EdF (M)
La vie sans Niko
Pour la première fois depuis 2003, l'équipe de France débutera une grande compétition internationale sans Nikola Karabatic. Une absence qui pourrait peser lourd mais qui n'apparait en rien comme rédhibitoire.
15 ans. La dernière fois où Nikola Karabatic n'était pas sur le terrain lors du premier match d'une grande compétition avec l'équipe de France, c'était il y a plus de 15 ans. Depuis le championnat du monde 2003 au Portugal, jamais l'incassable demi-centre n'a manqué à l'appel. Mais cette fois, il n'a pas pu faire autrement . La faute à un orteil douloureux qu'il a fallu opérer en octobre et qui n'est pas encore tout à fait remis. Didier Dinart a tout essayé pour ne pas que le sujet phagocyte complètement l'espace médiatique, que la sempiternelle question de son hypothétique retour ne revienne pas tous les quatre matins. "Je ne veux pas d'un spectre avec des espérances" disait le sélectionneur en début de préparation. Pour les espérances, on n'en est pas encore là, l'ainé des Karabatic n'ayant pas, officiellement du moins, repris la course. Pour le spectre, en revanche, c'est raté, puisqu'outre la liste des 16, l'absence du triple meilleur joueur du monde était au coeur des débats à la veille du départ pour l'Allemagne.
"Niko est absent, c’est un joueur majeur, c’est normal qu’on parle d’une telle absence dans une équipe de France" disait Ludovic Fabregas quand on lui demandait si, à force, cela ne devenait pas un peu fatiguant qu'on lui pose la question. Le Barcelonais gardait en tout cas le sourire quand il s'agissait d'évoquer le sujet, qui évidemment, est revenu dans les pattes de Luka, son cadet. Lui aussi n'a jamais connu une aventure en bleu sans son frère. "C'est particulier pour tout le monde, pas seulement pour moi. Il a toujours été un leader, un atout majeur pour l'équipe de France, et il va falloir apprendre à vivre sans lui. Ce qui va nous manquer le plus ? Son leadership dans les moments difficiles, peut-être..." disait le pivot du Paris Saint-Germain avant de décoller pour l'Allemagne.
Plus de responsabilités pour chacun
Car si, depuis l'arrivée de Didier Dinart, les rôles sont plus répartis en équipe de France qu'ils ne pouvaient l'être il n'y a pas si longtemps, dans les moments chauds, c'était toujours vers "Niko" qu'on se tournait. Un ballon important ? Une défense à ne pas manquer ? A coup sûr, il était sur le terrain. Cette fois, il va bien falloir trouver des solutions et que certains sortent du bois, notamment sur la base arrière. "C’est un des leaders qui parlent dans les moments compliqués. Tout le monde va devoir monter d’un cran en terme de prestation" continue Fabregas.
En attaque, les responsabilités risquent d'être plus réparties. Mais si Karabatic a pu, par le passé, masquer certains manques, notamment sur le poste d'arrière gauche, cette fois, il n'y aura pas la place pour s'échapper. Le jeu de l'équipe de France va-t-il se voir transformé pour autant ? Pas si sûr, comme on a pu le voir lors des deux tests face à la Slovénie. Moins de duels, plus de jeu autour, notamment pour Nicolas Claire et Romain Lagarde mais, dans l'ensemble, on n'a pas changé du tout au tout.
Sorhaindo va faire sans son ami
Dans le vestiaire, si les qualités de rassembleur de Nikola Karabatic pourraient venir à manquer, pour d'autres, c'est un peu plus que ça. Ce n'est pas un secret que Cédric Sorhaindo et lui entretiennent une relation pour le moins privilégiée, renforcée par leurs deux saisons communes à Barcelone. "C'est pas mal d'émotions pour moi, depuis 13 ans que je suis en bleu, je n'ai jamais fait une compétition sans lui, ça va me faire bizarre" disait ce mardi le capitaine de l'équipe de France.
Mais Sorhaindo a aussi l'expérience de ces compétitions où, malgré l'absence de tel ou tel taulier, l'équipe de France a quand même été en mesure d'aller chercher, à minima, un podium. "On ne peut pas le remplacer, mais on peut afficher un état d'esprit sans faille. Notre force de caractère doit nous pousser à faire de très grandes choses, peu importe qui est sur le terrain" finit-il. Nul doute que l'absence de l'icône du Paris Saint-Germain serait brandie comme raison en cas de contre-performance de l'équipe de France au championnat du monde. Mais elle a tout à gagner en performant en son absence. Elle ne sera alors pas meilleure, ni moins forte. Juste différente. Mais au moins, les joueurs n'auraient plus besoin d'aborder le sujet...
Kevin Domas