LFH
Laura Kamdop : “J’aurais aimé un peu plus de respect de la part de Fleury”
L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Le 11 février, le président du Fleury Loiret Handball, Jean-Pierre Gonthier, annonçait son intention de quitter la présidence du club, lassé de se battre pour obtenir des moyens par les politiques locaux. Et forcément, dans ce genre de situations, il y a des victimes collatérales. La pivot Laura Kamdop, revenue au club en 2017, a vu les négociations en vue de prolonger son contrat stoppées net. Et elle n’apprécie pas vraiment la situation…
- Comment vivez-vous la situation actuelle à Fleury ?
- Ce n’est pas compliqué pour tout le monde, puisque pour les joueuses sous contrat, le président a bien dit que les contrats allaient être assurés. Pour moi, c’est plus compliqué, parce que je suis en fin de contrat. Nous sommes très peu, et je suis même probablement la seule, à être dans cette situation et nous ne savons pas forcément de quoi va être fait l’avenir.
- Comment avez-vous vécu l’annonce du président Gonthier de quitter la présidence du club ?
- Je ne l’avais pas vu venir. Quand je suis venue à Fleury il y a deux ans, on m’a dit qu’il y avait un projet jusqu’en 2021 et que le président était engagé jusqu’à cette date. Donc forcément, j’ai été très surprise. Il nous a expliqué ses raisons, je les comprends tout à fait. Je le connais depuis que je suis arrivé au club quand j’avais 16 ans. Il a beaucoup donné pour le club. Tout ce qu’il a fait et apporté, je l’en remercie. On a vécu de très belles années avec lui à l’époque de Frédéric Bougeant. Je peux comprendre qu’il soit fatigué et déçu des engagements extérieurs, même si ce sont des problèmes politiques qui ne me regardent pas. En tant que sportive, j’ai été déçue et choquée par son annonce.
- Vous vous sentez prise en otage ?
- Complètement. J’étais en discussions plus qu’avancées avec le club, ma prolongation était quasiment conclue et, au final, depuis cette histoire, tout est en stand-by. De plus, on parlait à ce moment là d’une prolongation sur du long terme avec même des discussions autour d’une reconversion future donc un vrai projet bâti avec le club depuis de nombreuses semaines.
- Pourtant, on a cru lire ça et là que c’était réglé…
- On entend beaucoup de bruits, que Laura a resigné, que tout est réglé, mais il n’en est rien. Je veux mettre les choses au clair, je n’ai signé nulle part et je ne me suis pas ré-engagée avec Fleury. Actuellement, le club ne communique pas avec moi et laisse entendre à certains que les négociations avancent. Mais je ne suis pas au courant. Quand on m’appelle pour me féliciter de ma signature, ça finit par être agaçant. La réalité est malheureusement beaucoup plus simple puisque je suis en fin de contrat et le club m’a signifié, par l’intermédiaire de mon agent, que la proposition initiale que j’avais de leur part dans les mains ne pourrait être honorée.
- Des gens ont-ils intérêt à faire courir des rumeurs pour faire croire que vous allez prolonger ?
- Je ne sais pas du tout. Quelqu’un l’a dit, mais je n’ai aucune idée d’où ça peut venir, et certainement pas de moi. Quand j’ai vu le papier dans l’Equipe, j’étais abasourdie. J’ai été contactée par plusieurs personnes pour me féliciter, mais je ne comprends toujours pas. Je voulais rectifier le tir, rien n’est fait et actuellement, on est plus au point mort que sur une avancée.
- Il n’y a aucun contact entre vous et le club concernant votre avenir ?
- C’est mon agent qui gère ça. Le staff technique et administratif souhaite me conserver, mais tout est très flou et prend trop de temps. Certains ne sont pas forcément très honnêtes avec moi, même si je peux comprendre que la situation soit difficile pour eux aussi. Mais humainement, je ne le vis pas très bien.
"Etre fidèle et loyale, cela ne paye pas forcément"
- Est-ce que vous vivez d’autant plus mal ce manque de communication du fait que vous êtes au club depuis très longtemps ?
- Bien sûr. Je suis arrivée ici quand j’avais 16 ans. J’ai tout vécu ici, des play-down aux premiers titres et à la Champions League, j’aurais aimé un peu plus de respect. En tant que joueuse, j’ai prouvé ma loyauté au club, j’aurais pu plusieurs fois partir, mais je suis resté. J’ai également pris le parti de ne pas tenir compte des circonstances de mon précédent départ que j’avais vécu de manière assez injuste également. Je vois qu’être fidèle et loyale, cela ne paye pas forcément. Ce sont des valeurs qu’on m’a inculqué depuis mon plus jeune âge et je resterai sur la même longueur d’onde.
- Comment voyez-vous votre avenir désormais ?
- Je suis ouverte à toute proposition. J’avais des propositions en France et sur des projets plus ambitieux sportivement mais, pour Fleury, j’avais mis de côté les propositions car je croyais au projet et à ses perspectives de développement. Au final, je suis dans une situation pas simple. Mon contrat se finit en juin 2019 et je me retrouve sur le marché mais de manière tardive malheureusement.
- Une nouvelle aventure à l’étranger ?
- Ce n’est pas la priorité, mais si projet intéressant il y a, j’y réfléchirai.
- Peut-on dire que la semaine internationale actuelle avec le Sénégal est la bienvenue dans ces moments compliqués ?
- C’est une belle période. On est en Guinée dans de super conditions, il fait chaud, on travaille beaucoup de manière différente, dans une ambiance différente. Je connais très bien l’entraineur, les méthodes de travail sont assimilées. C’est une belle période pour s’évader et penser à autre chose.
- Surtout que ce ne sont pas vraiment des vacances…
- Ah non, pas du tout, on joue des matchs qualificatifs pour les jeux africains qui se tiendront en aout prochain. Ca me tient vraiment à coeur, car ces jeux peuvent nous permettre de nous qualifier pour la CAN 2020 qui aura lieu au Cameroun en janvier prochain.
Propos recueillis par Kevin Domas