EL (M)
Montpellier éliminé par plus fort que lui
Montpellier a dit adieu au Final Four de l’European League ce mardi soir contre Berlin (31-23). Les Montpelliérains n’ont pas su se mettre à la hauteur d’une équipe berlinoise qui a livré une de ses meilleures performances de la saison.
Le ton est courtois pour Jaron Siewert. L’entraîneur des Füchse Berlin tient au respect de Montpellier, un adversaire qu’il estime, et qui est d’ailleurs un partenaire de coopération des Füchse. Mais le jeune entraîneur berlinois (né en 1994, soit l’année de la prise de fonctions de Patrice Canayer à Montpellier) n’a pas caché que ses joueurs ont pu relâcher la pression après la rencontre maîtrisée par les siens et la large victoire (31-23) qui compense la défaite de l’aller à Montpellier (32-29), et les qualifie pour le dernier carré de l’European League à Mannheim. « C’était un match difficile, avec deux bonnes équipes, et nous sommes plus qu’heureux d’atteindre le Final Four, affirme-t-il en conférence de presse. C’était un match « tout ou rien », pour atteindre l’opportunité de gagner quelque chose cette année. » Et si Berlin se retrouve avec le « tout », Montpellier, de son côté, revient bredouille dans l’Hérault.
Berlin a montré un autre visage qu'à l'aller
L’une des raisons de l’écart entre Berlin et Montpellier dans cette rencontre repose d’abord sur le fait que Berlin a affiché un autre visage que celui de l’aller, où l’équipe de Siewert avait été combative, certes, mais moins constante. « Bravo à Berlin, ils ont joué un très bon match, sur 60 minutes, chose qu’ils n’avaient pas faite à l’aller et qu’ils n’ont pas fait ce week-end à Wetzlar en championnat », relève ainsi Valentin Porte à l’issue du match. Les Berlinois se sont tirés d’une première période qu’ils ont dominé avec trois buts d’avance (16-13, 30’), au terme de laquelle ils n’ont cependant pas su assommer les Montpelliérains, bien revenus avant la pause. Mais en deuxième période, les Allemands ont déroulé. « Gros respect pour les joueurs, pour toute l’émotion et l’engagement physique dans leur jeu, félicitait Siewert. On a pu compter sur un bon gardien, et marquer des buts faciles. »
Le coach berlinois met en avant l’envie de ses joueurs et l’intensité qu’ils ont mis dans le match comme clé du succès, mais il a aussi réalisé des coups tactiques, comme ce temps-mort posé dès la neuvième minute alors que le score était de parité (4-4), pour corriger des problèmes tactiques posés par la défense du MHB. L’entrée de Paul Drux, de retour pour son premier match après son opération au genou en mars, a remis directement les Berlinois dans le bon sens et n’a pas permis à Montpellier de passer devant au score. Autre retour décisif côté Füchse : celui de Hans Lindberg. Le Danois de 39 ans a dû se remettre doucement du Covid-19 et était absent au match aller. De retour ce mardi, il a brillé avec 12 buts marqués sur 12 tirs, dont 7 penaltys. « Il a apporté la sécurité et le rayonnement qu’il peut avoir sur l’équipe », souligne Siewert. Ajoutez à cela une bonne performance de Dejan Milosavljev dans les buts berlinois, bien protégé par une défense très rugueuse mais qui a su rester cohérente et propre en deuxième période – alors que Mijaljo Marsenic et Jakov Gojun avaient chacun pris deux fois deux minutes – et vous obtenez une des meilleures prestations de Berlin cette saison.
Montpellier « pas à la hauteur de l’événement »
Pour se qualifier face à un très bon Berlin, quasiment au complet, il aurait fallu un très bon Montpellier. Mais le MHB n’a pas réussi à se hisser à son meilleur niveau sur la rencontre. Trois jours après avoir subi la loi du Paris Saint-Germain, les partenaires de Valentin Porte ont subi celle du club de la capitale allemande, cette fois. « En début de match, on a trois-quatre occasions franches qui peuvent nous permettre de rester un peu au contact et continuer à faire douter Berlin, rappelle-t-il, faisant référence à des poteaux trouvés en début de rencontre, ou encore au penalty d’Hugo Descat repoussé par Milosavljev (24’). Quand on les rate, c’est dur pour la confiance et ça met en confiance Berlin. »
Pourtant, Montpellier n’est qu’à trois buts à la mi-temps, grâce à une bonne fin de première période. La défense du représentant français a aussi posé des problèmes à Berlin, Kevin Bonnefoi a réalisé une partie correcte, mais en deuxième période, ça a été moins le cas. « En deuxième mi-temps, je pense qu’on n’est pas loin de faire une de nos pires mi-temps défensivement, assène Porte. On est en place, mais on perd beaucoup trop de duels, et ça leur donne des buts trop simples. Encore une fois, pour la confiance c’est très dur. » En attaque, les Montpelliérains n’ont guère été meilleurs, avec seulement dix buts marqués dans le second acte et plus de six minutes sans scorer dans le dernier quart d’heure, le moment où Berlin a assuré sa qualification (25-20, 47’ ; 29-20, 53’). Aucune individualité ne s’est détachée pour entraîner son équipe – rôle qu’avait joué Porte à l’aller – et notamment en attaque, où aucun joueur n’a marqué plus de trois buts. « En attaque placée, on a été en difficulté parce qu’ils ont très bien défendu, et leur gardien fait une très bonne mi-temps. Tout ça réuni fait que, petit à petit, l’écart s’est fait », analyse Porte.
« On n’a pas été à la hauteur de l’événement », résume enfin le capitaine, à la fois lucide et sonné par cette lourde défaite. Il faut dire qu’avec cette élimination, c’est un des objectifs de Montpellier qui s’envole, mais aussi ce qui aurait pu ajouter un peu de piment à une fin de saison où les hommes de Patrice Canayer devront se concentrer d’une part sur la conservation de leur deuxième place, et d’autre part sur la finale de Coupe de France le 15 mai prochain à Créteil. « C’est dommage, parce que c’était un de nos derniers trucs à jouer, conclut Porte. En championnat, même s’il reste pas mal de matchs, j’espère qu’on finira deuxième, mais oui, il va falloir se concentrer, c’est dur de se remettre d’un match comme ça. » Un match durant lequel Montpellier a dû faire face à ses propres limites contre une équipe qui est loin d’être dominante sur la scène nationale, mais qui, pour un soir, a été un cran au-dessus du deuxième du championnat français.
Le meilleur du hand européen est sur l'appli Eurosport
A Berlin, Mickaël Georgeault