LNH
Cesson fait le forcing pour une nouvelle salle
Dans le coup en LNH cette saison, Cesson demeure néanmoins le plus petit budget du championnat et est à l'étroit dans son Palais des sports de 1.400 places. Au premier rang du combat pour faire avancer le projet, le vice-président du club Stéphane Clémenceau, qui pointe la fin de l'aventure LNH si le projet n'aboutit pas vite.
Stéphane Clémenceau, la question d'une nouvelle salle à Cesson-Sévigné revient régulièrement sur la table. Où en est la situation aujourd'hui ?
Aujourd'hui on n'a pas de prise de décision définitive sur le sujet. On est un peu baladés comme une boule de billard sur le plateau. On est encore dans des discours politiques, comme quoi « oui, on y réfléchit, on y pense ». Sauf qu'il n'était plus temps d'y réfléchir, mais d'agir. On est dans le temps de prendre la décision d'y aller, ou pas. Ce qu'on veut, c'est savoir. Si la décision des élus des collectivités est de ne pas y aller, ça n'a aucun sens de continuer à vouloir faire de la LNH à Cesson. Donc on arrêtera, on fera autre chose.
Pourquoi les élus mettent-ils en avant la date de 2020 pour une nouvelle salle ?
2020, c'est pour le projet « Arena ». Il y a deux projets sur la métropole. L'Arena est un sujet métropolitain, pour lequel des études sont lancées, qui aboutiront à l'horizon 2019-2020. Ça veut dire que l'Arena ne sera pas là avant 2025, s'il y en a une. Nous, on sera morts depuis longtemps. De notre côté, on a monté un dossier pour une salle, qui coûterait 6,5 millions d'euros. C'est un modèle low-cost, du type de ce qu'il se fait dans les pays scandinaves ou même en Allemagne, un peu du style « hangar aménagé ». Donc ce n'est pas compliqué : si une métropole comme Rennes, avec la ville de Cesson, la région et le département ne sont pas capables de mettre 6,5 millions d'euros sur un projet qui ne servirait bien évidemment pas qu'au handball – et heureusement –, c'est qu'il y a un problème.
On avait entendu parler d'un projet de salle porté par Yérime Sylla, l'entraîneur du club, il y a quelques mois...
Oui, alors comme on n'a pas d'infos et qu'on n'arrive pas à en avoir, on essaie d'être inventifs, de trouver des financeurs, des gens qui peuvent nous donner de l'aide. Mais derrière les collectivités reviennent à contre-courant pour l'exploitation, la gestion... Ils sont frileux d'un côté, mais de l'autre ils ne veulent pas se faire dépecer de la gestion.
Aujourd'hui, la stratégie du Cesson-Rennes Métropole HB, c'est d'être offensif. Parce que nous, on veut savoir ! On connaît notre situation... Certes, la situation financière du club n'est pas mauvaise en soi, elle est même stable. Mais on ne va pas se battre, et entre guillemets, on ne va pas se « prostituer » tous les ans pour faire de la LNH dans un environnement où on n'a pas envie de faire de la LNH ! Cela fait sept ans qu'on lutte tous les jours pour boucler un budget qui est toujours plus petit, et avoir des résultats qui paraissent plutôt cohérents, avec de la qualité à plein de niveaux, que ce soit dans la manière d'appréhender le championnat, dans notre capacité à accueillir des entreprises... Il se passe quelque chose, c'est un vrai club. Ce n'est pas un truc sous perfusion des collectivités, on a 170 partenaires. Mais il faut que les élus se bougent.
Le manque de salle est un vrai point faible, quand on compare l'ascension du HBC Nantes, monté un an avant vous, et la vôtre...
De toute manière, je le répète : c'est l'équipement qui fait le champion. Demain, si on a une salle, même si une année ça ne peut pas marcher, au moins on rebondirait, parce qu'on aurait la structure, la surface financière qui le permettrait. Pour nous aujourd'hui, c'est une fragilité parce qu'on n'a aucune marge de manœuvre. Absolument aucune. Alors qu'une salle de 3.500 ou 4.500 places à Rennes, pour nous c'est un million d'euros de budget supplémentaire, j'en suis persuadé !Aujourd'hui, on a 170 partenaires, et c'est géré en interne. C'est moi qui gère ça, on n'a pas de commerciaux. Demain, avec une salle de 4.000 places, je prends deux jeunes commerciaux qui vont tout péter, on sera plus baraqués.
Donc notre équation n'est pas à deux inconnues, mais à deux difficultés : on est le club le moins soutenu des collectivités, et on n'a pas de salle. A un moment donné, on est un peu en difficulté quand même...
Vous avez lancé jeudi dernier une page Facebook « Une salle pour le Cesson-Rennes Métropole HB ». Dans quel but ?
L'idée de cette page Facebook, c'est de montrer qu'il y a une attente, une envie, et aussi de faire connaître un peu plus largement notre difficulté. On veut montrer qu'il y a un soutien populaire. On n'ira pas à 100.000 « likes », on n'est pas fous, mais si on arrive assez vite à 4 ou 5.000 « likes » sur la page, ça aura un peu de poids. L'idée, c'est de mettre une pression qui permette aux élus de se décider, mais rapidement. Ce n'est pas dans trois ans qu'il faudra le faire... Le virage est en train de se prendre partout, et nous on ne le prend pas. Et des gros coups en recrutement, on n'en fera pas tous les ans. Il y a bien l'élu aux sports de Cesson-Sévigné, Jean-Pierre Savignac, qui essaie de se bouger, mais on ne veut plus de discours, on veut des actes.
Quelques chiffres
- 7e du classement de LNH cette saison avec 16 points, à deux points du podium.
- 2.040.000 € de budget pour la saison 2015-2016, le plus bas du championnat.
- 1.400 places dans le Palais des Sports de Cesson-Sévigné, plus petite salle du championnat.
- 400 abonnés pour la saison 2015-2016, plancher fixé par le club. D'autres places sont réservées aux partenaires du club.
- 5 jours, le temps de mise en vente des billets pour un match au Palais des Sports, quasiment toujours plein en championnat depuis la montée du club en LNH, en 2009.
Le soutien de Jean Brihault et de Philippe Bernat-Salles
Dans l'édition du journal Ouest-France du samedi 23 janvier dernier, Philippe Bernat-Salles, le président de la LNH, a apporté son soutien au club : « Je suis venu à Cesson-Sévigné, au Palais des sports, il y a quelques semaines. L'équipement est tout à fait convenable, mais il ne permet pas au club d'accueillir tout son public. Les matchs affichent complets, à chaque fois. Le club ne peut plus mettre de billets à la vente ! », regrette-t-il.
Un autre éminent dirigeant du handball, le président de la Fédération européenne (EHF) Jean Brihault, a également donné son avis dans le quotidien régional. Le Rennais, ancien joueur au CPB Rennes et présent dans les tribunes lors du match entre Cesson et Toulouse en décembre, déclare qu' « il existe un vrai décalage entre une évolution du club rapide, des résultats actuels satisfaisants et l'infrastructure et les moyens dont est doté le handball de Cesson. (…) Hormis la salle Colette-Besson à Bréquigny, la métropole rennaise ne compte pas d'équipement capable d'accueillir une compétition intermédiaire, comme des championnats d'Europe junior ou cadet. »
Propos recueillis par Mickaël Georgeault