EdF (M)
Fabregas, dernier de la cordée bleue
La fin de compétition de Luka Karabatic, touché à la cheville face au Japon, propulse Ludovic Fabregas sur le devant de la scène. Le pivot montpelliérain est le dernier maillon d'une chaine bleue où la transmission tient une place prépondérante.
Depuis juin 2015 et son arrivée en équipe de France, Ludovic Fabregas est programmé pour être mûr pour le championnat du monde 2017. Didier Dinart l'appelle systématiquement et l'intronise comme troisième pivot de la rotation derrière Cédric Sorhaindo et Luka Karabatic, tandis que Patrice Canayer en fait un de se hommes de base à Montpellier, y voyant son propre intérêt avant même celui de l'équipe nationale. A 20 ans, il est devenu un des profils favoris du sélectionneur national, qui ne tarit pas d'éloges à son égard. "C'est un joueur très intelligent, très posé, qui sait analyser. Ce qu'il fait dans ce Mondial, c'est vraiment très bien, il a tiré le meilleur des conseils de Cédric Sorhaindo" disait encore le sélectionneur ce matin. "On voulait qu'il soit prêt pour le Mondial, mais c'est un prématuré, dès les Jeux il a été très bon". La blessure de Luka Karabatic et le non-rappel d'un pivot a ouvert une porte que Ludovic Fabregas est, pour l'instant, un train d'enfoncer en courant. L'épaule en avant, mais pas tête baissée. "Ma place va changer, je vais avoir davantage de temps de jeu, mais je sais aussi que je suis là pour continuer à avancer et à franchir des étapes. Je reste un jeune joueur" dit-il sans s'enflammer.
Encore des choses à apprendre
Dans sa montée vers les sommets, il possède en Cédric Sorhaindo un guide qui a été formé à bonne école. Encadré par Didier Dinart à son arrivée chez les Bleus, le Martiniquais sert désormais de guide pour Ludovic Fabregas, lui inculquant les secrets du métier défensif. "On a eu une forte relation dès son arrivée en équipe de France mais cette relation, je l’avais aussi avec Luka. Nous n’étions pas vraiment en concurrence. Avec Ludo on s’entend bien, parfois on n’a pas besoin de se parler et on se comprend" décrypte Sorhaindo, qui aimerait bien que son protégé prenne encore davantage d'ampleur dans le leadership défensif. "Il me dit que je dois être le patron mais c'est compliqué pour moi qui suis de nature plutôt réservée. Mais je pense que cela va venir avec le temps, je n'ai que 20 ans. Même si j'essaie d'en faire toujours un peu plus" souffle celui qui représente l'avenir de l'équipe de France, avec Dika Mem et Yanis Lenne, ses coéquipiers chez les bleuets il y a quelques années qui l'ont rejoint dans la cour des grands dernièrement. Ces aventures partagées lors d'étés à rallonge n'ont d'ailleurs pas été inutiles quand les premières convocations pour les A sont arrivées dans sa boite aux lettres.
Cédric Sorhaindo, le "grand frère"
Cédric Sorhaindo a pris, lors de championnat du monde, un rôle encore plus important que par le passé. A 32 ans, il est de plus en plus investi dans l'encadrement des jeunes joueurs et le principe de transmission, si cher à cette équipe de France dans les quinze dernières années. Et quand on souligne son importance dans l'effectif, le colosse du FC Barcelone préfère en rire : "Je n’aime pas être sous la lumière, je préfère accompagner. Je couve énormément de jeunes mais c’est mon rôle. Il y en a énormément qui arrivent en même temps, il faut les mettre dans de bonnes dispositions et c'est ce que font les cadres." Guillaume Gille n'hésite pas à utiliser le terme de "grand frère" quand il s'en réfère à son pivot numéro un, soulignant sa progression pour acquérir le statut de cadre. "Il a un rôle très moteur au sein du groupe dans ses prises de position, dans l'énergie positive qu'il peut dégager. C'est un vrai combattant qui va embarquer tout le monde avec lui et qui va être capable d'efforts incroyables pour l'équipe" termine l'ancien demi-centre des Bleus.
L'adversaire : La Russie
Douze ans que la Russie n'a pas battu l'équipe de France. La dernière fois, c'était lors de ce quart de finale maudit à Athènes en 2004 où Andreï Lavrov, à 42 ans, s'était mué en bourreau des Bleus, avant d'aller décrocher le bronze olympique. Désormais, les choses ont bien changé et la grande Russie est tombée au fond du trou, finissant 19ème au dernier Mondial au Qatar, une déconvenue qui a précipité l'arrivée de Dmitri Torgovanov sur le banc en 2015. Et depuis, les choses vont beaucoup mieux. "C'est une équipe en plein renouveau, avec une vraie envie de se rebeller et de jouer un nouveau rôle. Elle n'a pas atteint les derniers carrés mais elle en a souvent été très proche" décrypte Guillaume Gille, qui pointe les talents individuels que sont Timur Dibirov ou Pavel Atman (photo de gauche) comme danger principaux pour les Bleus. "Ils sont capables de faire la différence grâce à leur qualité individuelle. C'est une équipe à prendre très au sérieux et qui est capable de nous poser beaucoup de problèmes". L'enjeu pour les Bleus ? La première place qui sera assurée dès ce mardi en cas de victoire. "Un doute a pu s'immiscer avec la blessure de Luka, mais la victoire contre la Norvège nous a redonné confiance. Une victoire demain nous permettrait de procéder à quelques rotations avant les huitièmes" prévoit déjà le sélectionneur.
A Nantes, Kevin Domas