Starligue
Chartres face à une page (presque) blanche
Quatre après, Chartres retrouve l'élite du handball français. Avec une nouvelle équipe dirigeante, un nouveau staff et un effectif grandement remanié.A la tête duquel débarque le technicien espagnol Toni Gerona.
"Avec Toni, ça a matché tout de suite". Steeve Baron, le nouveau président du C'Chartres Métropole Handball, est sûr de son fait : il ne s'est pas trompé en choisissant son nouvel entraineur. A 41 ans, le Catalan Toni Gerona va connaitre sa première expérience en tant que numéro un dans un club qui retrouve l'élite après une saison 2018/19 tout en contrastes. Sur le terrain, tout a été pour le mieux, avec une montée acquise à trois journées de la fin et un titre honorifique de champion pour couronner le tout. En coulisses, en revanche, tout n'a pas été si rose. Entre les départs d'historiques (Robin Molinié, Sylvain Kieffer) qui espéraient d'autres égards ou la mise à l'écart de Jérôme Delarue, Chartres a alimenté les chroniques des premiers mois de 2019, mais pas forcément pour les bonnes raisons.
Les défis ne font pas peur à Gerona
Dans ces conditions, faire table rase du passé n'est finalement peut-être pas une si mauvaise chose. Nouveau championnat, nouveau coach, huit joueurs fraichement arrivés, on reprend à partir d'une page blanche ou presque sous les flèches de la cathédrale. Mais les défis ne font pas peur à Toni Gerona. Rien ne semble effrayer l'Espagnol parfaitement francophone, d'ailleurs. Sa signature tardive ? "J'ai eu le temps de parler avec tout le monde, joueurs, dirigeants, et les anciens entraineurs des joueurs pour me faire une idée." Un effectif qu'il n'a pas choisi ? "C'est comme quand j'ai pris en main la sélection de Tunisie en 2016. J'aurais bien aimé que Nikola Karabatic ou Raul Entrerrios soient Tunisiens, mais ce n'était pas possible (rires). Alors, ici aussi, je prends les joueurs que je peux avoir. L'équipe me plait, il y a de la variété et des profils différents." La pression du résultat ? "Vous savez, quand vous avez connu Barcelone, vous pouvez résister à tout. Même avec l'équipe B, il fallait gagner tous les matchs. Ici, notre unique objectif, c'est d'être encore en Starligue l'été prochain. Donc il faudra gagner entre huit et dix matchs, je pense."
Treize nationalités dans l'effectif
Et pour réussir cette mission, Gerona a sous la main un effectif qui, sur le papier, fait figure de grosse armada. Le recrutement est cohérent, avec des joueurs jeunes (Dentz, Racotea, Ilic) possédant déjà un certain pedigree. D'autres (Furlan, Vium) ont déjà une certaine expérience de la Starligue, tout comme leurs ainés Zacharia N'Diaye et Nebojsa Grahovac. Le tout forme une auberge espagnole où cohabitent douze nationalités différentes, en attendant que le Tunisien Wael Jallouz, pas espéré sur pied avant la deuxième partie de saison, n'en rajoute une treizième. Désormais, il faut mettre tout ce beau monde dans le même sens. "La préparation est là pour que tout le monde parle pareil, le même handball. Mais on sait que tout ne sera pas parfait le matin du match contre Aix. Il va falloir un peu de temps pour s'améliorer" appuie Gerona, qui sait pertinemment qu'avec Aix, Paris, Nantes et Montpellier au programme des cinq premières journées, les premiers tours de roue de son équipe seront jugés avec une certaine indulgence. Ensuite, il n'y aura plus de place pour les excuses, il faudra aller chercher des points, en passant forcément par des périodes un peu plus sombres. "Notre capacité à nous relever des défaites est une inconnue. Ce n'est pas en faisant un kayak ensemble qu'on a ce genre de réponses, mais la préparation permet en revanche de former des liens qui nous serviront dans les moments difficiles de la saison" continue l'Espagnol.
La défense comme base
Toni Gerona a en tout cas déjà bien identifié le projet de jeu qu'il voulait présenter. S'il appuie bien sur le fait qu'il "n'y a pas d'école espagnole, juste beaucoup de très bons entraineurs", sa volonté est simple : "Que mes joueurs ne subissent pas, notamment dans le secteur défensif. Qu'on soit capable de pousser l'adversaire à la faute, de récupérer des ballons, de jouer vite les contre-attaques." Alors, pour que tout le monde se mette au diapason, ça bosse dur, jusqu'à trois séances par jour. Partis en stage en Espagne, les Chartrains auront l'occasion de se tester face à Irun en cette fin de semaine. Avant, le 4 septembre, de plonger dans le grand bain avec la réception d'Aix. On n'aura sans doute pas toutes les réponses ce soir-là. Mais on saura si ce groupe a eu l'inspiration pour commencer à remplir la page blanche.
Kevin Domas