Eurotournoi
Les débuts des nouvelles règles
Cinq nouvelles règles devraient faire leur apparition aux prochains JO de Rio, mais celles-ci étaient déjà utilisées ce weekend à l'Eurotournoi ce weekend. Petit retour sur expérience.
Tout changement, toute modification passe souvent par une phase de flottement, d'adaptation avant l'adoption collective. Concernant les nouvelles règles qui feront leur apparition aux prochains Jeux Olympiques, c'est un petit peu pareil. Il y a ceux qui se jettent à fond dedans, ceux qui regardent et les utilisent avec parcimonie et enfin ceux qui, pour l'instant, semblent y être assez réfractaires. Si on transpose ce schéma à l'Eurotournoi strasbourgeois, on peut classer le Danemark et l'Allemagne dans la première catégorie, la France dans la seconde et l'Egypte dans la troisième. Des cinq nouvelles lois, deux ont été utilisées lors du tournoi de préparation olympique, les cas de figure concernant les trois n'étant pas apparus. Hendrik Pekeler, le premier jour, a dû s'absenter pendant trois attaques après avoir nécessité l'intervention des soigneurs, et c'est bien le seul. Les autres, malgré la chaleur et l'engagement, ne sont pas restés longtemps sur le flanc, si bien que Pierre Sébastien n'a quasiment pas décollé ses fesses du banc de touche du weekend. En revanche, la possibilité de faire évoluer sept joueurs de champ sans avoir à recourir à la chasuble, a donné des situations parfois cocasses...
Onesta : "Ca arrive un peu vite"
On n'a jamais vu autant de tirs réussis dans le but déserté par le gardien que ce weekend. Vincent Gérard en a profité pour ouvrir son compteur score avec les Bleus, et Adrien Dipanda a lui aussi marqué du milieu du terrain. Mais les Français n'ont rien subi de tout ça. Logique, Vincent Gérard n'a jamais quitté sa cage. "Je ne veux pas y accorder trop d'importance. Je continue à penser que ce sera une évolution importante de notre sport mais je pense qu'à l'échéance des JO, ça arrive un peu vite, les équipes n'y sont pas vraiment préparées" explique Claude Onesta, le sélectionneur français. "Il y a eu un peu d’affolement au départ, tout le monde veut goûter à la nouveauté mais de temps en temps on se rend compte qu'elle peut être aussi un peu amère donc je pense que cela va se calmer." Tout ça pour dire que Thierry Omeyer ne va pas passer ses jeux à faire l'aller-retour sur chaque attaque.
Allemands et Danois l'ont déjà adopté
Au contraire des gardiens allemands, qui ont usé et abusé de cette règle, pas toujours à bon escient. Les joueurs de champ n'ayant pas le droit d'entrer dans la zone pour défendre, comme la chasuble pouvait le faire auparavant, Paul Drux a même écopé de deux minutes contre l'Egypte, sans forcément comprendre ce qui lui arrivait. "Il y a des automatismes à prendre mais cette règle est une bonne chose" pense Dagur Sigurdsson, le coach allemand, déjà spécialiste de la chasuble. "Je suis sûr que toutes les équipes vont essayer d'utiliser cette possibilité à Rio et même si nous avons concédé des buts faciles, je pense que la balance a plus penché dans le positif pour nous ce weekend dans ce domaine. Nous n'allons donc pas arrêter de l'utiliser". Même son de cloche chez son homologue danois Gudmundur Gudmunsson : "Les tournois de préparation sont faits pour essayer de nouvelles choses, donc autant en profiter. Il est compliqué d'appliquer des choses sans les avoir vraiment travaillées, mais ponctuellement avoir sept joueurs de champ peut donner de nouvelles options."
Des situations nouvelles dans le futur
L'équipe de France aussi compte bien se servir de cette nouvelle fenêtre réglementaire, peut être même dès Rio, même si Onesta n'en fait clairement pas sa priorité : "Je ne cache pas qu'on travaille dessus aussi, même si on n'a pas forcément l'envie de tout montrer tout de suite. Je pense par contre qu'à l'avenir, quand les clubs vont s'emparer de ces règles-là et qu'au quotidien les joueurs vont s'habituer à jouer avec, on va effectivement avoir des situations de jeu sans gardien, des situations de surnombre beaucoup plus fréquentes". Le handball du futur sera-t-il un handball sans gardien ? Difficile de le dire au vu des matchs auxquels on a assisté ce weekend. Reste donc qu'à court-terme, les prises de risque ne seront pas forcément couronnées de succès, faute pour les équipes de ne pas avoir eu le temps de s'y adapter.
Kevin Domas