LNH - MHB
Patrice Canayer : "Une stratégie différente cette saison..."
À l'occasion de l'Eurotournoi, nous sommes partis à la rencontre de Patrice Canayer pour parler du MHB et de sa préparation. L'occasion aussi de revenir sur le départ imprévu de Tej et de la gestion de la formation avec une problématique nouvelle dans le handball français qui est d'avoir des champions en catégorie jeune.
Bonjour Patrice Canayer, comment se passe la préparation cette saison à Montpellier et où en êtes vous ?
On en est à la 5e semaine de préparation, vu que nous avons repris le 20 juillet. Ce qui nous change un peu de nos habitudes, comme on est des habitués de l'Eurotournoi, c'est qu'à ce moment on est plutôt dans la phase terminale de la préparation. Là, on est dans une phase qui n'est pas tout à fait terminale. C'est un tournoi qu'on aborde de manière un peu différente des autres années. L'objectif est de faire tourner l'effectif, de faire différentes choses, de tester des systèmes offensif et défensif. On est plus dans une logique de travail véritable que de résultat. Alors que d'habitude à l'Eurotournoi, on essaye toujours de jouer le résultat (Ndlr c'est le club le plus titré du tournoi).
L'effectif n'a pas trop bougé pendant l'intersaison, avec deux arrivées (Gérard, Toumi) pour deux départs (Losert, Gutfreund) et celle de Tej durant le mois d'août, remplacé par José Costa. Cela a-t-il été difficile à s'occuper dans la préparation ?
Beaucoup moins que j'aurais cru. Le départ de Tej n'était pas prévu et c'était un des joueurs majeurs de notre effectif mais, très franchement, je pensais que ce serait beaucoup plus difficile. Dans l'ensemble l'adaptation c'est bien faîte. Cela a aussi été facilité il faut le dire par l'absence de blessures dans la préparation, qui est un point très très positif.
Autre situation imprévue, le départ de Fredéric Anquetil du centre de formation. A-t-il été remplacé et cela a-t-il posé des problèmes ?
Non ! Vous savez, un club ne doit pas dépendre d'une personne. "Fred" a fait du très très bon travail chez nous, il est parti, on lui souhaite bonne route, et nous on est reparti aussi. La particularité à Montpellier c'est qu'il n'y a personne de titulaire de la formation. C'est un travail de groupe, de staff, et dans les gens qui travaillaient l'année dernière, il en reste 4 sur 5. Numériquement, on a remplacé en faisant venir Eric Mathé, un entraîneur aussi expérimenté et qui connaît bien la formation. Ce n'est pas un problème... Le départ d'un entraîneur ou d'un joueur on peut le voir autant comme un problème que comme une opportunité de changer ou d'améliorer le dispositif. Je vois les départs uniquement comme des opportunités, à condition que ce soit contrôlé.
Justement sur la formation, vous avez deux nouveaux champion du monde dont un MVP de son poste, c'est un cas nouveau car il n'ont pas le niveau de la LNH malgré ce statut...
[Il coupe sèchement] Ils ont un statut de rien du tout ! Ils ont une médaille et c'est très bien mais j'espère qu'on va pas commencer à leur donner ce qu'ils n'ont pas ! Ils auront un statut le jour où ils le seront avec les A. Leur médaille, c'est super pour le handball français, mais ils ont tout à prouver avec les adultes. Je crois que c'est un épisode important, c'est une récompense pour eux, mais ils sont là grâce aux dispositifs de formations mis en place par les clubs et la fédération, il ne faut pas oublier. Ils crédibilisent le travail fait et ils sont très importants pour l'avenir du handball français mais il faut tout faire chacun à son niveau. Vous les journalistes compris. J'ai vu l'article sur le jeune de Paris qui a 15 ans... Il ne faut pas s'extasier, quand vous avez 15 buts d'avances, vous prenez n'importe quel jeune dans la rue, le mettez sur la contre attaque et il va marquer.
Je pense qu'on a lancé suffisamment de jeunes pour savoir qu'il faut beaucoup croire en eux mais il faut les protéger, faire attention. Aujourd'hui le danger n°1 pour les jeunes handballeurs français, c'est justement qu'ils pensent qu'ils aient des statuts. Vous savez, pendant des années on a pas eu de titre chez les jeunes, ça nous a pas empêcher de dominer le handball mondial pendant 20 ans. Ne nous enflammons pas. Je répète, c'est très très bien et accompagnons ces jeunes avec lucidité aussi bien d'un point de vu médiatique que sportif.
Pour terminer, quels sont les objectifs de cette saison pour le MHB ?
L'année dernière on a fini second avec dix points d'avance sur le troisième et on était à un point de Paris... Pour nous il n'y a pas de régressions (Ndlr : première année sans titre depuis 18 ans), je crois qu'il est arrivé dans le paysages du handball français un club OVNI, qui a des moyens considérables contre lequel on ne peut pas rivaliser, en terme de moyen financier en tout cas. On a mis en place une stratégie différente qui consiste à accompagner des jeunes joueurs, pas seulement du centre de formation, internationaux,de bons joueurs de 23-24 ans... Pour construire une équipe compétitive.
Donc au niveau national notre objectif est de se qualifier de manière permanente en coupe d'Europe, si possible en ligue des champions, qui est une dimension internationale importante pour un club comme Montpellier. Voilà pour le niveau national, avec aussi chercher des coupes au possible. Au niveau international, l'objectif est de progresser, en sortant de ces poules de 8 et puis d'essayer de rentrer à minima au huitième. L'année dernière on s'est fait sortir de peu par Kielce, en gagnant au retour. Cette année on va essayer de faire mieux, le tout avec un budget équilibré. C'est déjà des objectifs qui sont très importants.
Le Résumé du premier match du MHB à l'Eurotournoi, remporté face à Chambéry (32-26)