Starligue - J11
Nîmes abandonne un point à Cesson
Quel final ! En tête de trois buts à 90 secondes de la fin, les Nîmois ont totalement déjoué et laissent un point à Cesson, qui a su y croire encore alors que la situation était critique (24-24).
Combler un retard de trois buts en un peu plus d'une minute est possible, mais force est de constater que ce scénario est extrêmement rare. On peut comprendre aisément l'explosion de joie du Palais des sports quand Mathieu Lanfranchi égalise sur jet de sept mètres, sur la sirène, pour ramener un point in extremis aux Irréductibles (24-24), alors que les partenaires de Thomas Tésorière (photo) peut s'en vouloir d'avoir lâché dans les dernières secondes. « On s'est faits caca dessus, » résumait de manière peu élégante mais très parlante Rémi Salou, le pivot de l'USAM, à la fin de la rencontre.
Trois buts en 17 minutes pour Cesson
Car avant un finish haut en émotions, il y a eu un match, et notamment une première mi-temps assez froide par sa pauvreté en buts. Cesson ne marque que deux buts en dix minutes, en butant sur une bonne défense nîmoise assez efficace, pas non plus mise en grande difficulté par une attaque cessonnaise au jeu stéréotypé et peu mobile. Snorri Gudjonsson marque sur un tir malicieux pour valider la bonne entame gardoise (2-4, 10'). S'en suit une période de six minutes de mutisme, pendant laquelle Cesson ne marque qu'un but (3-4, 15'), mais Pawel Podsiadlo donne trois buts d'avance à l'USAM (3-6, 17'), validé par un double-arrêt d'Aljosa Rezar, excellent en début de match (7 arrêts sur 10 cadrés en 17 minutes).
Cesson trouve enfin des solutions de tirs dans la deuxième moitié de la première mi-temps en mettant plus de rythme dans son jeu. Sylvain Hochet donne l'avantage aux Bretons (7-6, 23'), avant que Rémi Salou, plutôt bon en attaque, ne rende l'avantage au score aux visiteurs (7-9, 27'). Là encore, Cesson revient avant la pause, bien aidé par une double-parade de Jef Lettens sur Olivier Marroux puis Benjamin Gallego (28'). Les Bretons prennent même l'avantage sur le gong avec un but venu d'ailleurs de Mathieu Lanfranchi, un missile de 15 mètres qui surprend Aljosa Rezar (11-10). Si on veut aborder un regard purement téléologique, on peut dire que Lanfranchi envoyait un signe avant-coureur avec un but déjà sur le buzzer...
Une bonne gestion nîmoise avant 90 dernières secondes terribles
Au retour des vestiaires, Nîmes reprend progressivement les commandes de la rencontre. La base arrière, menée par Snorri Gudjonsson, domine celle de Cesson, de nouveau privée de Wilson Davyes. Si l'attaque tourne bien, la défense tourne bien aussi puisque Cesson ne marque que deux buts en onze minutes, entre la 35e (13-13) et la 46e minute ! Quentin Dupuy donne quatre buts d'avance à l'USAM pour couronner cette bonne période (15-19, 46'). Mais encore une fois, Cesson réagit, notamment grâce à l'instauration de la défense 5-1 demandée par Yérime Sylla avec Benoît Doré ou Jérémy Suty en tête du dispositif. En attaque, le polymathe Mathieu Lanfranchi joue demi-centre et trouve Hugo Kamtchop-Baril qui marque au terme d'une action bien construite (17-19, 48'). Cesson recolle à un but (18-19, 50').
Snorri Gudjonsson, parfait à sept mètres (5/5), redonne deux buts d'avance à Nîmes, mais Ibrahima Sall égalise (20-20, 54'). Cela dit, Nîmes semble serein dans les dernières minutes. Rezar (17 arrêts au total) met en échec les tireurs bretons, Luc Tobie redonne trois buts d'avance aux visiteurs (20-23, 58'), et Franck Maurice pose un temps-mort dans la foulée de la récupération de balle (58'). Cesson passe alors en défense tout terrain, ce qui n'empêche pas Pawel Podsiadlo de maintenir son équipe théoriquement à l'abri (21-24, 59'). Mais un ballon perdu puis deux envoyés en touche sont de trop face à des Cessonnais transformés en morts de faim qui concluent leurs contres assassins par des buts. On connaît le dénouement, particulièrement heureux vu la prestation globale et la situation dans laquelle était l'équipe. Côté nîmois, on ne pouvait que se maudire d'avoir gâché la prestation finale...
Doré : "Nîmes s'est tiré une balle dans le pied"
Benoît Doré (ailier, Cesson-Rennes) : « On revient de très loin. A -3 à une minute trente, pfff... C'est dingue, on revient encore au courage et on laissera tomber un peu la manière. On était très mal embarqués, et au final on gagne un point. Je pense que Nîmes s'est un peu plus tiré une balle de pied, mais on n'a pas exploité leurs ballons perdus pendant 59 minutes et on les exploite dans la dernière. On marque trois buts en 17 minutes en début de match... On savait qu'on devait imposer notre rythme en attaque pour ne pas subir leurs montées de balle, et c'était vraiment compliqué pour nous. On était présents défensivement, on prend dix buts en première mi-temps, mais il faudra bosser l'attaque pour marquer des buts un peu plus facilement. »
Mathieu Lanfranchi (pivot, Cesson-Rennes) : « On peut dire qu'on a été chercher ce point, qu'on a eu de la chance aussi. Malgré tout on a su les faire déjouer dans les cinq dernières minutes. Je pense qu'on aurait pu s'éviter ce scénario, mais ça a été assez compliqué. On a été en échec au shoot, ça nous nous a été très préjudiciable. Il faut féliciter Jef (Lettens) qui nous a permis d'espérer et d'aller jusqu'au bout. Il va falloir vite se remettre au travail, car ce n'est pas le premier match où on est en échec au shoot, et ce n'est pas évident de gagner des matchs dans ces conditions-là. (Sur son penalty) Je savais très bien que c'était un penalty important, c'est toujours un petit supplément de pression, mais on est habitué à gérer ça. Ça a permis de valider le travail qu'on a fait dans les cinq dernières minutes avec les collègues. C'est tombé sur moi parce que j'étais sur le terrain à ce moment-là, mais il ne faut pas ressortir quelqu'un. C'est un but qui nous permet d'égaliser, c'est l'essentiel. »
Maurice : "On a tout gâché en une minute trente"
Franck Maurice (entraîneur, Nîmes) : « On ne peut pas faire le boulot comme on l'a fait pendant 58 minutes et 30 secondes et puis tout gâcher en perdant deux ballons et en en mettant deux en touche. Ce n'est pas digne de ce niveau de jeu, et ce n'est pas à la hauteur de notre investissement. On a tout gâché en une minute trente. Ce n'est pas une question de défense, mais de lucidité. Il ne faut pas se cacher quand il y a une défense comme ça, il faut que tout le monde soit là pour aider le porteur de balle. Tout gâcher à la fin, c'est vraiment frustrant. Je ne jette pas ce qu'on a fait avant, on est en place défensivement, on fait des arrêts, on est mieux dans le jeu d'attaque en deuxième mi-temps... On fait ce qu'il faut pour arriver devant dans le money-time, et à l'extérieur... On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes. »
Rémi Salou (pivot, Nîmes) : « Pendant 59 minutes, on a plié Cesson. On a été intraitables en défense, on les a dominés de la tête et des épaules, et dans le money-time on était à +3 et on s'est fait caca dessus... Ce n'est pas normal à ce niveau-là, on n'a pas le droit, si on veut aller plus haut, de laisser passer des matchs comme ça alors qu'on domine... C'est incompréhensible de perdre autant de ballons dans le money-time. C'est juste pas possible à ce niveau. »
La fiche technique
Cesson-Rennes - Nîmes : 24-24 (11-10)
Arbitres : MM. Anicet et Ferrandier.
1 500 spectateurs.
Cesson-Rennes. Gardiens de but : Lettens 13 arrêts sur 37 tirs (dont 0/5 pen), Luy. Marqueurs : Derbier 3/3, Suty 5/13, Helgason 2/8, Sall 1/6, Hochet (cap) 3/6, Kamtchop-Baril 2/2, Le Boulaire 0/1, Lanfranchi 3/4 (dont 1/1 pen), Maguy 0/1, Villeminot 1/3 (dont 1/1 pen), Gudmundsson 1/4, Doré 3/3, Guillo. Entraîneur : Yérime Sylla. Exclusions : Villeminot (26’), Guillo (36’ et 55’).
Nîmes. Gardiens de but : Rezar 17 arrêts sur 41 tirs (dont 0/2 pen), Desbonnet. Marqueurs : Haon, Gallego 1/3, Rebichon (cap) 1/2, Salou 4/5, Podsiadlo 3/9, Dupuy 3/5, Brun, Marroux 0/1, Gudjonsson 9/14 (dont 5/5 pen), Tobie 3/6, Tésorière, Alexandre, Sretenovic, Aguirrezabalaga. Entraîneur : Franck Maurice. Exclusion : Podsiadlo (22’).
A Cesson-Sévigné, Mickaël Georgeault