N1 (M)
Une poule élite déjà palpitante (1/2)
Après 6 journées, la nouvelle poule élite de Nationale 1 s'affirme déjà comme un championnat très concurrentiel. Pour revenir sur ce début de saison et appréhender les enjeux de la nouvelle formule, les 12 coachs de la poule élite ont accepté de nous livrer leur regard sur ce début de compétition. Première partie du tour d'horizon de la poule élite, avec les clubs non-VAP.
La nouvelle formule de Nationale 1 se détache de la formule précédente par une longue première phase, où 4 poules de 12 équipes affrontent leurs adversaires en matchs aller-retour. Lors de la seconde phase, les 2 premiers de chaque poule croisent avec les autres premiers de poule dans des matchs à élimination directe à partir de quarts de finale pour désigner le champion de N1.
Mais, au delà de la formule sportive, la particularité réside dans la composition de la poule 1, poule dite "élite", où figurent : les relégués de Proligue, les équipes bénéficiant du statut VAP (nécessaire pour monter en Proligue) et les autres meilleures formations de l'exercice précédent. A l'issue de la saison, les deux dernières équipes de la poule élite sont reversées dans les poules 2-3-4, tandis que les 2 équipes non-élite les mieux classées lors des matchs à élimination directe de la 2nde phase se retrouvent promus dans la poule élite. Ce système de montées/descentes peut néanmoins être court-circuité car une formation obtenant le statut VAP démarre obligatoirement l'exercice suivant dans la poule élite.
Des équipes amateures en apprentissage
Difficile, au vu des résultats sportifs de l'équipe d'imaginer que Rennes ne compte aucun professionnel. C'est pourtant le cas de l'association bretonne qui pointe à la 7ème place après 6 matchs et 3 victoires dont des succès de prestige face à Angers ou Caen (29-18). Pierre Le Meur, qui entraîne pour la première fois en N1 après s'être occupé de la réserve du club, peut légitimement s'estimer satisfait du début de saison de son équipe. "On est rassurés par ce début de saison, nous dit-il. On partait un peu dans l'inconnu avec cette nouvelle poule. On devait tous passer un cap et c'est rassurant de voir qu'on parvient à exister à ce niveau". Le collectif breton peut également s'appuyer sur des renforts talentueux avec l'ex-Cessonnais Maxime Derbier (photo ci-dessous) et le jeune gardien Nicolas Busson qui réalise des premiers pas plus que convaincants en N1 et trône à la première place du classement des gardiens du championnat. La meilleure défense du championnat ne se repose néanmoins pas sur ses acquis : "le plus dur commence, et c'est sur la durée qu'il faudra tenir, prévient le coach. On continuera de mettre le bien-être et le bien-vivre ensemble en avant. Quand le groupe fonctionne bien, les resultats sportifs en découlent."
"On est au niveau." A Frontignan, l'entraîneur Benjamin Curabet dresse un tableau positif du début de tableau de son équipe. 10èmes avec 2 victoires et des courtes défaites à Grenoble ou Rennes, les Héraultais sont satisfaits de tenir la comparaison dans une poule d'adversaires souvent mieux armés qu'eux. Avec l'arrivée de Mathieu Lanfranchi sur le banc, et un nombre limité de recrues, dont le retour de Maël Vandelanoote, le club a pu "conserver l'ossature de l'année dernière". Une équipe qui bénéficie notamment de la proximité avec Montpellier ou Nîmes, "ce qui permet de récupérer des jeunes qui ont un projet pro et qui bossent", à l'image d'Alexandre Saidani, qui poursuit des études de kiné. A l'inverse, cette position géographique oblige des déplacements longs et d'autant plus compliqués que les joueurs doivent être au travail ou à l'école le lundi matin. "Toutes divisions confondues, on doit être une des équipes en France qui se déplace le plus, souligne le coach. Mais on ne regrette pas car on veut progresser."
Pau, 11ème place du classement, a plus de difficultés à se hisser au niveau de cette poule élite. Malgré des prestations encourageantes face à Amiens (23-21) ou à Caen, l'équipe du sud-ouest de la France n'a pour l'instant qu'une victoire face à Boulogne, lanterne rouge. L'entraîneur Michel Laborde nous explique néanmoins ses difficultés : Disposant d'un groupe de 19 joueurs, l'équipe n'a toujours pas pu s'entraîner à plus de 13, avec souvent 2 à 4 titulaires absents, la faute à des blessures ou autres raisons professionnelles. Le problème se retrouve aussi en match : "Sur chaque match, il me manque minimum 2 joueurs du 7 majeur". "Le groupe est fataliste, il n'y a pas de professionnel dans l'équipe et la priorité est au travail." explique t-il. Tout n'est néanmoins pas sombre à Pau avec des joueurs pleins d'envie, l'intégration de jeunes joueurs et une défense agressive qui souffre pour l'instant du manque de réussite de ses gardiens. Structurellement, le club évolue et s'ancre dans une démarche de professionnalisation : "Entendre que vous êtes le petit poucet qui fait des miracles c’est sympa, mais c’est usant de ne pas avoir les mêmes armes que les autres et on s'en rend encore mieux compte dans cette poule."
Lanterne rouge avec 6 défaites en autant de matchs, Boulogne n'est pas du genre à se lamenter. Malgré sa déception, l'entraîneur Olivier Le Bail souligne que son équipe est "montée d'une division" en accédant à cette poule élite et n'a pas les mêmes armes que d'autres. "Mais on préfère être petits dans la cour des grands que l'inverse, nous dit-il. On est peut-être pas le club le plus médiatique mais on a des valeurs, un vrai public, 10 joueurs formés au club. Et je pense qu'humainement on est une référence." Centré sur son équipe, le coach francilien se fixe pour objectif qu' "à la fin de l'année, chacun soit meilleur que ce qu'il était en début de saison.". Sur le terrain, l'équipe peut compter sur sa défense 3-2-1 très mobile qui a gêné de nombreux adversaires cette saison et lui a valu, l'année dernière, de terminer meilleure défense de Nationale 1. Avec un projet de jeu basé sur "le dynamisme, l'enthousiasme et la créativité", et un "collectif homogène de 17 joueurs, le temps joue pour nous", expose l'entraîneur, qui sait que des automatismes sont encore à travailler, et que la saison sera longue pour toutes les formations de la poule.
Des non-VAP solidement armés vers la professionnalisation
Avec un match en moins (face à Frontignan), Vernouillet, 4ème, lorgne la 2ème place. Avec une seule défaite à Caen et des victoires face à Angers ou Amiens, la formation d'Eure-et-Loir réalise un départ canon dans cette poule élite. Mohamed Ahouari, nouveau coach et ancien adjoint de Fabien Courtial à Saran, a emmené dans ses valises Yann Gheysen, le jeune ailier gauche Nathan Ambrosino, ainsi que l'ex-sarannais Evaris Muyembo. Un "bon recrutement, ciblé sur les besoins", comme le dit l'entraîneur, qui fait ses preuves même si de nombreux points sont à travailler. La défense "pas encore assez performante" notamment, ainsi que l'appropriation du projet de jeu en attaque, avec 2 nouveaux demi-centres. Le bilan est néanmoins plus que positif sur ce début de saison comme le souligne le coach : "Pour l'instant, on est en avance sur ce qu'on avait prévu."
Comme Angers, Amiens a démarré sa saison par 2 défaites (Vernouillet et Vernon) avant de se lancer sur une série de 4 victoires, dont 2 face aux VAP Sarrebourg et Grenoble. A égalité à la 2ème place, l'entraîneur Pierre-Alain Lavillette rappelle néanmoins que "l'objectif est de se maintenir". Côté effectif, le club mise sur la stabilité avec la volonté de conserver ses joueurs pour "s'inscrire dans la continuité, comme ces 3 dernières saisons". Seule recrue : le jeune arrière gauche Aymeric Lippens, vice-champion d'Europe avec les U20 de Kyllian Villeminot en 2018. Malgré le retrait de partenaires importants, le club picard est un club "en évolution" qui parvient à conserver un haut niveau de jeu et ne "veut pas griller les étapes" sur sa route vers la professionnalisation.
"Notre début de saison est plutôt mitigé". Ibrahima Diallo, coach de Gonfreville, a pour l'instant vu son équipe plus prolifique à l'extérieur qu'à domicile. Le collectif normand n'a néanmoins pas eu des réceptions faciles avec Vernon, ou encore Grenoble dans un duel conclu par un match nul, qui laisse les 2 équipes ex-aequo à la 5ème place. "Sachant qu'on est pas VAP, je pense qu'on est à notre place et espère qu'on sera entre cette place et la 1ère à la fin de la saison" annonce l'entraîneur, qui dispose d'un effectif rajeuni engagé sur un projet de professionnalisation sur le moyen terme. "Il nous faut des partenaires et le meilleur moyen d'en attirer c'est de produire du handball spectacle : ça veut dire être capable de défendre, monter les ballons, courir pendant 1h et ne rien lâcher, il faut rendre le match attrayant."
Antoine Piollat