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Proligue

Un début de saison chargé… en incertitudes

, par Lanfillo

Cherbourg

Après six mois sans jouer, la Proligue reprend avec un gros programme de six matchs en octobre. Mais dans un contexte sanitaire qui ne permet pas d’aborder en totale sérénité ce retour à la compétition officielle.

La Proligue vous avait manqué ? Vous allez être servis en ce mois d’octobre avec pas moins de six matchs en 30 jours, alors que la D2 masculine achève ce vendredi une période de six mois sans match officiel. Avant de reprendre la saison ce soir en recevant Nice à Chantereyne, l’entraîneur de Cherbourg Frédéric Bougeant confie que l’essentiel est avant tout de « prendre du plaisir » : « tout le monde s’est rendu compte à quel point ça nous manquait de jouer, de préparer des matchs, donc j’espère que les gars seront totalement libérés pour donner du plaisir aux gens qui auront la bonne idée de venir nous voir à Chantereyne. » Une première à domicile devant probablement plus de 1500 personnes (la jauge d’accueil était fixée à 1800 en milieu de semaine) avant donc un programme chargé et une certaine organisation à mettre en place.

Un premier mois révélateur

Frédéric Bougeant

Cette reprise en fanfare a bien sûr été anticipée par les différents clubs. À Valence par exemple, Eric Forets et son staff ont fait en sorte de préparer leurs hommes « avec une série de matchs amicaux très condensés, un peu comme ce à quoi va ressembler notre mois d’octobre, pour voir comment on ressortirait et comment on pourrait enchaîner. » Le coach valentinois souhaitait voir comment son équipe réagirait, alors qu’après un premier déplacement important à Angers, le VHB affrontera plusieurs cadors du championnat comme Dijon, Pontault-Combault ou encore Nancy. « En terme de rythme, il n’y a pas de souci », affirme de son côté Frédéric Bougeant, qui a lui aussi pu enchaîner les matchs amicaux, profitant du fait que le Cotentin demeure une zone relativement épargnée par le coronavirus pour organiser des matchs amicaux presque tous en Normandie et dans de bonnes conditions. Mais là aussi, il faudra gérer un déplacement périlleux à Saran et une semaine en Bourgogne-Franche-Comté avec des déplacements à Besançon et à Dijon. La gestion de cette période, qui correspond à près du quart du championnat, sera donc très importante pour toutes les équipes, conscientes par ailleurs de la difficulté de se projeter dans l’avenir.

S’adapter au protocole et faire repartir l’économie

Benjamin Braux (Nancy)

Car dans cette période troublée, à l’heure où le nombre de cas en France continue d’augmenter et où les mesures de restriction se renforcent, il est forcément un peu difficile pour tout le monde de voir loin. Les clubs et la Ligue ont tout du moins fait en sorte de s’accorder sur des règles sanitaires communes pour cette saison. « On est tous un peu malheureux d’avoir ces règles parce qu’on aurait bien aimé vivre sans le virus, mais maintenant, il faut s’adapter à ce qui se passe, pose Benjamin Braux, l’entraîneur de Nancy. À partir du moment où les règles sont établies dès le début, au moins les choses sont dites et c’est à nous de faire avec. » Toutes ces règles ne font cependant pas l’unanimité. Eric Forets regrette par exemple que l’effectif minimum disponible pour éviter un report soit fixé à huit joueurs (7 joueurs de champ et un gardien) : « Se présenter à huit, ça ne permet pas de présenter un spectacle très cohérent, affirme-t-il. Le Covid complique tout pour tout le monde, on n’a pas de raison de se plaindre plus que les autres, mais on ne peut pas dire que cette saison sera celle de l’équilibre et de l’équité sportive, ou de la méritocratie. »

Eric Forets (Valence HB)

Il pointe ainsi la possibilité d’avoir plusieurs cadres malades à une période où plusieurs matchs doivent être joués, ce qui pourrait impacter le déroulé de la saison. Les dernières règles édictées inquiètent ainsi l’entraîneur valentinois : « On a su assez tardivement à quelle sauce on allait être mangés, est-ce qu’il y aura des montées, des descentes, à partir de quel effectif on joue ou on demande le report… Jusqu’à notre reprise le 23 juillet, on était très sereins, mais aujourd’hui on aborde la saison un peu dans l’inconnue, avec l’idée que ça ressemble plus à une loterie qu’à une saison sportive. » Du côté de Cherbourg, Frédéric Bougeant reconnaît lui aussi que la saison sera forcément particulière avec cet aléa sur lequel les coachs n’ont aucune prise, mais appelle à faire avec : « Il faudra être adaptable en fonction des semaines, philosophe l’entraîneur de la JS. Tu peux avoir un match qui s’annule, tu peux même avoir une inversion de l’équipe qui reçoit, donc il va falloir être souple mais j’ai décidé de ne pas trop me prendre la tête avec ça. »

Nancy

Le coach des Mauves appuie ainsi sur la nécessité de jouer, « pour les clubs » : « Il faut relancer l’économie, il faut redonner de la confiance aux gens pour que les parents remettent les enfants dans les clubs et pour qu’ils viennent voir les matchs le week-end. » Il appelle ainsi à réfléchir à des « solutions innovantes » pour rattraper des matchs en retard, par exemple sous la forme de mini-tournois à trois ou quatre équipes. « Dans la période actuelle, il faut être mobilisé autour de l’intérêt général, insiste-t-il. Peut-être qu’il y aura des équipes qui joueront peu de matchs à domicile cette année, il faudra l’accepter, parce que jouer à l’extérieur reste important même pour tes partenaires locaux. Il faut qu’on soit innovant sur les formules, il ne faut pas qu’on ait peur de réinventer les choses pour l’intérêt général et il faut qu’on joue. » L’aspect économique est aussi mis en avant par Benjamin Braux, pour qui « l’important, c’est qu’on puisse jouer, et d’afficher auprès de nos partenaires un continuum. » Pour lui, pas question d’une saison blanche, malgré tout le flou qui entoure la saison. « Un championnat, ça a un intérêt quand il y a des résultats sportifs, avec des montées et des descentes, ajoute-t-il. Maintenant que les règles sont écrites, allons-y et j’espère de tout cœur de la saison aille à son terme. »

Faire revenir les spectateurs, autre enjeu de la reprise

Le retour des matchs est en tout cas précieux pour les clubs, qui ont souffert économiquement pendant cette période. Le retour des spectateurs constitue alors une donnée centrale pour leur économie, et la Ligue a confirmé très tôt qu’en cas d’impossibilité d’accueillir des spectateurs, décision serait prise de reporter le match plutôt que de le disputer à huis-clos. « En Proligue, le club vit du jour de match, qui est générateur de recettes financières, rappelle Eric Forets. On voit que les règles pour l’accueil des spectateurs peuvent évoluer de semaine en semaine, mais l’inquiétude est vis-à-vis des gens. Je ne sens pas les gens qui ont envie de revoir du sport avec un masque, séparés dans les tribunes. » Une inquiétude légitime, alors que les jauges fixées permettent, a priori, aux clubs de rentrer dans leurs frais. Et ce en attendant les décisions qui ne sont encore une fois pas du ressort des clubs, mais qui dépendent de la préfecture ou du gouvernement.

Sélestat

Pour cette première journée en tout cas, les concepteurs du calendrier de Proligue ont proposé une série de matchs intéressants qui ont de quoi attirer les spectateurs. En Alsace, les yeux seront fixés sur l’affrontement entre Strasbourg et Sélestat, pour le derby du Bas-Rhin. Le choc entre Massy et Nancy, troisième et quatrième de la saison dernière, sera également très suivi. « Ça va être un gros départ, ce n’est pas un cadeau, en plus Massy n’a pas trop changé son équipe, souligne Benjamin Braux. C’est une équipe qui est très difficile à manœuvrer. » Les oppositions entre Dijon et Pontault-Combault, deux équipes qui devraient lutter pour les play-offs, et entre Cherbourg et Nice vaudront également le déplacement. Valence, en position de relégable, devra se méfier d’Angers, de retour à l’échelon professionnel. « C’est un match très important, puisque derrière on enchaîne avec de gros morceaux, rappelle Forets. Le mieux, ce serait de ne pas rater Angers ! » L'autre promu Sarrebourg débutera également à domicile contre Saran. Billère, un des rares clubs du championnat à être situé à l'ouest de l'Hexagone cette saison, essaiera de bien débuter à domicile contre Besançon.

Ces enjeux sportifs permettent de rappeler l'autre incertitude, celle-ci beaucoup plus agréable, celle du sport, et notamment en Proligue, ce championnat si dense. « Il n’y a pas un match facile en D2, note Benjamin Braux. Donc on prendra match après match. Il faut qu’on ait des perspectives lointaines, c’est certain, mais il faut déjà qu’on arrive à vivre au jour le jour. » Penser au long-terme et privilégier le court-terme, un discours qu'on pourrait presque retrouver, dans un autre contexte, dans la bouche des responsables politiques appelant à "vivre avec le virus"...

Retrouvez le calendrier complet de la saison de Proligue à l'onglet Résultats.

Mickaël Georgeault

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