EL (M)
Lemgo, petite anomalie allemande
Lemgo, ce nom ne doit pas dire grand chose aux fans de handball français, le club ayant disparu des coupes d'Europe depuis plusieurs années. Pourtant, si la qualification a été compliquée, Lemgo est capable de montrer de très belles choses. Zoom sur une équipe méconnue du grand public.
Comme pour les jeux olympiques, la Coupe d'Europe reste une compétition qui nécessite de l'expérience. Et cette expérience, elle ne vient pas de son effectif en soi car Lemgo n'a pas mis les pieds en compétition européenne depuis... 2011. Exit des Jicha, Baur, Glandorf ou Mimi Kraus, Lemgo n'est plus l'équipe de la sélection allemande. Moins de moyens, mais cela ne veut parfois rien dire, et c'est tant mieux.
Du travail, du travail, du travail
Voilà ce que pourrait répondre Florian Kehrmann si on lui pose la question. Oui, l'effectif n'est pas aussi clinquant qu'à une époque, et alors ? Le recrutement est devenu plus ciblé, plus intelligent et parfois aussi plus jeune. Le grand artisan de la qualification en European League est d'abord un gardien. Il est suédois et peut se targuer d'avoir mis la misère à Kiel lors d'une demi-finale de coupe : c'est Peter Johannesson. S'il s'est engagé avec Bergischer la saison prochaine, c'est parce qu'il ne fait que progresser et atteint l'âge de la maturité d'un gardien (29 ans). Il est également, il faut le souligner, bien aidé par une défense de fer. Entre les frères Guardiola, Tim Suton revenu de blessure et le vice-champion du monde Jonathan Carlsbogard, il faut le vouloir de mettre le nez dans la défense de Lemgo.
Qui dit bon gardien et bonne défense, dit contre-attaques. Et il y a une belle brochette d'ailiers à Lemgo : Bjarki Elisson l'international islandais, Bobby Schagen l'international néerlandais, le bientôt néo-international allemand Lukas Zerbe et le fils d'un certain pivot de la Mannschaft, Kian Schwarzer. Voilà un des premiers atouts de Lemgo, sa capacité à se projeter. Enfermé en défense par le passé chez les Rhein Neckar Löwen (et avec brio il faut le dire), Gedeon Guardiola est même passé de l'autre côté du terrain en attaque et avec une certaine efficacité. Cette fois en attaque placée, l'atout principal de Lemgo est Jonathan Carlsbogard. Nous vous en parlions déjà il y a quelques temps, il n'est pas étonnant qu'il soit maintenant murmuré parmi des clubs clubs huppés comme Mannheim pour ne citer qu'eux. Artilleur et pourvoyeur de ballons, un arrière gauche complet qu'il ne faut surtout pas mettre en chaleur. À cela, on ajoute l'international autrichien Lukas Hutecek, sortant d'une superbe saison européenne avec les Fivers où il aura notamment brillé face à Toulouse. S'il est encore loin d'avoir confirmé dans son nouveau club, ce jeune joueur pourrait également devenir un danger supplémentaire pour la base arrière allemande.
Loin d'être favori contre Nantes
Voilà maintenant le problème de Lemgo : la profondeur de banc. Si le sept majeur est de qualité (au point de faire nul contre Kiel, 21-21), c'est plus compliqué pour Lemgo lorsqu'il faut effectuer des rotations. Si le retour de blessure de Tim Suton peut être un atout supplémentaire pour le TBV, si les fans peuvent pousser le club a se surpasser, c'est à Nantes que le match va se jouer. Si Lemgo semble justement être capable de hausser le niveau de jeu lorsque l'adversaire est plus fort, Nantes part avec le statut de favori sur la rencontre.
Plus expérimenté, un effectif plus huppé, le soutien des fans, on voit mal comment Nantes pourrait tomber face à Lemgo... qui a accroché sa qualification en remportant la coupe d'Allemagne, éliminant Kiel puis Melsungen lors du dernier Final4. Attention à ne pas les sous-estimer, car même les plus grands peuvent se casser les dents contre les hommes de Kehrmann.
Julien Baudry