Starligue
Juan Andreu, retour à Séville avec de grandes ambitions
Le pivot espagnol de Limoges rentrera au pays l'été prochain. Pour devenir la figure de proue du projet du BM Triana, un des clubs de handball de sa ville natale de Séville, à laquelle il est viscéralement attaché.
Après neuf ans loin de son Andalousie natale, Juan Andreu rentrera au pays en juillet prochain. Le massif pivot de 36 ans, qui porte les couleurs de Limoges depuis 2019 après avoir défendu celles d'Aix en Provence pendant quatre ans, reviendra au bercail, lui le natif de Séville. Si, cet hiver, son téléphone a bien sonné, avec des dirigeants de clubs de Liga Asobal et de Proligue au bout du fil, un seul appel a vraiment retenu son attention. Celui de Miguel Ángel Valle, président du BM Triana, modeste club de troisième division domicilié à Séville. Pas un hasard, quand on sait à quel point le médaillé de bronze aux Mondiaux de 2014 avec l'Espagne est attaché à sa ville natale. "C'est un club qui a toujours été là pour moi, qui m'a aidé les hivers quand je revenais à Séville, par exemple. Le président m'a demandé ce que je comptais faire, et n'arrêtait pas de me dire que si je venais, il se passerait ceci ou cela. Je pense avoir encore un ou deux années de très haut niveau dans les jambes, alors je me suis dit : pourquoi pas aider ? Si au départ, je pensais que je n'allais faire que jouer, je devrais en plus occuper une place à la direction sportive, pour essayer de trouver des partenaires et faire grandir le club" nous explique-t-il.
Force est de constater que la réflexion n'a pas mis longtemps à mûrir. Hors de question pour Juan Andreu de repartir sur les routes et de changer de club une nouvelle fois pour un ou deux ans, avec déménagement et changement d'école pour ses trois enfants en prime. Dans la famille, le projet Triana n'a pas mis longtemps à faire l'unanimité. "Nous sommes tous d'accord pour rentrer. Mes enfants ont un peu de mal à comprendre que je ne passerai plus à la télé (rires), mais je pense sincèrement que ce projet réunit tout ce dont nous avons besoin maintenant" avance-t-il. Et quoi de mieux pour Séville, ville complètement dédiée au foot avec ses deux clubs en Liga, que de capitaliser sur l'image d'un ancien international pour faire avancer son projet handball ? "Il y a tout à faire ici. Il y a de très bonnes équipes jeunes, qui sortent de bons joueurs, mais ils s'en vont car ils n'ont pas d'équipe au dessus de la troisième division pour continuer le haut-niveau" décrypte encore Andreu, qui espère bien séduire un ou deux natifs de la ville d'y revenir pour renforcer l'équipe.
Limoges, l'exemple à suivre
Car l'ambition est désormais claire pour Triana. Une montée en deuxième division dans les deux ans, avant de viser un peu plus haut, la Liga Asobal, avant 2030. En France, cela semblerait rêveur, mais en Espagne, pourquoi pas ? "L'état du handball fait qu'en Espagne, avec 200 000 euros de budget, tu peux être en deuxième division. Avec 800 000, le minimum en France pour accéder en Proligue, tu es le quatrième budget en Asobal. La mairie a dit qu'elle nous aiderait, et je suis persuadé que quand les résultats vont venir, les partenaires seront aussi intéressés. Ca ne sera pas facile, Séville est une ville exclusivement tournée vers le foot, on en a tous conscience, mais j'y crois !" L'exemple à suivre, ce serait celui d'un club comme Limoges, passé des ténèbres de la nationale 1 il y a six ans aux lumières de la Lidl Starligue cette saison, à force de travail et de résultats. Et le pivot de 36 ans pourra s'inspirer de ses diverses expériences en Espagne et à l'étranger pour faire monter le BM Triana. Même s'il y a un monde entre la Bundesliga et la Lidl Starligue et la troisième division espagnole.
En Espagne, en tout cas, l'initiative a fait grand bruit. Plusieurs quotidiens nationaux sont venus aux renseignements tandis qu'une des stars du FC Séville, le Croate Ivan Rakitic, s'est déjà fendu de son message de soutien sur les réseaux sociaux. Quoi de mieux pour attirer les lumières ? "On prend tout ce qu'il y a à prendre, plus on parle de nous, mieux c'est. Surtout si ça vient du FC Séville !"éclate de rire Andreu, grand fan du club rouge et blanc. Car ce que l'histoire ne dit pas, c'est que ce retour à la maison lui permettra aussi de pouvoir emmener ses fils au stade, une habitude qui ne lui manque pas qu'un peu. "C'est la première chose que j'ai dit à ma femme, direct je reprends mon abonnement à Sanchez Pichuan !" sourit-il pour conclure. Ce retour à Séville, c'est clairement une manière, pour Juan Andreu, de joindre le très utile au très agréable.
Kevin Domas