LNH - J23
Cesson aura embêté Paris jusqu'au bout
Lors de ce match délocalisé au Mans, les Parisiens, diminués par des blessures, ont souffert face à une équipe de Cesson pleine d'abnégation, mais parviennent à s'imposer en gérant bien le money-time (33-36).
Trois jours après sa qualification pour le premier Final4 de Ligue des champions de son histoire, le Paris-SG était de nouveau sur le terrain pour un match de championnat. Déjà assurés du titre, le risque de démotivation pour cette rencontre était réelle, comme le soulignait après le match Luc Abalo : « Ce match n'était pas facile, parce qu'inconsciemment, on se relâche. » L'ailier international a joué l'intégralité du match, Benoît Kounkoud restant toute la partie sur le banc. Il n'était pas le seul : Daniel Narcisse a lui aussi été ménagé, et après une douleur sur son seul but de la partie (11'), Nikola Karabatic n'a plus rejoué du match. Noka Serdarusic avait par ailleurs remanié son équipe, intégrant pour la première fois de la saison l'ailier gauche Axel Rosier (22 ans), du centre de formation et auteur d'un match plein (4 buts).
Salle partagée, score serré
Dans la salle d'Antarès, qui jouxte le circuit des 24 heures du Mans, c'est Cesson qui a le mieux démarré la partie. Un 3-0 donne un premier avantage aux locaux (6-3, 8'). « Locaux » ? Dans les tribunes, cela se discute. Si Cesson fait la plus belle affluence de son histoire pour cette délocalisation dans la Sarthe (5.800 personnes), une bonne partie du public manceau préférait scander « Allez Paris » plutôt que « Allez Cesson ». « Peut-être que si on avait joué au Liberté [salle de spectacles rennaise, où Cesson avait pu accueillir Chambéry cette saison], ça aurait fait 36-33 pour Cesson », s'avance d'ailleurs Yérime Sylla, le coach cessonnais.
Paris ne se laisse pas distancer au score par son adversaire breton. Axel Rosier, dans une position d'abord inattendue de demi-centre après la sortie de Nikola Karabatic, égalise (8-8, 13'), avant que Mikkel Hansen donne l'avantage aux siens (9-10, 15'). Le Danois profitera de la rencontre pour battre le record de buts marqués en une saison : avec ses sept buts, il atteint le total de 204 buts, et la saison n'est pas finie... Profitant d'une double-infériorité cessonnaise, Luka Karabatic donne trois buts d'avance aux siens (13-16, 25').
Mathieu Lanfranchi, l'arme fatale cessonnaise
Après un sept mètres marqué par Hansen, on imaginait Paris rentrer aux vestiaires avec une avance confortable (14-18, 27'). Sauf que Mathieu Lanfranchi, le pivot cessonnais, marque deux penaltys puis un but dans le jeu pour ramener les siens à une unité à la pause (17-18). En début de deuxième mi-temps, Paris va reprendre le large avec un 4-0 (19-19, 33' ; 19-23, 37') mais là encore, Cesson va revenir au score. Grâce en partie à son pivot de poche, irréprochable en attaque à Antarès avec un 11/11 au tir (dont 4/4 pen.). Mais aussi grâce aux variations tactiques opérées par Sylla (strict sur Hansen, ou strict sur Mollgaard, ou strict sur les deux en défense ; passage à deux pivots en attaque, Kamtchop-Baril faisant de la place à Lanfranchi). L'entrée de Kevin Bonnefoi dans les buts fait aussi du bien. Surtout, Cesson, après sa faible prestation offensive la semaine dernière à Nantes (25-17), se retrouve dans ce secteur.
Paris ou l'expérience des fins de matchs tendues
Toujours avec quatre buts d'avance à treize minutes de la fin (24-28, 47'), Paris voit son adversaire recoller après un nouveau but de Lanfranchi (28-29, 50'). La salle peut croire à nouveau en l'exploit des Bretons. Mais Paris sait mieux gérer les fins de matchs que son adversaire. Avec toujours un but d'écart (33-34, 58'), Cesson encaisse finalement deux buts dans les dernières secondes de la part des meilleures armes offensives parisiennes au Mans, Luka Karabatic puis Henrik Mollgaard (7 buts chacun) pour une victoire 33-36. Pas de perte de points pour Paris donc, pas de perte de dynamique non plus. Cesson peut avoir des regrets malgré la bonne prestation dans un salle à nouveau remplie, comme à chaque délocalisation. Ce qui fera de nouveau taire les sceptiques qui hésitent à mettre en place un équipement digne du sport professionnel en salle sur Rennes.
La feuille de match
Cesson-Rennes. Gardiens : Robin 5 arrêts sur 20 tirs (dont 0/3 pen.), Bonnefoi 10/29 (dont 1/2 pen.). Joueurs de champ : Suty 2/7 (dont 0/1 pen.), Mladenovic, Sall 6/9, Hochet (cap) 3/6, Briffe 4/6, Kamtchop-Baril, Le Boulaire 2/4, Lanfranchi 11/11 (dont 4/4 pen.), Skatar 0/2, Doré, Guillo 2/2, Davyes 3/4. Entraîneur : Yérime Sylla.
Suspensions : Suty (22'), Mladenovic (23', 47'), Guillo (43').
Paris-Saint-Germain. Gardiens : Omeyer 9 arrêts sur 37 tirs (dont 1/4 pen.), Annonay 0/2 (dont 0/1 pen.). Joueurs de champ : Rosier 4/7, Mollgaard 7/12, Vori 1/1, Kounkoud, Gunnarsson, Abalo 4/5, L. Karabatic 7/8, Hansen 7/8 (dont 4/5 pen.), Narcisse (cap), Onufriyenko 3/8, N. Karabatic 1/1, M'Tima 3/5. Entraîneur : Zvonimir Serdarusic.
Suspensions : Rosier (17'), Vori (22'), L. Karabatic (28'), Hansen (30').
Les réactions
Hugo Kamtchop-Baril (Cesson-Rennes) : On savait que ça allait être difficile, avec un public pas forcément acquis à notre cause au départ. On a su inverser la tendance vers la fin, mettre un peu la salle derrière nous, ça fait plaisir. On est un peu déçu parce qu'on avait l'impression qu'on pouvait faire quelque chose, on les a tenu, mais on peut quand même être un peu satisfait du résultat. Perdre de trois buts contre Paris, ce n'est pas trop mal. Je pense qu'il nous a manqué l'expérience de ce genre de matchs, Paris joue des matchs comme ça tous les trois jours avec la Ligue des champions, ils ont l'habitude de ce genre de fins de matchs un peu tendues.
Mathieu Lanfranchi (Cesson-Rennes) : Il y avait du monde, et comme le match est resté serré jusqu'au bout, le public a aussi répondu présent. Mais on a quelques regrets parce qu'on a pas su passer devant dans le money-time alors qu'on était vraiment accrochés à eux. Le petit manque d'expérience et les quelques erreurs individuelles font qu'on perd ce match. Il faut féliciter cette équipe de Paris qui a réussi à gérer la rencontre malgré le nombre de blessés qu'ils avaient. Il faut qu'on s'appuie sur cette performance et continuer à travailler pour essayer d'aller gagner les deux derniers matchs de la saison qu'il nous reste.
On n'a pas du tout pensé à notre match en Coupe de France du mois dernier, on savait que c'était un autre match. On a essayé de mettre de l'intensité tout au long, et il ne nous a pas manqué grand-chose. Il faut qu'on apprenne à saisir les occasions, ce qui nous a manqué aussi au cours de la saison, sur certains matchs. Si on veut progresser et passer un cap, ça nous permettra derrière de rester plus longtemps dans le haut de tableau.
Daniel Narcisse (Paris-SG) : On savait qu'on allait jouer un match difficile, contre une équipe avec beaucoup de qualité, de potentiel, capable de jouer à un très haut niveau. Ils ont montré ce soir qu'ils étaient capables de jouer à un certain niveau sur toute la durée du match. Avec le public derrière eux ça leur a permis de se surpasser sur le terrain, d'être agressifs, de nous embêter surtout au niveau offensif parce qu'ils ont réussi quand même à marquer plus de 30 buts. Ce qui est intéressant de notre côté c'est de pouvoir répondre présent à cette période de la saison, avec tous les blessés qu'on a eu. Malgré nos blessés, mais on a réussi à gagner ce match, ce qui est quand même intéressant. Mais on a pris beaucoup de plaisir à venir jouer ici, dans une salle remplie avec beaucoup d'ambiance. On avait envie de montrer notre meilleur visage et de faire plaisir aux supporters, il fallait répondre présent. On a aussi réussi à montrer des jeunes comme Axel [Rosier] qui vient du centre de formation, qui jouait son premier match avec nous et qui a réalisé une bonne prestation.
La salle était bien remplie, on a été hyper bien accueilli. Les gens du club de Cesson font les efforts pour organiser un belle fête du hand, et c'est hyper intéressant pour tous les gens présents et pour nous.
Luc Abalo (Paris-SG) : On a raté beaucoup de choses en défense. Je ne sais pas si c'est un manque de motivation ou un manque d'intensité, mais aujourd'hui en défense on a eu un peu trop de mal, on a pris trop de buts, on a tous fait des erreurs chacun notre tour, et eux étaient à leur meilleur niveau. Ils ont fait un super match. L'important dans ces moments-là est de quand même gagner, on est quand même contents. C'est très bien de jouer au Mans, on avait déjà joué ici avec l'Equipe de France, c'est super de jouer des matchs comme ça.
Au Mans, Mickaël Georgeault