérique, son jeu et ses évolutions, est prévenu : il faudra se méfier de l’arrière garde de la Roja. C’est d’elle que pourrait venir le plus grand danger ce soir. « Dans ce type de match à élimination directe, c’est sans aucun doute la défense et les gardiens qui sont décisifs, poursuit Sabaté. C’est une somme de petits détails qui fait que chaque ballon peut être déterminant au final. » Guillaume Gille, le sélectionneur adjoint des Bleus, ne dit d’ailleurs pas le contraire. « Défensivement, l’Espagne est très joueuse. Elle tend des pièges, elle dissuade, elle ouvre et elle ferme les espaces, induit des courses… Les joueurs ont des savoir-faire assez fins. Ils sont assez experts dans l’art de lire l’attaque adverse pour poser des problèmes de continuité sur les croisés. »
Réputés pour leur sens aigu de la tactique, les espagnols savent que c’est sur ce terrain-là qu’ils peuvent contrecarrer les plans français. « Le facteur tactique, des deux côtés du terrain, est l’une des forces de l’Espagne, confirme l’ancien entraîneur de Veszprem. Ses gardiens sont aussi l’une de ses vraies forces. C’est sur eux que cette sélection va s’appuyer pour tenter de masquer ses faiblesses. Dans ces matches à élimination directe, tout le monde sait que tout peut se passer sur une rencontre. »
La France, bête noire des espagnols
Battue en quarts de finale des JO 2012 par les Bleus (23-22), puis en demi-finale de l’Euro 2014 (30-27) et du mondial 2015 (26-22), l’Espagne va retrouver des Experts qui lui ont très souvent coupé les ailes dans le dernier carré par le passé. « Je pense que le facteur psychologique est fondamental dans le sport, et la France démontre qu’elle est très forte en la matière, affirme Xavi Sabaté. Les français savent qu’ils sont les favoris et savent jouer comme personne avec cette pression. Ce que fait cette sélection française depuis dix ans est spectaculaire. » Et Guillaume Gille de conclure : « Les récentes passes d’armes ont été assez disputées et je m’attends à ce que cette demie ne déroge pas à la règle. » On a déjà hâte d’y être.
Olivier Poignard