EdF (M)
La France tient son "match référence"
En l'emportant avec la manière face à l'Espagne cet après-midi (33-30), la France a marqué les esprits. Mais elle a aussi mis un coup sur la tête à un adversaire direct dans la course à la qualification pour le dernier carré.
Depuis quelques jours, les joueurs de l'équipe de France n'en faisaient pas un secret. Ce match contre l'Espagne, pour leurs débuts dans le tour principal du championnat du monde, c'était le rendez-vous à ne pas manquer. Question d'ego, évidemment, vu comment les Ibériques les avaient giflés alors qu'ils ne s'y attendaient pas au dernier championnat d'Europe en Croatie. Mais aussi sur un simple plan sportif, puisqu'une victoire mettait quasiment hors-course les Espagnols. Ce soir, après l'avoir emporté 33-30, les Bleus comptent trois points d'avance et le goal-average particulier sur cet adversaire direct. Et ce n'est pas rien. Et s'ils ont gagné sur le terrain, les Français l'ont fait avec la manière et ils tiennent sûrement là "un match référence" comme le soulignait Nikola Karabatic. "Ce match va nous donner beaucoup de confiance. On a très bien joué en attaque, notre meilleur match depuis longtemps." Dans un match qu'on attendait défensif, âpre, tactique, les Français ont fourni, par dessus tout, un récital offensif. 33 buts marqués face à une nation majeure, il y a bien longtemps qu'on n'avait pas vu ça. Et le danger est venu de partout. De la base arrière, où Dika Mem et Melvyn Richardson ont fait des étincelles. Mais aussi de Ludovic Fabregas à l'intérieur. Le Barcelonais a été trouvé onze fois par ses partenaires. Et si Arpad Sterbik l'a fait pleurer en seconde période, comme pas mal de ses coéquipiers d'ailleurs, il a mis un sacré bazar dans la défense espagnole. "L'objectif était de mettre du rythme, d'aller les défier pour que les espaces s'ouvrent. On a respecté le plan de jeu qu'on s'était donné" confiait le pivot bleu après la rencontre.
Les bleus sereins
Plus que la qualité technique, plus que la justesse tactique de cette équipe de France, ce qui a frappé, c'est cette sérénité. Que ce soit en début de match, quand il a fallu harceler l'attaque espagnole d'entrée, ou en début de seconde période, quand Sterbik a fermé la baraque pour permettre aux siens de revenir sur une énième contre-attaque de Ferran Sole, les Bleus n'ont jamais dévié d'un iota de leur ligne directrice. Comme s'ils savaient qu'à un moment ou à un autre, leurs efforts allaient finir par payer. Même le coaching baroque des gardiens par Didier Dinart ne les a pas déconcentré. "Nos deux tours jumelles nous ont stabilisés en défense. On savait que la décision allait se faire dans les dix dernières minutes et qu'il fallait faire preuve de sang-froid" appuyait Didier Dinart. Quand les choses se sont corsées en fin de match, les Bleus évoluaient pourtant avec Dika Mem et Melvyn Richardson sur la base arrière, 42 matchs internationaux à deux. Mais le Montpelliérain a tout fait exploser, comme il l'avait fait au Final Four de la Champions League, au même endroit, il y sept mois. Quatre buts, aucun échec, aucune perte de balle, la copie n'est pas loin du 20/20. "Il a été exceptionnel, il faut le féliciter. C'est plaisant de voir qu'on fait des changements et que les joueurs nous donnent raison" confirmait Didier Dinart, qu'on avait rarement connu dithyrambique. Après avoir accroché l'Allemagne en début de semaine, les bleus ont fait tomber un adversaire sacrément plus coriace. Demain, ils pourraient continuer leur course vers les demi-finales en battant l'Islande. En attendant, ils ont lavé un affront, et avec la manière.
Les statistiques :
FRANCE - ESPAGNE 33:30 (17:15) Arbitres : H. Kleven, L. Jorum (NOR)
FRANCE : Dumoulin (2 arrêts / 8 tirs dont 0/1 pén), Gérard (11 arrêts / 34 tirs dont 0/3 pén)); Rémili (2/5), Lagarde (), Richardson (4/4), Mem (6/8), N. Karabatic (1/1), Mahé (4/7 dont 2/2 pén), Grébille (2/3), N’Guessan (2/3), Abalo (1/3), Guigou (4/7 dont 3/4 pén), L. Karabatic, Fabregas (6/11), Dipanda, Porte
ESPAGNE : Sterbik (11 arrêts / 28 tirs dont 0/3 pén), Perez de Vargas (1 arrêt / 15 tirs dont 0/2 pén); Gurbindo (1/1), Fernandez Perez, R. Entrerrios (5/9), A. Dujeshabev (3/4), Sarmiento (4/6), Aguinagalde (1/1), Cannelas, Morros, Gomez, Arino (1/2), Guardiola (1/2), Goni (0/1), Sole (11/12 dont 3/4 pén), Figueras (3/5 dont 1/1 pén)
A Cologne, Kevin Domas