EdF (M)
G. Gille : "Le cadeau est empoisonné si tu le vois empoisonné"
Intronisé entraîneur des Bleus en lieu et place de Didier Dinart, dont il était jusque-là l’adjoint, Guillaume Gille a répondu aux premières questions sur son rôle à venir, ce mardi, à la Maison du Handball.
- Guillaume, quelle est votre première réaction après cette nomination ? - J’ai un sentiment forcément partagé. J’ai une pensée pour Didier (Dinart) qui est dans une position délicate, pour laquelle on est tous responsables. Faire de cet Euro un échec de Didier est absurde, comme l’est tout autant le fait de penser que l’équipe de France est automatiquement sur le podium en début de compétition. Maintenant, suite à la décision qui a été prise par la Fédération, j’ai une énorme responsabilité. J’ai devant moi un énorme défi qu’est ce TQO, et je l’aborde avec l’envie de redonner de l’allant à cette équipe de France. J’ai l’âme bleue et j’ai envie de me mesurer à ce défi en redonnant de la confiance à cette équipe, des repères afin de lui permettre de se redresser.
- Quel est votre programme pour les jours à venir ? - Nous sommes dans une phase de distribution des rôles, au sein d’un staff qui doit être reconstruit. Il faudra aller chercher de nouvelles ressources, notamment techniques, avec un poste d’adjoint, ainsi que quelqu’un sur la préparation physique, un poste que j’occupais jusque-là. Cette période est une période de bilan, pour ensuite rapidement proposer une nouvelle composition de staff afin de se mettre au plus vite en ordre de bataille. On va préparer ce TQO en mode commando.
« J’avoue avoir été surpris de certains retours »
- Est-ce un cadeau empoisonné ? - Le cadeau est empoisonné si tu le vois empoisonné. Les données ne sont pas simples, mais j’ai envie d’oeuvrer avec le nouveau staff et avec l’équipe pour permettre un rebond. J’ai bien conscience d’avoir fait partie du problème, et que l’on me propose de faire également partie de la solution. C’est un peu schizophrénique, mais j’ai la motivation et l’énergie pour réussir cette mission.
- Quel sera le profil de votre adjoint. Sera-t-il issu de la filière fédérale ou viendra-t-il de l’extérieur ?
- Il n’y a aucune raison de se concentrer sur un univers. Notre mission, qui revêt un fort enjeu, sera compliquée. Il va y avoir beaucoup de pression. On est en train de dresser le portrait de la personne qui devra amener ses compétences, ses ressources à ce projet que l’on souhaite bâtir. On ne ferme aucune porte. On vous présentera l’heureux élu dans les prochaines semaines.
- Vous avez évoqué un projet collectif rompu durant cet Euro, d’un manque de communication avec les joueurs. Aviez-vous, en tant qu’adjoint, senti ces problèmes venir ? - Quelle que soit l’aventure que l’on vit, des problèmes dans la gestion des individus, il y en a toujours. On était face à des questions, à des recherches de solutions tactiques pour envisager nos systèmes défensifs et offensifs. Il y avait tout un tas de chantiers ouverts sur lesquels on a parfois dû faire des raccourcis. C’est compliqué d’arriver à résoudre tant de problèmes. En même temps, j’avoue avoir été surpris de certains retours. C’est là où je me mets dans la peau de celui qui n’a pas su trouver les ressorts, su voir les alertes et trouver les plateformes de communication pour se saisir de problèmes plus profonds que je ne l’imaginais.
« On a forcément vécu une défaillance dans le staff »
- Y a-t-il eu des désaccords avec Didier Dinart ? - Dire que dans un staff on est toujours d’accord, ce serait raconter le monde des Bisounours. Bien évidemment qu’avec Didier, nous sommes différents, nous n’avons pas la même histoire, la même culture handball. Maintenant c’est aussi ce qui faisait notre richesse. Et je ne vais pas rentrer dans les détails, mais forcément, on a vécu une défaillance dans le staff. C’est pour cela que je me mets dans cet échec. Notre articulation au sein du staff et avec l’équipe n’a pas marché, c’est un constat.
- La responsabilité étant partagée, elle l’est forcément par les joueurs. Y aura-t-il quelques changements sur ce point ? - (sourire) C’est une très bonne question, mais vous imaginez bien que je ne peux y répondre pour le moment. Nous sommes encore à constituer la nouvelle équipe. Ces discussions ne se feront que dans un deuxième temps. Mais la réflexion sera posée.
Be. C.