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"Reprendre les championnats sera la priorité"
Alors que la France, comme toute l'Europe, est paralysée par la crise liée au coronavirus, les championnats de Starligue et de Proligue sont à l'arrêt. Mais les acteurs sont unanimes : si possibilité de reprendre il y a, les compétitions domestiques devront avoir la priorité.
Le handball masculin professionnel a sa date de reprise : le 22 avril. "Mais pour moi, ça reste utopique" souffle un président de l'élite. Le scepticisme quant à la possibilité de redémarrer la Starligue et la Proligue dans tout Difficile d'imaginer, en effet, que les championnats puissent reprendre dans tout juste un mois, alors que les joueurs sont actuellement confinés chez eux, à s'entretenir en faisant des pompes avec leurs enfants sur le dos. Car qui dit absence d'activité à haute intensité, dit nouvelle préparation avant la potentielle reprise. "On ne pourra pas reprendre le lundi pour jouer le mercredi, c'est une évidence. Plus l'arrêt va être long, plus il va falloir remettre les machines en marche. Mais, dans l'état actuel des choses, il est très difficile de se projeter" avance Erick Mathé, l'entraineur de Chambéry et représentant de ses collègues au sein de 7Master. Certains avancent même un postulat : pour une semaine d'arrêt, il faudra une semaine de préparation. Les calculs sont alors vite faits : pour cinq semaines d'arrêt, il en faudrait autant avant de reprendre les compétitions. "Pour moi, il faudrait trois semaines minimum pour espérer éviter avoir trop de casse" estime de son côté le président de Chartres, Steeve Baron.
Mais si le feu vert pour la reprise arrive un jour, si le handball français est autorisé à sortir de son long tunnel, que se passera-t-il alors ? Difficile encore à imaginer. Huis-clos ? Pas huis-clos ? "Tout ça, ce n'est pas le plus important" débute David Tebib, le président nimois et président de l'union des clubs professionnels. Qui, comme ses collègues, mais également le syndicat des joueurs et des entraineurs, entend bien faire passer la fin du championnat comme objectif numéro un : "Terminer les championnats professionnels sera notre priorité. Pour moi, c'est même capital et ce pour une raison simple : le modèle économique de nos clubs est bâti autour du championnat. Les partenaires, les supporters de tous les clubs payent pour le championnat, les autres compétitions sont la cerise sur la gateau." A en écouter Stéphane Clémenceau, le président de Cesson-Rennes, une reprise à huis-clos est inenvisageable : "Economiquement, cela n'aurait aucun sens. Cela nous couterait cher, sans aucune rentrée financière. Le handball est un spectacle, et je n'imagine pas un spectacle sans spectateurs." Si le facteur économique est, évidemment, un des moteurs du choix consistant à faire passer le championnat avant tout le reste, l'équité semble en être un autre, à écouter la Ligue Nationale de Handball. "Reprendre le championnat sera un des moyens de réparer les pots cassés, et ce, pour tous les clubs de manière équitable. En cas de reprise, tout le monde repartirait en même temps, il y aurait là un symbole important" avance Etienne Capon, son directeur général.
Jouer jusqu'au 30 juin, une possibilité
Si la priorité donnée au championnat fait l'unanimité, l'idée de repousser les limites de la saison jusqu'au 30 juin est également partagée par tout le monde. Certains clubs se plaignaient, par le passé, que leurs joueurs soient payés à ne pas jouer pendant le mois d'après-saison, cette fois, il s'agirait de faire le maximum des contrats signés. "Je pense que ça pourrait faire partie du plan de relance. Au sortir de cette crise, je suis sûr que les gens se tourneront vers les loisirs pour oublier la période que nous traversons" souffle Julien Deljarry, le président de Montpellier. Une telle disposition, si elles tombe sous le sens, poserait tout de même la question des vacances des internationaux, dont la compétition de handball aux Jeux Olympiques de Tokyo est censée débuter le 24 juillet. Avec une préparation et un voyage prévus bien en amont. Un report d'un an des JO ne ferait-il pas l'affaire, au final de tout le monde ?
Les acteurs du handball professionnel français sont donc tous d'accord, c'est le championnat avant tout. Mais pour arriver à ses fins, il faudra également convaincre les instances internationales du handball. Et cela risque d'être bien plus compliqué. Quand on imagine les sommes en jeu, difficile de voir l'EHF accepter de faire une croix sur sa lucrative Champions League. "Mais à année exceptionnelle, mesures exceptionnelles", avance Erick Mathé. "Décaler le barrage du championnat du monde en octobre est une première possibilité. Annuler les coupes pour se consacrer au championnat en est une autre" Quid du TQO, qui devrait normalement se tenir fin juin ? La Proligue pourrait voir son format raboté, avec l'annulation des finales et un classement basé sur la saison régulière. Les négociations s'annoncent âpres entre les différentes parties. Mais, quoi qu'il en soit, la date de reprise des compétitions sera un facteur limitant. "Pour l'instant, on en est à faire des simulations. Jouer tous les trois jours, pour tout le monde, pourquoi pas ? Une seule chose est sûre pour l'instant, on ne reprendra les compétitions que dans des conditions acceptables, notamment d'un point de vue sanitaire" termine Etienne Capon.
Kevin Domas