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Mondial 2019

Le Qatar, ancien roi du pétrole bien discret

, par Mocanu

Absent du tour principal du mondial, le Qatar s’est contenté de remporter la Coupe du Président à Cologne. La sélection qatarie, qui avait fait sensation il y a quatre ans à domicile en se hissant en finale du championnat du monde, est-elle déjà retombée dans l’anonymat ? Comment expliquer que le Qatar soit (déjà) rentré dans le rang ? Nous avons posé ces questions à Dragan Zovko, ancien sélectionneur de l’équipe junior qatarie (2013), qui décrypte la situation du jeu à sept dans ce riche état du Golfe Persique.

Finaliste à la maison devant son public de Lusail face à la France en 2015, le Qatar a depuis entamé une descente en pente douce sur la scène internationale : 8ème en 2017, il n’a cette année pas vu le tour principal de la compétition et a dû se contenter de la 13ème place. Maigre consolation au pays des pétrodollars, la sélection entraînée par Valero Rivera a remporté la Coupe du Président en venant à bout de la Russie (28-34) à la Lanxess Arena de Cologne. Loin, bien loin de ses ambitions d’antan gonflées à coup de naturalisation d’anciens internationaux, d’Europe principalement. En remportant cette « coupe des nations de seconde zone », les qataris ont finalement renoué avec leur statut d’antan, lorsqu’ils terminaient 16èmes du mondial en 2003 au Portugal. Un autre temps qui laisserait croire que la formule trouvée pour faire bonne figure à la maison il y a quatre ans touche déjà ses limites.

Un pays entier déjà tourné vers le mondial de foot en 2022 ?

« C’est certainement le grand Valero Rivera qui sait le mieux pourquoi son équipe n’a pas réussi à passer au second tour de la compétition cette année, et quelles sont les perspectives pour la suite, avance prudemment Dragan Zovko, l’actuel entraîneur de Besançon (Nationale 1) qui connaît le fonctionnement du système qatari de l’intérieur pour avoir dirigé la sélection junior il y a six ans. Mon avis est basé sur l’interprétation des statistiques officielles, quelques matches que j’ai vus, les infos qu’on peut avoir en écoutant les uns et les autres et mes réflexions et échanges avec certains collègues en France. »

Alors, de quels maux souffre cette sélection qui a tant intrigué la planète handball et au-delà en 2015, se hissant du jour au lendemain sur le devant de la scène mondiale pour en disparaître presque aussitôt après ? Comment mettre des mots sur le mondial décevant du pays de la péninsule arabique ? « Quand on dit que c’est décevant, pour qui cela l’est-il, s’interroge Dragan Zovko. Car, ce qui est « décevant » pour nous, simples spectateurs, ne l’est peut-être pas pour les décideurs fédéraux du Qatar. Il faudrait également savoir quel était l’objectif pour cette équipe, compte tenu du fait que la politique sportive d’Etat vis à vis du handball n’est plus la même et que c’est le foot qui est désormais d’actualité. »

Tourné vers la Coupe du monde de foot 2022, le Qatar, par la voix de son sélectionneur faiseur de miracles en 2015, Valero Rivera, s’était pourtant fixé un objectif mesuré cette année : se qualifier pour le tour principal de la compétition. L’Angola (24-23), la Hongrie (32-26) puis la Suède (23-22) ont tous croqué les qataris lors du tour préliminaire. Qu’il semble loin le temps où le Qatar était devenu la première équipe non-européenne à accéder en finale d’un mondial en 2015. Selon Dragan Zovko, le retour des qataris dans un relatif anonymat s’explique à travers trois facteurs principaux : le volet financier, sportif et l’environnement.

« La politique d’Etat envers le handball n’est plus la même »

« Sur le plan financier et structurel, la politique d’Etat envers le handball n’est plus la même, analyse celui qui a été champion d’Asie U21 en 2012 avec les qataris. Cela entraîne un manque de moyens financiers et, automatiquement, influence la qualité même de leur championnat national, car les bons joueurs étrangers se font plus rares. Les cadres techniques ne sont plus les mêmes. Le Qatar s’est davantage orienté vers l’école espagnole et égyptienne, et moins vers l’ex-école yougoslave et tunisienne par le passé. Tout cela peut paraître paradoxal car les qataris ont des infrastructures excellentes, davantage de savoir-faire et d’expérience, mais moins de résultats. »

Sur le plan sportif, le jeu des qataris s’est également transformé au fil des ans. L’efficace défense 0-6, bien secondée par un duo de portiers performants en 2015 (Saric et Stojanovic), a laissé place à une arrière-garde plus perméable. « En 2015, le jeu qatari, c’étaient des montées de balles peu nombreuses, presque inexistantes, se rappelle Dragan Zovko, mais des attaques placées parfaitement orchestrées par Valero Rivera, avec une grande discipline tactique. J’avais été marqué par l’efficacité des arrières Capoté et Markovic, qui avaient été hors normes, et trois pivots de grands gabarits parfaitement servis par Mallash. »

Sans formation, pas de performance dans la durée

Les statistiques de base ont pourtant peu évolué en quatre ans, avec une moyenne d’âge en légère hausse (28 ans cette année contre 27,3 en 2015), une efficacité aux tirs similaire (58%) mais une efficacité des gardiens en baisse (28% contre 33% en 2015). « Déjà en 2017, le Qatar s’était présenté en France sans six joueurs importants : Stojanovic, Markovic, Memisevic, Fernandez, Hamdoon et Damjanovic, se remémore l’ancien coach de Vernon, Tremblay ou encore Créteil. Cette année, les qataris ont du faire sans deux pivots qui sont aussi de très bons défenseurs : Bassel Alrayes et Hassan Mabrouk. Même pour un technicien de la qualité de Valero Rivera, il est difficile d’obtenir des bons résultats quand « vous n’avez pas des joueurs ».

Seuls quatre internationaux présents cette année au mondial faisaient d’ailleurs partie de l’effectif vice-champion du monde en 2015 : Bertrand Roiné, Rafael Capote, Danijel Saric et Ameen Zakkar. « La paire de gardiens était plus complémentaire en 2015, insiste Dragan Zovko. Ils faisaient davantage peur aux adversaires et rassuraient surtout beaucoup plus leur défense. L’attaque jouait donc plus libérée. Sans Markovic au poste d’arrière droit, Malash en demi-centre ni deux pivots qui facilitaient le travail des arrières, cela pèse forcément dans le jeu. »

Avec une équipe constituée de toute pièce pour le mondial 2015, le Qatar a donné l’impression de négliger la formation. L’émirat gazier a voulu frapper fort à domicile, sans que la pérennité ne soit une priorité. Quatre ans plus tard, les résultats ne sont plus là et la relève n’a jamais vraiment existé. « Pour privilégier un jeu de transition, certes plus risqué mais plus efficace, il faut avoir des joueurs qui peuvent s’inscrire dans ce modèle, explique Dragan Zovko. Et les joueurs, on doit les former. Il ne s’agit pas d’être efficace, il faut aussi être efficient. »

Dans deux ans, des enjeux géopolitiques en Egypte

Enfin, l’environnement autour de la sélection qatarie a drastiquement changé en quatre ans. Valero Rivera, maître tacticien s’il en est, ne peut plus jouer sur l’effet de surprise pour créer la sensation. « Les adversaires connaissent mieux cette sélection, confirme Dragan Zovko. Ils la prennent davantage au sérieux. Il y a aussi l’arbitrage et le facteur chance. Si les qataris n’avaient pas encaissé le but angolais à la dernière seconde de leur premier match cette année, ils auraient peut-être obtenu un meilleur classement dans leur poule. »

Le Qatar n’est-il pas finalement à sa place alors que la hiérarchie internationale reste archi dominée par des sélections européennes, présentes dans le dernier carré depuis de nombreuses années ? « Je pense que les qataris sont actuellement à leur place, tranche Dragan Zovko. Les dirigeants attendront que le mondial de foot en 2022 soit terminé pour, peut-être, « réinvestir » dans le sport qui a fait la fierté de ce pays. Les dirigeants fédéraux, avec à leur tête Ahmad Mohammad Al-Shaabi, sont des gens passionnés, anciens handballeurs pour la plupart, et je pense qu’ils restent ambitieux. »

Dans deux ans, le Qatar retrouvera-t-il le devant de la scène en Egypte, un pays avec lequel les relations diplomatiques sont tendues depuis que les égyptiens ont décidé en juin 2017 de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha ? Il sera aussi question de suprématie dans le monde arabe, et nul doute que le Qatar voudra faire bonne figure. En attendant, Valero Rivera est déjà tourné vers les qualifications pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Une compétition où le Qatar compte bien écrire l’histoire, lui qui n’a pris part qu’à une seule reprise (2016) à cet évènement planétaire si important pour l’image du pays.

Olivier Poignard

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Manix
Manix
5 années il y a

Capote s’est troué

luka
luka
5 années il y a

Le prochain mondial, en egypte c’est dans 2 ans : 2021 !
2023 c’est Suède-Pologne !

Mocanu
Mocanu
5 années il y a
Répondre à  luka

Bien vu, c’est corrigé. Merci !

LeFnake
LeFnake
5 années il y a

Autre signal qui indique que le handball a moins le vent en poupe là bas, c’est la coupe du monde des clubs qui quitte le Qatar pour l’Arabie saoudite.

go
go
5 années il y a

 » Maigre consolidation » il faut peut être lire « consolation »

go
go
5 années il y a

« Maigre consolidation » il faut peut être lire « consolation »

korogho
korogho
5 années il y a

J'ai le sentiment que le handball, et le sport en général, est un peu le joujou du roi au Qatar. On organise un mondial de hand, on engage du monde pour avoir une équipe à court terme. Après on se lasse, et on passe à notre autre joujou, le football. Du coup, on laisse pourrir le premier joujou dans un coin.
Triste conception du sport, à l'image d'un pays qui n'a d'autres valeurs que le paraître et le pognon (histoire de se donner une image virginal face à une communauté internationale aveugle ou complice).
Quand on compare avec le reportage sur la Zambie, où les mecs jouent avec du système D mais une envie de découvrir et aimer notre sport… Je sais vers qui va mon respect.

Thiono
Thiono
5 années il y a

Combien de vrais Quatariens dans la sélection en 2019 ?

cochonne
cochonne
5 années il y a

Bonjour
Sheik Tamim s'est lassé de son jouet qui traîne désormais dans un coin…
Il finira pas le vendre au marché aux puces pour presque rien.
Il ne faut pas se leurrer, les Qataris ne sont pas des philanthropes mais des investisseurs et lorsque les handballeurs s'extasient devant les chiffres de la dernière coupe du monde ils oublient qu'à l'échelle mondiale leur sport ne se trouve qu'aux confins du top 10 des sports les plus générateurs de revenus et que de ce fait il ne représente que de l'argent de poche dont on peut facilement se passer pour ces mêmes investisseurs.
Le risque que la bulle handball qui ne cesse gonfler ces dix dernières années ne finisse par exploser faute d'humilité de nos dirigeants est bien réel …sauf si on considère que le monde se limite à la France, l'Allemagne, le Danemark, la Norvège, l''Espagne et la Russie et là tout va bien…

Julien
Julien
5 années il y a

J ai vu jouer la Qatar a Cologne 2 fois , et je peux dire que même si ils ont des individualités moins fortes, ils ont quand même un jeu assez tactique et suivent très bien les consignes de Riveira. Leur jeu offensif est assez plaisant a voir

Fraatz
Fraatz
5 années il y a

D’accord avec Julien.Rajouter un bon gaucher pour équilibrer la base arrière et vous avez un potentiel top 8.

Averell
Averell
5 années il y a

Ne feignons pas la surprise de voir le Qatar rentrer dans le rang, c'etait courru d'avance.
Ils ont monte de toutes pieces une belle equipe pour leur championnat du monde, mais c'etait uniquement pour le show et la pub.
Y a pas specialement de tradition, y a pas un grand reservoir de jeunes, y a t il un championnat local???
Que va t il se passer quand les Roine, Capote et Saric vont arreter? Ce qui ne va pas tarder car ils ne sont plus tout jeunes…
Fini le Qatar, bye-bye, on ne le reverra plus, ou presque plus, et je pense que peu le regretterons…

cochonne
cochonne
5 années il y a
Répondre à  Averell

Oui tout a fait, c'était pour le show et la pub, mais pas que.
l'objectif des qataris qui savent bien que l'ère du pétrole va se terminer est d'investir dans des secteurs ou nous n'avons pas ou plus les moyens pour faire grimper la valeur et a terme revendre avec d'importants bénéfices.
Aujourd'hui, nous en profitons mais c'est comme si nous avions sauté du dixième étage d'un immeuble et que nous venions de passer le cinquième, nous sommes grisés par la sensation et n'avons pas mal.. et plus ils nous laissent croire que nous pilotons la décente.
Vu que nous revendre tout ça avec des bénéfices est hors de question car nous n'avons pas les moyens, j'espère que le joujou handball ne les lassera pas trop vite histoire qu'on en profite encore un peu.

hand
hand
5 années il y a

Ok le Qatar est rentré dans le rang mais n’oublions que pas plus tard qu’en 2017 en France, ils éliminaient l’Allemagne en 8e et accrochait la Slovénie en Quarts.. Ils ne finissent que 13e cette année mais sont devant des nations comme la russie, la macédoine et ne sont pas si loin de l’islande et de la hongrie.. Pendant ce temps, où sont la Slovénie (3e en 2017, la Pologne (17e en 2017) qui s’est totalement effondrée (absent euro 2018) depuis son échec dans son euro en 2016 avec le départ des cadres ? Franchement, je ne pensais pas revoir le Qatar après 2015 et pourtant ils sont toujours là 4 ans plus tard et seront sans doute encore là en 2020 aux JO et en 2021 en Egypte

Etienne221
Etienne221
5 années il y a
Répondre à  hand

Oui mais c'est une équipe bâtie pour 5 ans maximum. Entre 2015 et 2020. Je serais surpris qu'elle existe encore après les J.O de Tokyo…

Brunhand
Brunhand
5 années il y a
Répondre à  hand

Et ben non, déjà pas aux JO 2020 😀

Etienne221
Etienne221
5 années il y a

Si Bertrand Roiné avait eu un peu de patience, il aurait eu à nouveau sa chance avec l'équipe de France ! Vu les performances poussives de N'Guessan, Lagarde, et l'inconstance d'Accambray, il y avait une place à prendre en équipe de France après Narcisse ! Dommage pour nous…

milka
milka
5 années il y a
Répondre à  Etienne221

Un peu de patience ? facile à dire avec le recul mais il s’est quand même passé 6-7 ans entre le moment où il a quitté la France en 2012 et aujourd’hui où on se rend compte que les ArG en Bleus n’ont pas vraiment le niveau Edf.. Et puis en 2011, il doit sa présence au mondial qu’à la blessure de Narcisse et à une bonne saison avec Chambéry sans blessure mais sinon entre 2011 et 2017, jamais il n’aurait été dans cette équipe sauf avalanche de blessés sur le poste(seulement 20 sélections en bleus dont 8 ou 9 au mondial en Suède…)

Et puis aujourd’hui, il faut rester sérieux lucide parce que Roiné n’a plus du tout le même niveau qu’en 2011 et n’a sans doute même pas non plus le niveau de N’Guessan et Lagarde !

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