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Kentin Mahé, le handball à l'international
On n'a pas posé à Kentin Mahé l'éternelle question concernant son arrivée dans un club français. Car celle-ci n'a jamais vraiment eu lieu d'être et ne sera peut-être jamais à l'ordre du jour. Le demi-centre de 27 ans a toujours été à l'aise hors de nos frontières, et il n'y a pas de raison que ça change. On vous dit demi-centre, mais ce serait réduire Mahé à un seul poste, l'enfermer dans une case dont il ne veut décidément pas. Et son histoire le dit plus que tout. A sa naissance, en 1991, son père, Pascal, porte encore les couleurs de Créteil. Huit ans plus tard, il mettra le cap sur l'Allemagne et Dormagen, où il restera pendant une quinzaine d'années. Si le paternel, en 2013, reviendra en France, Kentin restera fidèle à l'Allemagne, son pays d'adoption. "Quitter la France, ça n'a pas été simple pour moi. De par mon père, mon coeur est français. Mais, avec le recul, connaitre l'école allemande, y suivre mon cursus, cela a été bénéfique" explique-t-il. Il y a rencontré sa petite amie, sa fille y est née l'an passé et, sur le plan handballistique, il y a joué pendant 18 ans. Des catégories jeunes de Dormagen à la saison passée à Flensburg, il a eu le temps de s'imprégner du style de jeu local. Enfin, c'est ce qu'on serait tenté de penser car lui n'est pas du tout de cet avis : "Même si j’ai évolué dans des clubs allemands, ma culture de jeu ne l’est pas pour autant. En dehors du terrain, tout ce qui est médiatique, organisation, oui. Mais pas le projet de jeu, je n’ai eu qu'un entraineur allemand que pendant deux ans. Derrière, j’ai croqué le handball français depuis 2010 en équipe de France et ma palette est plus française qu’autre chose."
Le jeu à l'Espagnole, une corde de plus à son arc
Sead Hasanefendic, Emir Kurtagic, Martin Schwalb, Christian Gaudin, Ljubomir Vranjes pour ne citer que les principaux, les nationalités des entraineurs qui ont croisé la route sont variées, tout comme les préceptes de jeu qu'ils ont tenté de lui inculquer. S'il y avait bien un style auquel Mahé n'avait pas encore goûté, c'est l'école espagnole. Mais, désormais la case est cochée. A Veszprem, où il évolue depuis le début de la saison, Vranjes a rapidement été remplacé par David Davis, élève de Raul Gonzalez, lui même disciple de Juan Carlos Pastor, un des pères spirituels du handball à l'espagnole. Une forte défense, un jeu axé sur les combinaisons autour du pivot, voilà ce qui est désormais au menu dans le club qui présente le plus gros budget d'Europe. "Cela enrichit ma palette, cela ne peut être qu'un plus. Comme beaucoup de joueurs en équipe de France évoluent dans ce système, cela permet d'ajouter de la cohérence" ajoute celui qui a réussi à se faire sa place en Hongrie. Car, là-bas, tout n'a pas été simple. "Cela a été un grand huit, entre la préparation où je ne jouais pas beaucoup, le départ de Vranjes et la fin de l'année où j'ai eu plus de temps de jeu. Je m'entraine avec des grands joueurs sur chaque poste tous les jours, cela me permet de m'améliorer" continue Mahé.
L'absence de Nikola, une chance pour lui ?
En équipe de France, l'absence de Nikola Karabatic pourrait bien lui ouvrir des portes. Sur le poste de demi-centre, évidemment, mais aussi sur celui d'arrière gauche, comme on a pu le voir lors des matchs du mois d'octobre. Là aussi, Kentin Mahé va partout, fait un peu tout et ça lui va très bien. "Cette polyvalence est une force. Je préfère ça plutôt que de me cantonner à un domaine dans lequel je saurais tout faire" explique-t-il. Donnant une nouvelle fois raison à Didier Dinart quand il le décrit comme un "couteau suisse." Avec Valentin Porte, il fait partie de cette génération qui fait le lien entre les cadres à la Sorhaindo et les nouveaux arrivants. Il n'y a pas si longtemps que ça, Mahé était parmi ceux-là, même si on l'oublie parfois, sa première sélection remonte à 2010. Depuis, il est passé par tous les états. Tous les postes. Grapillant, à droite et à gauche, pour se constituer un sympathique petit baluchon handballistique.
A Berlin, Kevin Domas