Proligue
Cournon : un dossier prêt pour la Proligue
Cournon d’Auvergne a manqué de peu sa qualification sportive pour la Proligue, mais son dossier était prêt. Avec l’arrêt du professionnalisme à Bordeaux, les Auvergnats auraient de bons arguments à faire valoir auprès de la CNACG pour un potentiel repêchage vers l’antichambre de l’élite… Entretien avec le président du club, Cyrille Faucher.
Si nous évoquions hier l’assurance de Villeurbanne quant à son repêchage en Proligue, on n'oubliera pas qu’un autre challenger est déclaré : Cournon d’Auvergne. Ils seraient donc à priori deux sur cette ligne de départ, dont les dossiers pourront être envoyés à la fin des compétitions de la LNH, soit cette semaine. Et bien que leur recrutement soit moins impressionnant, le projet des Dragons rouges aurait des arguments à faire valoir.
Une accession sportive manquée de peu
Après un début de saison compliqué, avec le limogeage du coach Lukas Buchta après deux journées et son remplacement par Marjan Kolev, les Dragons de Cournon ont réalisé une saison de belle facture. Si l’Angers SCO s’est rapidement montré intouchable, le forfait général de Vénissieux a rouvert tous les espoirs d’attraper la seconde place au classement des formations VAP, dans un duel rapidement instauré avec les Alsaciens de Mulhouse-Rixheim.
Après avoir gravi 5 échelons en 5 ans, passant de la pré-nationale en 2016-2017 à la pour élite de Nationale 1 en 2021, les Cournonnais continuent ainsi de se rapprocher de la LNH après un maintien en poule élite la saison passée. Et bien que les espoirs de qualification sportive se soient finalement éteints lors de l'avant-dernière journée avec la victoire de Mulhouse-Rixheim à Dreux-Vernouillet, en coulisses, les dirigeants ont travaillé à rendre possible tous les scénarios : « On ne s’est pas décidés à la fin de la saison, explique le président du club Cyrille Faucher. Sportivement on a raté, mais on s’est préparés à la montée depuis 3-4 mois. »
Mais si le coche ait été manqué sur les terrains, la nouvelle défection d’un club professionnel ouvre un nouvel espoir : celui de Bordeaux en Proligue, pour lequel la LNH cherchera un remplaçant dès la saison prochaine. Avec deux candidats pour cette place, Villeurbanne et Cournon d’Auvergne, ces derniers pourraient également regarder du côté de Mulhouse-Rixheim, qui manœuvre toujours pour obtenir le budget nécessaire pour valider son accession en seconde division. Mais le président cournonnais ne souhaite pas de malheur à son concurrent : « Pour moi, je considère que Mulhouse est sportivement en Proligue, ils ont atteint l’objectif sportif ». Hors déboires alsaciennes, le sujet se jouerait donc entre les dossiers rhôdanien et auvergnat, à moins que d’autres challengers ne se déclarent dans les prochaines semaines. Et si on peut imaginer le dossier villeurbannais tenir la corde, avec une équipe déjà en Proligue et un recrutement haut de gamme, Cyril Faucher rappelle qu’il ne faut pas enterrer son club trop tôt : « Si on pose un dossier de repêchage, c’est évidemment parce qu’on pense qu’on n’a pas de difficultés. Je ne connais pas les autres dossiers mais je sais que notre puissance de partenariats privés et nos fonds propres font de nous un bon candidat, et suffisent largement à répondre aux critères de la LNH. »
Un budget crédible porté par le partenariat privé
Financièrement, la Ligue Nationale de Handball exige un budget prévisionnel à 1,1 millions d’euros et l’assurance de fonds propres positifs. Une exigence qui n’effraie pas le club qui disposait déjà d’un budget d’environ 850 000€ cette saison. Un budget porté à hauteur de 50% par un réseau d’une centaine de partenaires privés, et à 25% par des fonds publics. La bonne tenue des comptes ne semble pas non plus inquiéter le président, qui rappelle les précédents passages encourageants de son club devant la CNACG : « Peut-être que Cournon d’Auvergne est moins visible que d’autres plus grands clubs, mais ça ne veut pas dire que notre projet et nos finances sont moins bonnes ! Vous savez ce qu’on dit sur les Auvergnats, nous sommes plutôt économes ! »
Un projet métropolitain pour la Proligue
Toutefois, la préparation du passage à la Proligue serait l’occasion de mobiliser de nouveaux moyens, notamment publics. Situé à une dizaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, Cournon d’Auvergne a pu travailler au dépôt d’un dossier de repêchage présentant un projet « plus métropolitain ». Un projet destiné à gagner en visibilité pour un club neuf, dans une ville pour lequel il n’existe pas de handball professionnel à 150km à la ronde. « L’idée est de créer un club qui touche le grand Clermont et d’y apporter le handball professionnel. Il y a Saran à Orléans, Billère à Pau, et à Clermont-Ferrand il n’y a pas de concurrence sportive le vendredi soir, expose Cyrille Faucher. On doit être la ville de France à avoir le plus de clubs sportifs de haut niveau par rapport à son nombre d’habitants, mais le vendredi soir reste libre. »
Ce projet métropolitain se montrerait également précieux dans la structuration du club, tant pour augmenter la part de fonds publics dans les financements que pour remplir une autre exigence de Proligue : la salle. « L’homologation de la salle était potentiellement le dossier qui aurait été le plus difficile pour nous, reconnaît le président de Cournon. Mais nous allons pouvoir déménager au Palais des Sports de Clermont, ce qui résoudra le problème. »
Un effectif remanié et renforcé de jeunes talents
Derrière ces aspects pratiques et financiers, le projet des Dragons auvergnats continue de se construire, bien que le visage de l’équipe soit en partie remanié avec pas moins de 9 départs : les arrières Adrien Canoine et Alex Gerin, les ailiers Robin Dupont-Marion, Victor Doudinski et Raphaël Avril, les pivots Achraf Adli et Brice Salignat et les deux gardiens Alexandre Ribeiro et Daniel Dupjachanec.
Toutefois, l’entraîneur Marjan Kolev est prolongé d’une saison et aura l’occasion de choisir son effectif. Les serial-buteurs Laurent Lagier-Pitre et Matthéo Peigue sont prolongés d’une saison, de même que le demi-centre Horace Quintin, et l’arrière droit Enzo Jean-Louis restera Rouge & Noir jusqu’en 2025. À cela s’ajoutent 6 nouvelles recrues fidèles au schéma de recrutement : des jeunes à bon potentiel et des cadres plus expérimentés. Le HCCA enregistre donc les arrivées du demi-centre de Billère Flavien Long (25 ans, auteur de 7,5 buts par match cette saison dans sa poule de N1), l’arrière droit de poche Matéo Grosjean (en provenance de Vénissieux où il s’illustrait régulièrement au shoot), le demi-centre chartrain et bon défenseur Marc-Alexandre Saussay (20 ans), ainsi que l’arrière gauche Adjiri Corcher (24 ans), qui aura été l’un des hommes de base de Michel Laborde à Pau Nousty cette saison. Ces joueurs sont accompagnés de joueurs plus expérimentés, le désormais ex-Palois Guillaume Jamet, très bon entre ses poteaux cette saison, et le pivot Sacha Bouchillou en provenance de Frontignan.
De plus, si le club évolue en Proligue, 5 à 6 nouveaux joueurs pourraient encore être annoncés afin de renforcer l’effectif et atteindre le nombre de 11 joueurs professionnels requis pour évoluer au niveau supérieur (1 à 2 joueurs supplémentaires seraient tout de même annoncés le cas échéant). « On a une short-list d’une quinzaine de joueurs avec qui on discute, qui ont envie de nous rejoindre, dont certains attendent l’annonce du repêchage… et ensuite ça peut aller très vite, explique le président du HCCA. Mais on va quand même annoncer des recrues, on ne peut pas attendre juillet et courir le risque de devoir lancer une pièce en l’air, ou courir le risque de devoir recruter à l’étranger. »
Reste donc à attendre le verdict, avec des dossiers de repêchage qui seront déposés dans la semaine, et sur lesquels la CNACG s’exprimera autour de la première quinzaine de juillet. Une décision qui devrait à priori trancher entre Villeurbanne et Cournon d’Auvergne, et en vue de laquelle les Auvergnats tâcheront de montrer « qu’il y a un club au milieu du centre de France qui travaille correctement depuis quelques années… »
Antoine Piollat